Furie

1936

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Genre : Film noir

(Fury). Production MGM (Joseph L. Mankiewicz). Avec : Spencer Tracy (Joe Wilson), Sylvia Sidney (Katherine Grant), Walter Abel (le district attorney). 1h34.

Joe Wilson, un ouvrier, et Katherine, sa fiancée, voudraient se marier mais ils n'ont pas assez d'argent pour cela. Ils doivent se séparer car Katherine a trouvé un travail plus rémunérateur dans une ville de l'Ouest, Capitol City. Un an plus tard, Joe qui a réussi à monter avec ses deux frères une station-service très prospère, s'en va retrouver Katherine en voiture.

Durant le trajet, il est arrêté et interrogé par le shérif de la petite ville de Strand (Illinois). On le soupçonne d'être l'un des auteurs du kidnapping d'une jeune fille. L'affaire a mis toute la région en émoi. Plusieurs indices sont relevés contre Joe.

La nouvelle se répand à travers la ville qu'on a arrêté le coupable. A la nuit tombée, une meute hurlante enfonce la porte de la prison et, ne pouvant ouvrir la cellule de Joe, incendie le bâtiment. Katherine, ayant appris ce qui se passait, est accourue à la prison est s'est évanouie en voyant Joe à l'une des fenêtres...

Premier film américain de Lang. Ayant quitté depuis peu l'Allemagne nazie, Lang livre une œuvre au contenu essentiellement politique dans le sens le plus large et le plus élevé du terme.

Le sujet réel de Furie, c'est en effet la démocratie et le rempart solide qu'elle doit opposer aux pulsions bestiales, toujours renaissantes de l'homme, et plus encore de la foule.

Le prologue (projets de mariages des deux héros) est d'une grande douceur ; mais à travers cette douceur même Lang fait sentir la fragilité des personnages et la menace tragique qui pèse sur eux. Le personnage d'Américain moyen incarné par Spencer Tracy va tomber dans un piège avant d'en fabriquer à son tour un second, destiné à assouvir sa vengeance.

Le scénario est déjà magistralement langien dans la façon dont les deux pièges se succèdent et s'enchaînent. Il l'est aussi dans cette dénonciation de la sauvagerie collective qui va se prolonger en un acte d'accusation non moins sévère contre un individu solitaire, enfermé en lui-même, dévoré par la souffrance, la haine et l'appétit de vengeance.

D'un bout à l'autre du récit, Lang procède par petites séquences - parallélismes, fausse parenthèses, métaphores, voire même symboles - montrant l'évolution d'une même action qui grandit et s'intensifie dans des décors et des lieux différents.