La nuit, dans un village du Meghalaya, au nord-est de l’Inde, une procession de villageois s'enfonce dans la forêt à la lueur des flambeaux et des torches électriques. Les villageois ramassent les cigales qui se sont abattues sur le sol. Le lendemain, Kasan peut déguster ce plat de cigales grillées très apprécié. Sa mère lui demande de porter dans une gamelle une part du festin à son vieil oncle Sobel qui habite un peu à l'écart du village. Alors que le père, chef de la sécurité du village, est venu déjeuner tôt, il reçoit la visite de deux de ses amis, venus l'avertir que Mangkunchi, un de ses cousins, n'est pas revenu de la cueillette de la nuit. Les villageois sont inquiets : les étrangers de passage auraient pratiqué des kidnappings pour revendre des organes aux hôpitaux de la ville. Une battue est organisée pour retrouver Mangkunchi mais seule une chemise perchée en haut d’un arbre est découverte.
La police de la province vient enquêter. Les ramassages de cigales sont interdits mais quelques villageois s'y risquent, effrayés au moindre bruit. Kasan à l'habitude de jouer avec ses amis, Silman et Rikrak, mais ceux-ci se montrent parfois peu charitables. Ainsi, alors que Kasan souffre de cécité nocturne, ils l’abandonnent au bord d’un chemin provoquant sa chute dans un fossé. Il est sauvé d'affaire par un villageois qui passait par là. Le lendemain à l'école, Silman et Rikrak sont punis pour cet abandon. Ils s'en prennent à Kasan de les avoir dénoncés mais celui-ci nie l'avoir fait et ils font la paix.
Le père de Mangkunchi procède à une prière païenne pour retrouver son fils ce qui déplait fortement au prédicateur catholique du village. Il en appelle à la cérémonie de procession de la vierge miraculeuse qui va bientôt avoir lieu. Chez lui, il embauche Kimkine, une jeune veuve, pour soigner sa femme devenue hémiplégique.
Après un mois, le père de Mangkunchi consulte le chaman du village voisin. Ses paroles trop vagues le mettent en colère et il exige qu'on lui restitue son coq blanc qu'il avait donné comme paiement.
Kimkime reçoit son amant mais est surprise que le prédicateur vienne la nuit et sous la pluie lui rendre visite. Elle fait discrétement sortir son amant et reçoit le prédicateur qui lui apporte son salaire et lui demande s'il peut l'enlacer. Kimkime est émue par cette étreinte et chasse son amant.
L'orage s'abat sur le village et la foudre tue quatre vaches dans une étable. C'est interprété comme un mauvais signe par les villageois et surtout par le prédicateur qui y voit les prémices d’une apocalypse de 40 jours et 40 nuits qui plongera les habitants du village dans l’obscurité. Il demande à chacun une contribution de 10% de ses revenus et de 1000 roupies par semaine afin de constituer un abri avec des réserves pour subsister pendant la période noire.
Silman, Rikrak et Kazan et leurs amis vont jouer au bord du lac quand une femme paniquée affirme avoir vu rôder un étranger. Les enfants fuient abandonnant le plus jeune, Huro, sur un radeau. Quand ils s'en aperçoivent, c'est trop tard ; l’enfant s'est noyé. Une procession est organisée en hommage et le père de Kazan organise des rondes de surveillance nocturne. En revenant d'une nouvelle visite à son oncle Sobel, Kazan est effrayé la nuit par un crâne de vache. Deux frères vachers disparaissent ; on ne retrouve que les vaches errantes.
Vient la nuit de la grande procession de la statue miraculeuse de la sainte vierge. Lors de la messe qui suit, des cris se font entendre et la nuit devient totale. Le pasteur annonce le début de la nuit noire.
Le lendemain, un étranger est arrêté bâillonné et frappé. Les hommes du village décident de son exécution. Le chef du village leur rappelle qu'ils doivent alors s'engager à ne jamais rien dire. Une seule traitrise entrainera la perte du village. Le père de Kasan désapprouve mais vote lui aussi la mise à mort. Kasan assiste, caché, à l'exécution. Il s'évanouit dans un cri. Il fait le cauchemar d'une cérémonie dans la nuit conduite par Mangkunchi et les deux vachers disparus portant des masques.
La police vient interroger le village qui feint la colère car les autorités semblent plus intéressées par l'étranger que par les trois disparus du village. Mangkunchi revient de nuit, amnésique. Sa cuisse est traversée par la flèche d'un arc tendu pour piéger les étrangers.
Kimkime est la maitresse du prédicateur. Le père de Kasan veut partir car il sait que la police découvrira tôt ou tard la vérité et que, comme chef de la sécurité, il sera le premier inculpé. En attendant, brisé, il va lui aussi porter sa contribution au prédicateur, disant non seulement ne plus redouter la nuit noire mais l'espérer pour s'y protéger. Kazan va bruler le nouveau cercueil construit par son oncle pour mettre fin au cycle des morts.
Le somme d'argent récoltée pour faire face à la nuit noire est considérable. Le prédicateur révèle à Kimkime que la nuit noire est une farce qui ne se produira jamais. Ils décident de partir sur le champ avant que l'aube de ne se lève. Ils ne vont pas bien loin. Des brigands les interceptent, prennent l'argent, tuent le prédicateur et kidnappent Kimkime. Dans le village on constate que Mangkunchi, désespéré, a fait brûler sa maison et s'est ainsi immolé par le feu. L'oncle Sobel aussi a disparu, est il parti par le trou béant dans la tôle du toit ? La police investit le village et arrêtent ses occupant alors que les cigales reviennent. Cette nuit, il n'y aura personne pour les ramasser.
Le cinéaste est originaire de la région du Meghalaya, un territoire assez peu filmé dans le cinéma indien. Il s’agit d’une région nichée sur les hauteurs du nord-est de l’Inde, qui partage une frontière commune avec le Bangladesh et appartient majoritairement à trois tribus : les Jaintia, les Khasi et les Garo, la sienne. Elle est culturellement et linguistiquement très différente du reste du pays, notamment parce qu'elle est chrétienne. Le christiannisme s’est implanté dans cette région il y a fort longtemps, par le passage de nombreux missionnaires européens. Depuis, il y a une confusion au sein de la tribu. Elle est partagée entre une mémoire collective enracinée dans le chamanisme ou la foi indigène datant d’avant la colonisation et la foi chrétienne aujourd’hui majoritaire. Il existe encore des pratiques tribales qui se perpétuent dans certaines communautés indigènes qui sont méprisées par les chrétiens locaux .
"Il fait toujours nuit, sinon on n'aurait pas besoin de lumière", telle est la phrase de Thelonious Monk qui ouvre le film. La fable morale autobiographique limpide d'un enfant qui voit le monde au travers des agissements de ses parents est en effet associée à la symbolique du jour et de la nuit. Le premier et les dernier plans sont tout à fait mémorables, sans même parler des plans éclairés à la lumière des lucioles.
Le film ne s'appuie sur aucune musique ou montage en champ-contrechamp qui dramatisent inutilement l'action. Bien au contraire, la mise en scène privilégie la découverte documentaire de la vie villageoise.
Ce village solidiare, perdu dans la foretavait tout pour prserver son bonheur à limage du long plan sequnec de nuit qui s'aclaireprogerssivement d elabancée desvilalgeaois decouvant le don du ciel des cigales venuesmourir là. Très beau plan général final qui découvre pour la première et ultime fois le village tout entier vu d'en haut avec les cigales qui reviennent comme au premier plan mais l’innocence a disparu tout comme l’oncle Sobel, le seul a n'avoir pas pris part au vote et métaphoriquement monté au ciel et assistant au châtiment du village. Entre ces deux plans on note ausis le cauchemar fantastique de Kaan éclairé à la lumière des lucioles.
Jean-Luc Lacuve, après le ciné-club du 30 mai 2024