Ryuhei Sasaki est directeur administratif d'une entreprise de matériel médical. Le jour où une jeune chinoise dynamique parlant parfaitement le japonais est employée pour exercer la même fonction dans une usine délocalisée de Chine, il est licencié. Il nettoie son bureau et emplit deux sacs de ses affaires personnelles. Il se rend sur une place où ont échoué nombre de sans emplois puis se rend au pôle emploi de la ville où il trouve guichet fermé.
De retour chez lui, Ryuhei n'avoue ni à sa femme, Megumi, ni à ses deux fils, Kenji, le plus jeune et Taka, l'aîné, qu'il est désormais au chômage. Le lendemain, il suit le flot des employés se rendant à leur travail. A la soupe populaire, il croise un ancien camarade, Kurosu, dont il découvre bientôt qu'il est aussi au chômage. Sans emploi depuis trois mois, Kurosu s'est organisé pour trouver des lieux de repos et se faire appeler cinq fois par heure sur son téléphone portable.
Au pôle emploi, on ne lui propose que des postes de gardien de nuit ou de gérant de superette. Il déambule avec Kurosu qui lui demande bientôt de le laisser l'inviter chez lui pour qu'il rassure sa femme sur son activité professionnelle.
A la maison, Taka a décidé de s'engager dans l'armée américaine alors que Kenji veut suivre des cours de piano. Devant le refus de son père, il emploie l'argent de la cantine pour payer ses cours auprès de Mlle Kaneko. Il se révèle un élève très doué. Sa professeur de piano, l'encourage à passer une audition pour intégrer une classe musicale.
Kurosu s'est suicidé avec sa femme. Ryuhei a finit par accepter une place d'agent de surface dans un grand magasin. Taka quitte sa mère à la gare routière qui le conduira à l'aéroport et lui conseille de divorcer.
Megumi découvre bientôt l'imposture de son mari puis le mensonge de son fils. Après s'être rendue à l'école, Megumi accepte finalement qu'il suive ses cours de piano. Le soir, Ryuhei rentre chez lui et découvre une lettre qui lui révèle que son fils prend des cours en cachette. Il frappe Kenji et le poursuit dans l'escalier. Ils doivent aller à l'hôpital.
Dans la salle d'attente, la télévision explique que la situation s'est aggravée au Moyen-Orient, le contingent de soldats japonais intégré dans l'armée américaine va se rendre au front. Un médecin ramène Kenji à ses parents et affirmant qu'il ne gardera pas de séquelles de sa chute.
Ryuhei nettoie le sol de la grande surface, le liquide vert qu'un enfant a laissé tomber. Megumi ouvre la porte à son fils aîné Takashi qui rentre du Moyen-Orient délabré mentalement pour avoir tué tant d'hommes. Ce n'est qu'un cauchemar.
Ryuhei nettoie les toilettes. En passant dans une nouvelle cabine, il découvre une grosse liasse de billets. Il la met dans sa poche et s'enfuit. Il rencontre alors fortuitement sa femme. Trois heures plus tôt, celle-ci avait été victime d'un cambriolage.... et s'était enfuit avec le voleur au volant d'un superbe cabriolet. Elle demande à s'arrêter aux toilettes du supermarché et de faire quelques courses. c'est là qu'elle croise son mari affolé. Elle revient avec Dorobô, le cambrioleur, étonné de la revoir et lui explique qu'elle ne peut maintenant rentrer à la maison.
La voiture arrive face à la mer. Une petite cabane permet au couple de passer la nuit à l'abri. Dorobô renonce vite à coucher avec Megumi. Il la prend pour un dieu, elle qui lui dit qu'il est inutile de fuir et qu'il importe avant tout d'être soi-même. Megumi tente de voir des signes d'espoir surgir à l'horizon. Ryuhei en s'enfuyant à pied, tombe de tas de détritus en tas de détritus au bord de la route et finit par être renversé par une voiture. Son chauffeur l'abandonne au bord de la route.
Kenji aide un jeune garçon à s'enfuir puis tente de fuguer comme lui. Il passe la nuit en prison. Au matin, Kenji rentre chez lui. Megumi se réveille. Elle constate que Dorobô s'est suicidé en conduisant sa voiture dans la mer. La lumière de l'aube l'inonde de soleil. Elle rentre à la maison.
Au matin, Ryuhei, couvert de feuilles, se relève du bas côté d'où il était tombé. Il rentre chez lui après avoir déposé l'argent dans une benne dédiée aux objets trouvés. Kenji lui fait la remarque qu'il est curieusement habillé. La famille déjeune alors que la télévision annonce que la situation s'étant améliorée au Moyen-Orient, le contingent japonais va rentrer aux USA.
Megumi reçoit une lettre de son fils indiquant qu'il a compris que les Américains n'ont pas toujours raison et qu'il va rester pour apprendre à mieux les connaître et défendre les populations civiles.
Kenji passe son audition. Il joue Clair de lune, troisième mouvement de la Suite bergamasque de Debussy. Sa professeur, son père, l'assistance entière est bouleversée par son interprétation.
Un homme licencié cache sa situation à sa famille et tente de maintenir en l'état les relations au sein de cette famille. On reconnaît en cet homme déboussolé un peu de la folie de Jean-Claude Romand qui fut L'adversaire du roman d'Emmanuel Carrière mis en scène par Nicole Garcia et dont le personnage avait déjà inspiré Laurent Cantet pour L'Emploi du temps.
Le propos de Kurosawa est cependant moins de décrire une folie individuelle que de monter l'éclatement de la cellule familiale qu'induit le chômage et sa négation. L'effondrement de l'autorité paternelle va entraîner les quatre personnages dans une course folle violemment expressionniste et éprouvante, un parcours purement symbolique qui va se résoudre dans une séquence d'anthologie où souffle la grâce.
Japon en crise et père au bord de la crise de nerfs
La situation du père illustre les dures conditions économiques vécues par les salariés japonais. C'est la honte d'être sans emploi qui conduit à cacher sa situation et à errer parmi ses semblables sur une place où est offerte la soupe populaire. Ce sont les longues files d'attente au pole emploi de la ville, la pauvreté des emplois offerts aux cadres licenciés (gardien de nuit, gérant de supérette, agent de surface), l'humiliation subie de la part des recruteurs : Ryuhei Sasaki est sommé de montrer un savoir-faire insoupçonné dont pourrait avoir besoin l'employeur.
Le temps de la splendeur japonaise est bien passé, c'est une chinoise qui obtient le poste du père et celui-ci fera un cauchemar après s'être endormi devant la télévision diffusant un reportage sur la puissance chinoise.
Si le film se focalise dans ses premières séquences sur la figure du père, il interroge plus globalement la figure de l'autorité au sein de la famille comme le fit en son temps Ozu avec Gosse de Tokyo.
La norme qu'essaie de maintenir Ryuhei est celle du père tout puissant qui s'incarne notamment dans la scène du repas. Repas silencieux, rythmés par le bruit que chacun fait en mangeant, au signal du chef de famille. Ce sont ensuite les oukases du père qui sont de moins en moins bien supportés.
Pour interdire les leçons de piano, le père ira jusqu'à fait tomber lourdement son fils en bas des escaliers. Le film atteint là un point limite et bascule dans l'étrange.
La plongée dans un monde symbolique
Car c'est bien dans un espace symbolique que plonge le film lorsque l'autorité du père aura abouti à cette catastrophe qu'est la chute de Kenji en bas des escaliers.
A partir du moment où les parents sont à l'hôpital, chacun des quatre membres de la famille va entrer à tour de rôle dans un monde symbolique avant d'en sortir dans un ordre exactement inverse pour une résolution finale qui possède autant de grâce et de légèreté que la traversée de l'espace symbolique sera éprouvante.
C'est d'abord le fils aîné auquel la télévision de la salle d'attente promet un engagement sur le front du Moyen-Orient(1). Ensuite la famille s'engage dans un couloir et l'on retrouve le père au travail. Megiddo fait alors ce rêve de son enfant revenu mentalement délabré de la guerre. La pellicule granuleuse et bleutée avait signalé le rêve qui n'est toutefois évident.. que lorsque Megumi s'en réveille.
Arrive ensuite cet événement totalement improbable de la découverte de la liasse de billets. A peine celle-ci faite, le père rencontre de manière tout aussi improbable sa femme. Kurosawa rajoute à l'affolement de la chronologie en utilisant un flash-back pour revenir trois heures en arrière.
Le plan d'entrée dans le flash-back reprend le plan initial de la porte-fenêtre ouverte par l'effet du vent. le premier plan du film montrait des papiers qui volent dans une pièce vide. La femme s'approchait alors de la porte-fenêtre que l'orage avait fait s'ouvrir, essuyait l'eau qui s'était infiltrée puis ouvrait à nouveau la porte pour contempler l'orage.
Dorobô, le voleur est donc appelé par Megumi de la même manière qu'elle avait ré-ouvert la porte pour contempler l'orage. C'est donc un orageux voleur qui se présente avec son improbable cagoule, son long couteau, sa maladresse et le jeu très expressionniste de Koji Yakusho, habituellement très posé chez Kurosawa.
Autre preuve de l'espace symbolique dans lequel s'engouffre Megumi, le fait que Dorobô possède la même voiture avec toit ouvrant qu'elle avait admiré chez le concessionnaire(2). C'est enfin, elle-même qui revient, sans contrainte, avec Dorobô affirmant qu'il est désormais trop tard pour qu'elle rentre chez elle. Et la voiture de démarrer dans un beau travelling.
A la course de la voiture répond alors la course du père qui revient chez lui courant avec la liasse de billets qui va enfin sauver la famille. On le reverra néanmoins plus tard courant toujours, se cognant de tas de détritus en tas de détritus, tombant et se relevant de plus en plus difficilement avant d'être définitivement puni par la voiture qui le renverse et le laisse sur le bas coté
Kenji est le dernier membre de la famille à entrer dans la course folle où le conduit son instinct de fuite. Prenant exemple sur son jeune camarade asthmatique et fugueur poursuivi par son père et ses oncles, Kenji essaie de fuir en se cachant dans un car. Accusé d'être un resquilleur, il est conduit dans une improbable prison aussi glauque et pleine que silencieuse.
Dernier entré dans l'espace symbolique, Kenji est aussi le premier à en sortir. Au petit matin, il revient chez lui et découvre l'appartement vide. C'est alors que Megumi se réveille et découvre le suicide de Dorobô, entré dans la mer avec sa voiture. Inondée de la lumière de l'aube, elle rentre chez elle. C'est ensuite au tour du père de se réveiller sous son tas de feuilles. Il sort de l'espace symbolique en déposant dans la benne aux objets trouvés l'improbable liasse de billets qui avait amorcé le début de l'affolement chronologique et rentre chez lui. La famille, réunie au déjeuner, entend à la télévision des nouvelles du contingent japonais qui va rentrer du front.
Résolution par mutation
La lettre que reçoit Megumi de son fils Takashi nous apprend que celui-ci a grandi. Il a compris que les Américains n'ont pas toujours raison et reste avec eux pour mieux les observer.
Suit alors cette séquence d'anthologie qu'est l'audition de Kenji à laquelle viennent assister ses parents.
A l'orage qui grondait dans le hors champ des premières séquences répond ici la douce brise qui agite les rideaux. La famille après avoir été au bout de la course vaine pour repartir de zéro s'accepte et se recompose sous une autre forme. Le père a accepté sa situation, la mère est sortie du foyer, a conduit la voiture de ses rêves, le fils aîné a choisi une voie plus complexe que prévue et Kenji est devenu un homme.
Pour Kurosawa "Le morceau de Debussy est très difficile à jouer pour un enfant car il y a des accords qu'on ne peut maîtriser que lorsque l'on a une certaine expérience de la vie. Seul un adulte peut retranscrire la complexité des accords ou un enfant très doué. C'est un morceau qui ne pouvait être joué que par un jeune homme qui avait déjà un cur d'adulte. Ce garçon le devient. Jouer ce morceau correspondait à son paysage mental ou affectif." (3),(4)
Un monde violemment expressionniste
Le mouvement Clair de lune de la Suite bergamasque vient donc résoudre magnifiquement un film violement expressionniste. Kiyoshi dans toute la partie symbolique exacerbe les couleurs (la tenue orange du père) l'opposition de l'ombre et de la lumière (crépuscule et lueur de l'aube) le jeu des acteurs (Koji Yakusho mais aussi le père n'en finissant pas de se courber et de s'affaler dans les détritus). Il retrouve là un ton proche du Dode's caden d'Akira Kurosawa. La séquence de Kurosu rejoignait le flot de SDF après son discours sur la noyade inévitable pour ceux qui n'ont pas pu prendre le dernier canot de sauvetage ou les retours de plus en plus délabrés du père à la maison préfiguraient aussi la plongée dans l'espace symbolique.
L'expressionnisme se trouve aussi dans le masque grimaçant de sourire que s'impose le père lors d'un de ses premiers retours à la maison, dans les reflets lumineux de la télévision sur le père lorsqu'il fait le cauchemar après le reportage sur la Chine et dans ces reflets générés par le train lorsque le père commence à battre Kenji dans la scène de la chute. Il se retrouve enfin dans la sinistre scène de recrutement, filmée dans un plein soleil qui accentue démesurément les ombres de la pièce.
Le message que délivre Kurosawa à la société japonaise est celui qu'émet Mugame : ni espérer revenir à zéro, ni attendre le secours d'autre que de soi-même et s'assumer tel que l'on est. Sans soute est ce la seule solution pour ce pays insulaire où l'enfermement est aussi géographique. Vouloir s'en échapper conduit à une curieuse impasse, celle de la mer. Il semble tout ausi inutile de contempler les lumières à l'horizon comme le fait jusqu'au quasi-suicide Megumi.
Assumer les failles peut être la signification de cette étrange séquence de Megumi venant ranger la chambre de son fils et contemplant la télévision sur laquelle figure le mot frontière. Son regard parcourt ensuite la pièce avec son parquet marqué par une rainure. S'agit-il-la d'une frontière symbolique ou des traces des séismes japonais (géographiques, culturels et familiaux) qu'il convient d'assumer ?
Dans tous ses films, Kurosawa dresse le portrait d'un Japon et d'un monde désaffecté, menacé d'être englouti par le déferlement d'une armée de spectres ou, ici, une vague de violence qui survient lorsque est brisée la digue de l'autorité paternelle. Nul n'échappe alors à l'expérience épouvantable ou tout du moins éprouvante de se retrouver face à son double, vécu comme une autre possibilité de soi-même.
En renonçant à son double immature et fuyant, chacun des membres de la famille aura ici résussi à se transformer et à évoluer : une grâce que Kurosawa figure par la musique et vent dans les rideaux. Puissions nous les voir, au cinéma et en dehors de la salle.
Jean-Luc Lacuve le 02/04/2008 après le débat du Ciné-club du jeudi.
Notes
(1) La constitution actuelle du Japon est votée le 3 novembre 1946 et entre en vigueur le 3 mai 1947. Elle est en partie inspirée par le travail de Douglas MacArthur alors commandant suprême des forces d'occupation alliées au Japon. Dans l'article 9, le Japon s'engage à ne plus entretenir d'armée.
Article 9. Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.
Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu.
Cependant, la guerre de Corée d'abord, la guerre froide ensuite, et finalement la volonté de reconnaissance sur la scène internationale ont poussé le Japon à se doter d'une armée non officielle, qui porte le nom, par euphémisme, de «Force d'autodéfense» afin de ne pas être en violation flagrante de la constitution.
Ainsi, le Japon a maintenu des "forces d'auto-défense" qui constituent de facto la quatrième armée du monde. Le Japon peut ainsi compter sur 240 000 hommes, 16 sous-marins, 9 frégates, 45 destroyers, 270 avions de combat et 1 000 chars.
Ces troupes manquent de capacités dites de "projection", c'est-à-dire de capacité de "déplacement" sur un théatre d'opération. L'armée d'auto-défense ne possède pas non plus de missiles balistiques qu'ils soient conventionnels ou nucléaires pour la même raison. Toutefois, ces deux "handicaps" sont largement compensés par la présence toujours massive de militaires américains à Okinawa (29 000 hommes) et le parapluie nucléaire américain, bien que cette présence soit de plus en plus contestée et que le Japon en supporte une partie croissante du coût.
C'est également en jouant sur les mots de cet article que Koizumi avait envoyé un contingent de soldats nippons dans la coalition participant à la seconde guerre du Golfe (2003 à nos jours). S'il est interdit aux militaires japonais de participer à des combats, il leur est ainsi possible de participer à des missions de rétablissement de la paix ou de "pacification".
(2) En fait il s'agit bien de véhicules de même type mais pas tout à fait les mêmes : dans la concession elle regarde une Nissan Micra CC. Avec Dorobô, elle conduit une Peugeot 207 CC.
(3) "Jusqu’au dernier moment, je ne savais pas comment filmer la séquence finale. Par contre, depuis le début, je voulais faire comprendre que l’enfant était devenu un maître du piano en le faisant jouer un morceau en entier. Cela fut décidé très tôt, car je voulais que le spectateur écoute ce morceau du début à la fin. Il fallait que l’on ait le temps de ressentir à travers lui que la famille allait mieux et qu’elle se retrouvait. Par contre, je ne savais pas comment terminer le film après la performance de l’enfant. Si j’avais mis des applaudissements, c’était très banal. Si les membres du jury mettaient une note, c’était trop négatif. J’ai décidé de ce que vous avez vu à l’écran juste avant de tourner la scène. Je voulais que tout le monde soit là pour accompagner cette famille afin de donner une note d’espoir. En ce qui concerne le choix de la musique, il y a plusieurs raisons. La principale, c’est que ce morceau de Debussy est très difficile à jouer pour un enfant car il y a des accords qu’on ne peut maîtriser que lorsque l’on a une certaine expérience de la vie. Seul un adulte peut retranscrire la complexité des accords ou un enfant très doué. C’est un morceau qui ne pouvait être joué que par un jeune homme qui avait déjà un cœur d’adulte. Ce garçon le devient. Jouer ce morceau correspondait à son paysage mental ou affectif. " (Entretien réalisé à Paris, le 13 février 2009 pour Il etait une fois le cinéma, Critikat Evene, Filmsactu et Eigagogo).
(4). "J'ignorais qu'elle était la structure d'une sonate. Je ne connais pas grand chose en musique, c'est un titre proposé par mon producteur, et quand j'ai appris qu'une sonate était composée de trois ou quatre éléments, j'ai pensé que c'était une bonne idée, puisqu'il y a quatre personnages dans la famille du film."( Entretien avec Kurosawa, Cahiers du cinéma n°643, mars 2009, p. 83)
(5) "Mais je ne recours à rien d'extraordinaire, seulement aux règles fondamentales de la mise en scène, et je m'appuie sur des éléments très simples : la lumière, le vent l'ombre. Tout ce qui renvoie à l'extérieur du cadre, à un espace qui échappe à la perception et donc qui crée de l'inquiétude. J'utilise souvent des accessoires qui font le lien entre le champ et le hors champ comme les miroirs par exemple qui permettent de dévier le regard ou bien de montrer quelque chose indirectement, ou bien les portes, les rideaux tout ce qui coupe les espaces. C'est pour ça que je travaille bien les mouvements de caméra. Enfin le son, bien sûr surtout quand la source d'un son est à l'extérieur du cadre. (Entretien avec Kurosawa, Cahiers du cinéma n°643, mars 2009, p. 81)