Bons baisers de Bruges

2011

Genre : Film noir

(In Bruges). Avec : Colin Farrell (Ray), Brendan Gleeson (Ken), Ralph Fiennes (Harry), Clémence Poésy (Chloe), Jérémie Renier (Eirik), Eric Godon (Yuri), Jordan Prentice (Jimmy), Thekla Reuten (Marie). 1h41.

Après un contrat qui a mal tourné à Londres, deux tueurs à gages reçoivent l'ordre d'aller se faire oublier quelque temps à Bruges. Ray est rongé par son échec et déteste la ville, ses canaux, ses rues pavées et ses touristes. Ken, tout en gardant un oeil paternaliste sur son jeune collègue, se laisse gagner par le calme et la beauté de la cité. Alors qu'ils attendent désespérément l'appel de leur employeur, leur séjour forcé les conduit à faire d'étranges rencontres avec des habitants, des touristes, un acteur américain nain tournant un film d'art et essai européen, des prostituées et une jeune femme qui pourrait bien cacher quelques secrets aussi sombres que les leurs... Quand le patron finit par appeler et demande à l'un des tueurs d'abattre l'autre, les vacances se transforment en une course-poursuite surréaliste dans les rues de la ville...

Le film se révèle attachant jusqu'à ce que l'on découvre la cause du traumatisme de Ray : avoir tué un enfant pour son premier contrat de tueur à gages. Ken veille sur lui et comprend sa mauvaise humeur. L'intervention de Harry entraine hélas le film dans des excès baroques qui évitent alors de creuser le sujet central d'une possible rédemption.

Martin McDonagh préfère jouer la carte des figures baroques accolées façon marabout-bout de ficelle avec une histoire d'amour, un skinhead et un nain omniprésents, une logeuse enceinte, un final sur les lieux d'un film. Aucune piste n'est ainsi vraiment creusée pour en rester à une fantaisie maniériste moins cruelle qu'amusante et vaine. Un peu à l'image, lors de la visite au musée Groeninge, de la réflexion de Ray devant le panneau central du Jugement dernier de Jérôme Bosch qu'il assimile au purgatoire : "T'as pas été totalement une merde mais t'as pas non plus été si génial que ça ... Comme Tottenham".

Jean-Luc Lacuve le 19/08/2015