Des chaussures abandonnées dans un couloir ; un homme rentre à l'improviste chez sa femme ; elle est atteinte d'un coup de poignard. L'homme s'avance, l'a-t-il tuée ? Cherche-t-il à la sauver. Off, il s'explique : "Non ce n'est pas la jalousie, c'est plus horrible que cela, c'est une haine à laquelle les événements n'ont pas eu de place. Je l'ai tuée parce que son existence était le démenti flagrant de tout ce que j'estimais, de tout ce qui comptait au monde pour moi. Elle était mon vibrant désaveu, la dénonciation constante de mon moindre désir, de ma plus anodine pensée. Pourquoi nous sommes nous connus ? Pourquoi n'avons nous pas tout de suite détournés nos regards l'un de l'autre ? Dans cette cave où je la vis la première fois, j'eu bien le sentiment qu'elle me fut à jamais inaccessible...
(Suite à zoom sur son visage en gros plan) il raconte sa vie. Dans la cave de jazz où il la rencontra, il la désira néanmoins immédiatement. Il a encore un an, tout lui souriait. Dans son métier d'architecte, on lui confiait des travaux importants et il connaissait le succès. Mais en cette fin d'hiver, il a l'impression d'avoir sacrifié sa vie à sa carrière et songe au mariage.
Le monde de ses vingt ans ne l'attire plus même s'il fréquente encore les cafés où les jeunes gens du quartier latin se retrouvent. Mais une génération le coupe d'eux. Elle n'est pas elle-même faite pour la bohème. Il emmène un ami journaliste pour une enquête sur la jeunesse où il propose des tests comme des jeux de société mais le fossé est toujours là. C'est un prétexte pour la revoir en espérant que son flirt avec un garçon de son âge touche à sa fin. Elle répond au test avec un prosaïsme décevant. Il n'a ensuite aucun mal à la conquérir
Il croit l'étudier alors qu'il n'est que le jouet de sa propre imagination. Etait-ce elle vraiment que j'avais devant les yeux ? Je lui substituais un être fictif : cette femme idéale dont chacun a rêvé en ses seize ans. Il ne la veut que comme épouse pour un mariage dont il a prévu quelle place elle occupera. Il la présente à ses amis et elle accepte le mariage mais il voit bien qu'elle ne l'aime pas et n'a qu'une indolence résignée. Il ne vit pas l'ennui qui perce sous al gaité contrainte
Quelques mois après le mariage, seules les quelques disputes entre époux permettent d'échapper à l'ennui. C'est alors qu'il fait la connaissance d'un jeune critique fort côté qui sollicite sa collaboration pour un article, gouts semblables mais caractères opposés. Il le présente à sa femme et à sa grande contravention, il lui plait et la fait sourire. Il en conçoit une haine immédiate
Le soir d'un un petit récital chez un couple il perçoit définitivement leur entente. La sonate à Kreutzer de Beethoven. Les disputes se multiplient mais aussi les réconciliations; elle promet de ne plus le revoir mais éloigné par son travail un soir qu'il rentre à l'improviste, il sent une odeur de cigarettes turques et voit un cendrier trop bien lavé.
Il décide de lui tendre un piège et prétexte un voyage. Rentrant à l'improviste, il surprend le jeune critique sur les genoux de sa femme. Il le menace. Il s'enfuit. Il tente de se disputer avec sa femme, voit que sa colère tombe. Alors pour ne pas laisser passer l'occasion, il simule une colère feinte et refait les gestes prévus pour la poignarder.
Godard en ami journaliste
Editeurs : Potemkine et Agnès B. Novembre 2013. 30 DVD et leur déclinaison blu-ray pour les 22 films restaurés HD. 200 €. |
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Supplément au DVD17, Conte de printemps. |