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Fernand Léger

(1881-1960)
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histoire du cinéma : Impressionnisme

Fernand Léger, peintre, créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur d’orientation cubiste, découvre le cinéma grâce à Apollinaire lors d’une permission en 1916 où ils voient des films de Charlot. En s’inspirant de la maladresse toute mécanique de ce personnage, Léger rédige en 1920 un « scénario pour un dessin animé » intitulé, dans un syncrétisme qui allie le meilleur du cinéma au meilleur de la peinture, Charlot Cubiste.

Ce scénario raconte les aventures d’un petit pantin en bois à l’effigie de Charlot qui s’éparpille en morceaux et se reconstitue au fil d’une journée agitée. Il se réveille, sort de son lit en rassemblant ses morceaux et, après avoir découvert des tableaux cubistes, se rend au Louvre. Là, La Joconde en tombe amoureuse, au point de fuir avec son cadre sous le bras pour le rejoindre. Mais, rejetée par ce chantre de la modernité, elle se consumera littéralement d’amour pour lui et sera enterrée en grandes pompes.

Le projet restera inachevé, deux séquences seulement ayant été tournées. Mais le petit pantin sera reconstruit en 1924 pour être utilisé dans le générique du Ballet mécanique.

A cette époque, Abel Gance travaillait à son film La roue avec Cendrars, qui demandait des conseils à Fernand Léger. Dans son article "Essai critique sur la valeur plastique du film d’Abel Gance La roue" dans la revue Comédiasur, il affirme qu’Abel Gance « a haussé le cinéma au rang des arts plastiques », Léger propose une réflexion sur ce que doit être le cinéma. Deux ans plus tard, dans Ballet mécanique, il applique comme un programme les quelques idées énoncées dans ce texte: « La raison d’être du cinéma, la seule, c’est l’image projetée… Remarquez bien que cette formidable invention ne consiste pas à imiter les mouvements de la nature ; il s’agit de tout autre chose, il s’agit de faire vivre des images, et le cinéma ne doit pas aller chercher ailleurs sa raison d’être. Projetez votre belle image, choisissez-la bien, qualifiez-la, mettez le microscope dessus, faites tout pour qu’elle donne un rendement maximum, et vous n’aurez plus besoin de texte, de descriptif, de perspective, de sentimentalisme et d’acteurs. Soit dans l’infini réalisme du gros plan, soit dans la pure fantaisie inventive (poétique simultanée par image mobile), l’événement nouveau est là avec toute ses conséquences ».

Au cours de l'été et de l'automne 1923, Léger invente un plateau et un matériel avec des parties amovibles pour la scène de laboratoire du film de Marcel L'Herbier, L'Inhumaine. On y voit une scène d'émeute qui éclate au cours d'un concert. En fait, L'Herbier a filmé sur le vif un jeune compositeur américain, George Antheil, qui se produisait au théâtre des Champs-Elysées en octobre 1923. Malgré les protestations d'Antheil, qui ignorait, dit-il, que la scène devait être tournée, son morceau au piano, Mechanisms, déclenche à point nommé les cris d'un public huppé, tandis que Man Ray, Brancusi, Satie et Milhaud prennent bruyamment la défense de l'oeuvre.

De cette expérience, George Antheil recherche un accompagnement cinématographique pour sa composition. Léger propose de financer le film et prend l’ascendant dans sa réalisation. Réalisé en collaboration avec le cinéaste américain Dudley Murphy, spécialisé dans la synchronisation entre images et musique, et avec la participation de Man Ray, il résulte une œuvre de 16 minutes des plus audacieuses, le « premier film sans scénario », comme se plaît à le souligner Léger, qui n’a d’équivalent dans son radicalisme qu'Entr’acte de René Clair tourné la même année sur une idée de Picabia et une musique d’Erik Satie. Léger décrit son travail ainsi : "J’ai pris des objets très usuels que j’ai transposés à l’écran en leur donnant une mobilité et un rythme très voulus et très calculés. Contraster les objets, des passages lents et rapides, des repos, des intensités, tout le film est construit là-dessus" (conférence « Autour du Ballet mécanique », 1924-25 in Fonction de la peinture). Montré pour la première fois à Vienne dès 1924, le film fera le tour du monde.

Filmographie :

1924 Ballet mécanique

Musique : George Antheil. Image : Dudley Murphy. Avec : Kiki de Montparnasse, Katherine Murphy. 0h14.

Une jeune femme sur une balençoire, des formes géométriques de couleur. Une machine à écrire. Fête foraine, bielles en action, batteurs tournoyants, une veille femme montant les escaliers, le sourire d'une jeune femme maquillée, la tête du jeune homme endormi au long nez, des figures géométriques de couleur bleue, orange, jaune ou rouge, des batteries de cuisines agitées de mouvements divers (moules à gâteaux, casseroles entonnoir) une louche frappant les moules.

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