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Le limier

1972

Genre : Film noir

(Sleuth). Avec : Laurence Olivier (Andrew Wyke), Michael Caine (Milo Tindle), Alec Cawthorne. 2h20.

Un richissime et aristocratique auteur de romans policiers anglais, Andrew Wyke, a invité un coiffeur londonien d'origine plébéienne, Milo Tindle, a lui rendre visite dans sa somptueuse résidence, aménagée et décorée avec un art consommé du trompe-l'œil. Maniaque de l'énigme et de la mystification, cachant mal son mépris pour ce parvenu dont il connaît la liaison avec son épouse, sans paraître jaloux pour autant, Andrew lui propose de simuler un cambriolage, afin de faire face aux goûts de luxe de sa femme qu'il lui abandonne du reste bien volontiers. La compagnie d'assurances dédommagera largement la pseudo-victime du vol et tout le monde sera content. Milo accepte...


Le simulacre accompli, l'écrivain change ses batteries et menace à brûle-pourpoint son complice de le tuer. Ce dernier se traîne à ses pieds, le suppliant de l'épargner. Wyke tient sa vengeance : il tire. Milo s'effondre.

Arrive un peu plus tard Doppler, un inspecteur de police qui démontre à l'écrivain, preuves à l'appui, que Tindle a bel et bien été assassiné. Wyke jure que l'arme était chargée à blanc et que Milo est reparti, humilié mais bien vivant. Désespérant d'établir son innocence, il "craque" à son tour et s'effondre pitoyablement.

L'inspecteur arrache son masque et apparaît alors... Milo Tindle ! Ceui-ci se venge à son tour en forçant Wyke à retrouver, avant que la police n'arrive, les quatre indices qu'il a cachés dans la maison, indices compromettants pour le romancier, dont il a tué la maitresse. Affolé, Wyke retrouve in extremis les quatre objets. Mais Milo bluffait lui aussi ! Il n'a tué personne, voulant juste une revanche sur Wyke. Celui-ci, humilié, abat Milo au moment où il allait partir. C'est alors que la police arrive...

"Jouer le jeu est le propre de tout homme bien né", Mankiewicz semble faire sienne cette réplique d'Andrew Wyke, personnage pourtant détestable qui, lui, ne saura justement pas jouer le jeu jusqu'au bout.

Mankiewicz mystifie le spectateur dès le générique en lui présentant, en plus des deux stars, Laurence Olivier et Michael Caine, des interprètes fictifs : Alec Cawthorne as "inspecteur "Doppler" et Eve Channing référence à Eve en plus des deux comparses de la fin : John Matthews et Teddy Martin.

Mais le film ne repose que sur ses multiples rebondissements et semble mettre à nu une mécanique où le vivant est exclu. Mankiewicz s'attache à trouver ce qu'ont de mécaniques les réparties, les attitudes sociales, les haines personnelles. Ce sont les automates qui regardent jouer Andrew et Milo qui ne sont finalement que deux d'entre-eux.

Les automates d'Andew sont partout dans la mise en scène : en début de séquence, au premier plan alors que les personnages sont dans la profondeur de champs ; en gros plan en fin de séquence lorsqu'ils sont sortis du champ ; lors du compte à rebours pour faire sauter le coffre, en plan de coupe entre le champ et le contre champ des deux protagonistes.

Œuvre de chambre parfaite en trois actes (le vendredi, jour de la venu de Milo puis 2ème acte le dimanche avec Doppler et troisième acte lorsque Doppler se révèle être Milo), ce film est excessivement misanthrope.

Après Le limier, Mankiewicz ne cherchera plus à réaliser. Si le cinéma est un jeu, alors il aurait aussi pu faire sienne la réplique de Milo Tindle après qu'Andrew ait souligné "Jouer à des jeux est ma passion à moi" : "C'est un peu triste, comme un enfant qui ne grandirait pas". Est-ce cela que mettre en scène ?

Le jeu des acteurs est très théâtral : Doppler fait ainsi exprès de dénigrer caviar, cognac et automates pour susciter l'agacement d'Alex.

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