A l’Ouest d’Albuquerque, des ouvriers font exploser des pans de montagne pour tracer la future ligne de chemin de fer vers l’ouest. C’est là que Johnny, guitare sur le dos, assiste impuissant à l’attaque de la diligence en contrebas dans la vallée.
Il rejoint ensuite un étrange saloon, dressé au milieu de nulle part. A part ses deux croupiers et Tom, l’homme à tout faire, le saloon semble désert. Le saloon est tenu par Vienna qui le salue avant de rejoindre le patron des chemins de fer venu dîner chez elle. Elle tente vainement de la rallier à sa cause. Profitant des confidences obtenues par l’un de ses géomètres, elle a acheté le terrain sur lequel elle a bâti le saloon sachant qu'il vaudrait bientôt une fortune quand la gare s’y établira. Mais elle n'a pour seul soutien que la bande du Dancing kid alors que McIvers et Emma Small, les deux plus gros propriétaires de bétail de la région, la jalousent Vienna et sont ses ennemis jurés.
D’ailleurs, ils viennent en force avec leur cow-boys et à le shérif à leur tête. Emma, dont le frère a été tué dans l'attaque de la diligence, accuse la bande du Dancing Kid de ce meurtre et Vienna, qu'elle hait, de complicité. Elle veut la faire arrêter mais Vienna menace de son arme quiconque tentera de la capturer. Faute de preuves, Emma et les hommes du shérif ne peuvent rien contre Vienna.
Arrivent alors Dancing Kid et sa bande qui fait monter la tension ne serait-ce qu'en dansant avec Emma qui s'en veut de voir sa féminité et son amour révélés. McIvers, outrepassant ses droits de simple citoyen, décide de fermer tout établissement en dehors de la ville et donne ainsi 24 heures à Vienna pour s'en aller sous peine de l'arrêter. Dancing Kid, propose à Vienna de rester néanmoins son protecteur mais il déchante bientôt pourtant en constatant que Johnny et Vienna se connaissent bien. Ne supportant pas leur complicité, il laisse Bart provoquer Johnny pour un combat à mains nues dont Johnny ressort vainqueur. Vienna laisse alors la bande partir annonçant qu'elle va accepter de fermer son établissement. Gentiment Turkey, lui propose de la défendre. Comme elle lui fait remarquer qu'il n'est encore qu'un enfant, il fait une démonstration de son art du tir. Johnny, qui dînait dans la pièce d'à côté, surgit alors et riposte en le désarmant, laissant Turkey ébahi.
Une fois seule avec Johnny, Emma lui reproche d'être toujours victime de son addiction maladive aux armes à feu. Il a beau maintenant vouloir s'appeler Johnny Guitare, il est toujours le Johnny Logan, tireur d'exception. Elle lui en veut de ne revenir vers elle qu'après cinq ans durant lesquels elle a dû accepter l'amour d'autres hommes. Elle a dû faire face seule. Néanmoins après que Johnny ait exigé qu'elle lui répète les mots d'amours qu'il aimerait entendre, ils passent la nuit ensemble.
Mais lorsque la bande du Dancing Kid attaque la banque locale et que le jeune Turkey Ralston, blessé, se réfugie chez Vienna, Emma croit le jour de sa vengeance enfin arrivé. Emma rend Vienna responsable du hold-up de la banque et Turkey accepte, contre la promesse d'avoir la vie sauve, de dénoncer Vienna. Vienna et Turkey sont arrêtés et condamnés à être pendus alors qu'Emma met le feu au saloon de Vienna.
Johnny parvient à sauver Vienna et ils se rendent ensemble dans le repaire du Dancing Kid. Emma et un groupe de miliciens conduits par John McIvers les assiègent. Dancing Kid est tué. Vienna réussit à abattre Emma et les miliciens finissent par comprendre que celle-ci n'agissait que par jalousie et non pour faire respecter la loi. Ils laissent alors partir ensemble Vienna et Johnny Guitare......
Certainement le film le plus emblématique de l’art de Nicholas Ray comme cinéaste de l'abstraction lyrique. Alors que le film pourrait basculer dans la noirceur absolue (amours éteintes, passé de tueur névrosé par son addiction aux armes à feu, soif paroxystique de vengeance, jalousie allant jusqu'à la volonté du tuer) la violence finira dépassée. Le couple conquière un niveau d'abstraction et de sérénité, de détermination spirituelle qui lui permet de choisir nécessairement le côté qui lui permet de renouveler, de recréer sans cesse le même choix, tout en acceptant les vicissitudes d'un monde qui les a tenu éloignés cinq ans durant.
Des cendres d’un feu éteint au ressourcement de la cascade
L’opposition entre ténèbres et pureté est omniprésence dans le film. Les vêtements noirs de deuil portés par Emma et sa bande, la pendaison de nuit, le saloon en flamme, le vêtement blanc de Vienne jouant adossée à un mur ressemblant à celui d‘une caverne
Aux choix toujours possibles que font Vienna et Johnny s’opposent les personnages tragiques du Dancing Kid et d’Emma. Vienna et Emma se comportent avec une détermination que l’on attribue généralement aux hommes. Les croupiers et Tom en font la remarque au début du film à propos de Vienna qui les commande avec fermeté. Celle-ci l'affirme chaque planche du saloon qu'elle a construit, elle ne le doit qu'à sa seule force de caractère. Si elle a dû pour cela accepter l’amour d’autres hommes, elle le revendique. Sans que cela soit explicite, elle a eu au moins pour amant le géomètre de la compagnie et le Dancing kid. Ce comportement elle s'indigne qu'il soit accepté seulement de la part d'un homme. Cela ne fait pas pour autant d’elle une traînée. Lorsque Johnny revient elle éloigne Dancing Kid qui ressent immédiatement la menace de ce rival qu'il tente de faire tuer ou de tuer lui-même. Avant d'être un homme d’action, Dancing kid est avant tout un amoureux qui règle son comportement sur sa possibilité de reconquérir Vienna. Au cœur même de l’action, l’attaque de la banque, il renoncerait si Vienna revenait vers lui. Il devra se contenter de lui voler un baiser et de fuir avant que Vienna soit elle aussi obligée de revenir vers son repère où il tentera une ultime fois de tuer Johnny et sera tué par Emma.
Emma refuse de se voir comme une femme aimante et jalouse et s’aveugle en se comportant en femme haineuse. Les deux protagonistes les plus déterminants et les plus agissants dans l'intrigue sont ainsi des femmes, liées entre elles par une haine viscérale, une jalousie freudienne qu'on peut dire unique dans les annales du western.
Le procédé de couleurs, le malheureux Trucolor que ses défauts firent vite abandonner, suscita d'intéressantes recherches plastiques. Ray s'efforça d'en éliminer au maximum le bleu, qui rendait mal pour accentuer -phénomène paradoxal pour un film en couleurs - les tonalités de noir et de blanc. Ainsi pour le noir des vêtements de la meute en furie, le blanc de la robe de J. Crawford jouant du piano dans son saloon semblable à une caverne.