Un jeune homme à vélo roule dans les rues d’Abidjan, une chèvre sur les épaules et pénètre dans l’appartement de Papa Sanou. Une voiture abandonnée au bord d’une route enneigée du causse Méjean, en Lozère dans le Massif central, dont la conductrice, Evelyne Ducat, est introuvable.
Alice. Assistante sociale, Alice retrouve Joseph, un paysan taiseux, dont elle a la charge et qui est devenu son amant. Sur le chemin du retour, elle voit la voiture abandonnée.
Joseph : Joseph a découvert le cadavre, caché derrière un tas de bois. Aprés avoir cherché à s'en débarrasser, il cache le cadavre dans un labyrinthe de foin et en tombe amoureux, écoutant le "Tu t'en vas" de Barrière en se souvenant du départ de sa mère.
Michel. Le mari d'Alice dialogue sur internet avec une certaine Amandine qui le mène en bateau. Alors qu'il la croit à Abidjan, il la voit faire du stop sur la route. Elle lui dit être menacée par des gens auxquels elle doit de l'argent. Surprenant une dispute d'Amandine avec une femme, illa croit coupable et la tue. C'est Evelyne Ducat.
Marion. Serveuse de restaurant passionnée et fragile, Marion tombe amoureuse d'Evelyne Ducat avec qui elle partage une nuit dans son hôtel.
Amandine. Armand, un jeune Abidjanais, est déterminé à sortir de la pauvreté pour reconquérir l'amour de celle qu'il aime qui lui préfère la sécurité avec un riche blanc. C'est un brouteur, un arnaqueur se faisant passer pour une amoureuse, Amandine, auprès de naïfs trop crédules. Ce sera Michel. Son escroquerie fonctionne bien dans un premier temps mais lui échappe par un concours de circonstances inattendu car comme le dit papa Sanou : "Le hasard est plus fort que toi".
Michel est néanmoins si accroché qu’il revient à Abidjan trouver son Amandine et se faire arnaquer consciemment. Quand au blanc protecteur de l'amoureuse de Armand, c'est le mari d'Evelyne. Celle-ci morte, il peut l'installer chez lui.
Inspiré par le thème de la solitude, Colin Niel a décidé de consacrer son roman Seules les bêtes à l'isolement physique et psychologique des paysans français du Massif central. Un choix qui explique en partie le titre car, selon lui, seules les bêtes ne souffrent pas de la solitude.
L’intrigue, pleine de trous, repose sur les points de vue successifs de cinq personnages, concernés de près ou de loin par le drame. La structure du film s'inspire moins de Rashomon (Akira Kurosaa, 1950), avec ses différentes versions d'un même événements que de Réservoir dogs (Quentin Tarantion, 1992) où chaque récit s’additionne à l’autre, le complète, le complexifie et le fait apparaître sous un autre éclairage. Au spectateur de travailler pour former le puzzle. Ceci rend le film amusant mais un peu vain tant le thème de la solitude s'efface devant l'accumulation des hasards et des péripéties des personnages.
Jean-Luc Lacuve, le 3 août 2022.