Elise, 26 ans, est une grande danseuse classique. Elle se blesse pendant un spectacle et apprend qu’elle ne pourra plus danser. Dès lors, sa vie va être bouleversée. Elise va devoir apprendre à se réparer… Élise devient cantinière et se retrouve par hasard dans une résidence pour artistes en Bretagne qui lui permet, par hasard, de côtoyer les coulisses d’une des plus célèbres compagnies de danse contemporaine. Cette situation fait naître en elle une frustration qui la pousse à redanser et lui redonne miraculeusement la pleine possession de sa cheville. Suivant les conseils de la brave Josiane, , la propriétaire de la résidence, Elise tente de sortir son père de l'enfermement intellectuel et sentimental auquel il s'abandonne depuis la mort de sa femme et qu'il a dû élever seul ses trois filles. Devant l'investissement total d'Elise, il devient enfin sensible à sa danse, se rappelant les efforts consentis.
L'intérêt de Cédric Klapisch pour la danse classique se matérialisa dès Les poupées russes (2005) avec la séquence du Lac des cygnes au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Il réalisa ensuite le téléfilm hommage, Aurélie Dupont, l'espace d'un instant (2010). Le tournage, qui s’étala sur quatre années, lui permet de découvrir que les danseurs de l’Opéra de Paris font tous à peu près autant de classique que de contemporain. L’Opéra de Paris lui demanda alors régulièrement de faire des captations qui permit notamment la réalisation de Quatre chorégraphes d'aujourd'hui à l'Opéra de Paris: Thierrée / Shechter/ Pérez / Pite (2018). La rencontre avec Hofesh Shechter lui donna envie d'un film de fiction sur la danse que renforça encore Dire merci (2020), petit film de 4 minutes avec les danseurs de l’Opéra où il monta leurs images, filmées chez eux avec leurs smartphones durant le confinement.
Le meilleur du film est ainsi constitué des quinze premières minutes, sans dialogue, de la représentation de La Bayadère au Théâtre du Châtelet, où Élise se blesse, ainsi que par Political mother, le ballet contemporain dans la Grande Halle de la Villette qui clôt le film.
Le reste est un remplissage insipide, joli en surface comme un catalogue sur papier glacé mais où rien n'est un peu creusé au-delà des clichés émis. Même la danse est renvoyée à un débat creux sur une opposition entre danse classique, aérienne, et danse contemporaine plus terrestre ; l'une étant du domaine du rêve l'autre de la réalité.
Le thème du changement de vie nécessaire après la blessure n'est qu'effleuré, le temps qu'Elise se sente naturellement frustrée de son métier de cantinière. De changement de vie, il n'est en effet nulle question puisque, de danseuse prestigieuse classique, elle passe à danseuse prestigieuse moderne ; qu'elle occupe toujours son magnifique appartement parisien; qu'elle trouve un nouvel homme qui la ramène dans "le bon axe de sa vie", dixit le personnage de Yann, comique de bout en bout. Les fadaises débitées par Josiane, mère de substitution " Ca fait du bien d'en chier un peu" en rajoute sur les clichés de la psychologie, déjà largement étalée avec les rôles de la mère et du père.
Belles images de Paris, beauté de la Bretagne, des appartements, des maisons, ode convenue à la cuisine, à la réussite, à l'amour silencieux, à la résilience et au bien-être; peut-être un peu écœurant pour être un feel good movie.
Jean-Luc Lacuve, le 19 mai 2022.