Milou en mai

1990

Genre : Drame social
Thème : Mai 1968

Avec : Miou-Miou (Camille), Michel Piccoli (Milou), Michel Duchaussoy (Georges), Bruno Carette (Grimaldi), Paulette Dubost (Mme Vieuzac), Harriet Walter (Lily). 1h48.

Mai 1968. Madame Vieuzac meurt dans sa grande maison du Gers. Convoqués par son fils Emile, dit Milou, la soixantaine indolente, arrivent les autres membres de la famille. D'abord Camille, fille unique de Milou, qui, en l'absence de son mari, reparti aussitôt retrouve celui qui fut son amant : Daniel, ami et notaire des Vieuzac. Puis Claire, fille de la soeur décédée de Milou, et Georges, frère de ce dernier, accompagné de son épouse Lily, connue à Londres, où il est correspondant du "Monde.

Déjà, il est question du partage, non sans mesquineries ni disputes, Milou, qui n'a pratiquement vécu que dans cette maison, s'émeut du projet de vente -auquel il ne peut légalement s'opposer - de ses co-héritiers Georges et Claire. Tous trois prennent connaissance des dernières volontés de madame Vieuzac, lues par Daniel : un quart de la propriété revient à Adèle fidèle gouvernante et maîtresse de Milou.

Venant d'écouter avec attention à la radio un discours du général de Gaulle, sur qui il a l'intention d'écrire un livre, Georges voit arriver son propre fils Pierre-Alain, exalté par les événements qu'il vient de vivre à Paris et porteur de contestation au sein de cette famille bourgeoise. Pierre-Alain a fini son voyage en auto-stop avec Grimaldi, marchand de primeurs privé de marché. Facétieux et d'une bonhomie non conformiste, celui-ci s'intègre vite au groupe et entre de connivence dans le jeu-défi de Claire, troublée par le flirt sérieux de Marie-Laure, sa compagne d'amours saphiques, et de Pierre-Alain.

Alors qu'il est question d'enterrer l'aïeule dans le jardin, les pompes funèbres étant en grève, tous se retrouvent autour d'un grand pique-nique avant d'être alarmés par Boutelleau, gros industriel du lieu qui a failli être séquestré par ses ouvriers. Paniqués, tous fuient dans les bois en un véritable exode paranoïaque au cours duquel Claire et Camille se disputent violemment la propriété des bijoux. Adèle les retrouve, avec des nouvelles rassurantes. Ils reviennent. Après l'enterrement, chacun repart, laissant Milou seul avec ses souvenirs.

Films charnière dans la vision de Mai 68 après les évènements. En sont en effet directement marqués : Coup pour coup (Marin Karmitz,1972), L'an 01 (Jacques Doillon, 1973), L'horloger de saint Paul (Bertrand Tavernier, 1974), L’une chante, l’autre pas (Agnès Varda, 1976) Le fond de l'air est rouge (Chris Marker, 1977) et Mourir à trente ans (Romain Goupil, 1982).

Viennent ensuite les films dont le lyrisme provient en grande partie de l'échec que l'on sait alors certain d'une révolution. Reprise (Hervé Le Roux, 1996), Les innocents (Bernardo Bertolluci, 2003), Les amants réguliers (Philippe Garrel, 2004), Nés en 68 (Ducastel et Martineau, 2008), Après mai (Olivier Assayas, 2012), La belle saison (Catherine Corsini, 2015), 68, mon père et les clous (Samuel Bigiaoui, 2019).

Il est probable que Milou en Mai, scénarisé par Jean-Claude Carrière, gardera au moins l'impertience de l'époque.