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Le bonheur

1965

Avec : Jean-Claude Drouot (François), Claire Drouot (Therese), Olivier Drouot (Pierrot), Sandrine Drouot (Gisou), Marie-France Boyer (Emilie). 1h17.

François, Thérèse et leurs deux jeunes enfants, Gisou et Pierrot, passent un dimanche de fête des pères au bord de l'eau. Ce couple heureux offre l'image du bonheur parfait. François est menuisier à Fontenay-aux-Roses, il travaille dans une petite entreprise sous la direction de son frère aîné, Jean, alors que Thérèse fait de la couture à domicile.

Lors d'un chantier à Vincennes, François fait la connaissance d'une jeune employée des Postes, Émilie qui s'apprête à déménager, début juillet, à la poste de Fontenay. Les beaux jours se suivent; Jean et Madeleine donnent naissance à leur troisième enfant, Isabelle, après deux garçons. François revient à la poste de Vincennes, discute avec Emilie de ses enfants et neveux. Elle lui dit avoir un peu peur de s'ennuyer à Fontenay en juillet. Il s'éprend d'elle et devient son amant. Mais François ne sait pas mentir et cette nouvelle passion partagée ne retire rien à l'amour qu'il porte à Thérèse. Au contraire, elle lui semble même le compléter. François rencontre souvent Émilie.

Un jour au cours d'un pique-nique il essaie d'expliquer à sa femme la nouvelle situation dans laquelle il se trouve. Thérèse tente de comprendre et peut-être, d'admettre... Ils s'endorment sur l'herbe. Soudain, François est réveillé par les appels des enfants, Thérèse a disparu. Peu après, il retrouve son corps allongé au bord de la rivière d'où on vient de la sortir. Suicide ou accident ?

François a éprouvé une peine sincère. Plus tard, il épousera Émilie et, accompagné des enfants, retrouvera ses promenades en forêt.

Parfait équilibre entre conte cruel et description sociale. L'alternance des plans du générique entre les deux tournesols : l'un toujours fier et droit sous le soleil alors que le groupe de tournesols avec lequel il alterne, subit le vent et la corruption d'un insecte; l'adagio du concerto pour clarinette de Mozart mixé trop haut ; la nature luxuriante qui accueille le couple. Tout dans le générique prévient qu'il s'agit d'un conte. De même la transition entre les séquences avec des fondu sur monochromes bleus, verts, rouges ou oranges, les plans d'animaux, de murs, les enseignes de magasins installent une mécanique en parfaite adéquation avec le trouble qui saisit d'abord le couple marié puis, inexorablement, les amants.

La description des conditions de vie, modestes mais heureuses, dans lesquelles vivent François et Thérèse à Fontenay-aux-Roses, le naturel de leurs relations et notamment leur rapport aux jeunes enfants (toute la famille Drouot aux premiers rôles), contrebalance cette marche obstinée vers le bonheur. La réalité de la souffrance et la tragédie s'engouffre violemment et brutalement dans cette mécanique (plan répété du corps de Thérèse soulevé par François) puis en ressort. Dans ce conte cruel, le bonheur continue, c'est ce que vient affirmer le plan final de la nouvelle famille se tenant par la main. Il est un écho symétrique (de dos et non plus de face) de celui de l'ouverture du générique....

Jean- Luc Lacuve, le 23/08/2014

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