Dans un paysage dévasté, Karrer vit depuis des années coupé du monde, passant son temps à contempler des bennes du téléphérique industriel qui disparaissent dans le lointain et à errer sous une pluie incessante. Ses seuls liens sociaux sont un bar "Le Titanic ", où il échoue chaque soir, et son patron, Willarsky.
Il a, avec la chanteuse qui s'y produit, une liaison finissante. Willarsky lui propose de convoyer de la drogue pour gagner un peu d'argent afin de quitter le pays et de refaire sa vie. Il préfère offrir cette chance au mari de la chanteuse afin de l'éloigner et de passer trois jours avec sa maîtresse.
A son retour, le mari se saoule lors de la fête du village et c'est Willarsky qui profite de la situation pour partir avec la chanteuse. Karrer les dénonce à la police. Son calvaire ne le conduira pas vers la rédemption, mais vers une solitude absolue où il jappera avec les chiens et se fondra dans la désolation du décor.
La Hongrie pluvieuse, au brouillard tenace devient un pays intemporel et universel, proche de celui du Stalker de Andrei Tarkovsky.
Les plans-séquences faits de longs travellings latéraux captent murs et sols détrempés, chien errants et personnages affalés dans un coin du décor. La remarquable fluidité de ces longs plans-séquences, construits avec une rigueur stupéfiante, confère au film un caractère obsessionnel qui renvoie directement à l'aliénation dans laquelle sombre Karrer et les passagers du "Titanic bar".