A Saïgon, au printemps 1952, A Saïgon, en pleine guerre, on découvre le cadavre d'un Américain. L'inspecteur Vigot convoque le journaliste Fowler qui avait rencontré l'Américain deux mois auparavant.
Stephen Pyle, jeune idéaliste américain, représentant de commerce avait fait sa connaissance ainsi que celle de sa maîtresse, Phuong. Tombé amoureux de la jeune Indochinoise, Pyle, honnête, le confesse à son rival.
Quelques semaines plus tard, il sauve la vie du journaliste en l'aidant à échapper à une patrouille communiste à une centaine de kilomètres de Saïgon, où ils étaient allés assister à une fête nationaliste.
Phuong finit par quitter Fowler lorsqu'elle apprend que, pour la garder, il n'a pas eu le courage de lui dire que sa femme refusait le divorce. Jaloux, Fowler enquête sur les activités du jeune Américain.
Par l'intermédiaire de son assistant, Dominguez, il rencontre un Chinois, Heng, qui l'informe que Pyle travaille pour les Communistes en leur fournissant du plastic pour leurs attentats sous forme d'un produit chimique, le Diolacton. Deux actes de terrorisme viennent précisément d'avoir lieu, au marché aux fleurs et devant l'hôtel Continental.
Scandalisé, Fowler accepte de collaborer et d'attirer Pyle dans un piège. Le jeune Américain est assassiné par les hommes de Heng.
Mais l'inspecteur Vigot, de la police française, révélera à Fowler qu'il a été manipulé : importateur de matières plastiques - le fameux Diolacton - Pyle n'était qu'un observateur de la CIA et Heng un agent à la solde des Communistes.
Le générique l'indique : au sein des conflits, Le nouvel an chinois permet de vivre deux jours dans un monde en apparence paisible. Mais, comme d'habitude chez Mankiewicz, l'apparence va se révéler trompeuse. Dès la première séquence, c'est en suivant des yeux un masque de fête qu'un passant découvre un cadavre.
Les trois quarts du récit sont constitués par un flash-back qui décrira le dérèglement progressif de Fowler d'abord innocent, désengagé et lointain mais que sa passion conduira à l'aveuglement moral et politique. Il finira seul exilé et déconsidéré sans même avoir quelqu'un à qui demander pardon.
Séquence très réaliste du nouvel an chinois et plus généralement des extérieurs. Mais l'univers très construit de Mankiewicz prédomine : lettres échangées entre Fowler et sa femme et surtout duels entre un homme mûr, désabusé et cultivé et un jeune homme amoureux désargenté et idéaliste qui préfigure Guêpier pour trois abeilles et Le limier.
Découpage fulgurant de la séquence où l'Américain vient déclarer son amour à Phuong. La variété inégalée de changement d'axe des plans, le placement des personnages en avant ou arrière plan, le rôle du chien renforcent l'impression d'un match sportif selon la métaphore voulue par Fowler qui parle de partie de cricket ou d'engagement pour l'équipe visiteuse.
Les dialogues sont brillants, incisifs et cruels :
- Dire que les Anglais passent pour aimer les animaux !
-Nous croyons que les Américains aiment les dollars mais il y a peut-être
des exceptions .
L'Américain est un temps mis en défaut :
- Qu'est-ce que c'est le futur ?
- L'avenir.
- Je ne comprends pas.
- Ce qui arrivera un beau jour
( …) le futur est un temps inventé à l'étranger. Les peuples qui vivent au
jour le jour n'en connaissent guère l'usage
Mais sa sincérité triomphe déjà :
- Mais je saurai bien vous l'enseigner Phuong. Grâce à
moi vous saurez que futur peut signifier bonheur.
- Tu as l'intention de me quitter
- Non jamais
- Ah elle comprend bien le sens du mot futur
L'Angleterre est gentiment écorchée par Mankiewicz :
- Il y a des gratte-ciel à Londres ?
- Non, c'est en Amérique
- Et la statue de la liberté ?
- C'est en Amérique aussi
Ou encore lorsque Fowler, suggérant de donner une cigarette aux jeunes soldats du mirador, l'Américain lui fait remarquer que c'est là lui demander d'utiliser l'aide économique.