Xavier, étudiant en sciences économiques, rêve d'être écrivain. Ce rêve demeure cependant enfoui puisque le jeune homme a une embauche possible au ministère des Finances. Jean-Charles Perrin, un ami de son père, lui conseille cependant de travailler à l'étranger, le bilinguisme lui apportera davantage de chances d'être embauché. Xavier part donc vivre une année à Barcelone via le programme Erasmus, malgré l'incompréhension de sa petite-amie Martine.
À peine arrivé, il fait connaissance avec Jean-Michel, un médecin, et sa femme Anne-Sophie. Il séjourne quelques jours chez eux en attendant de trouver un logement. Il s'installe ensuite dans un appartement en colocation avec d'autres étudiants : l'Anglaise Wendy, l'Italien Alessandro, l'Espagnole Soledad, le Danois Lars, l'Allemand Tobias. Entre dépaysement, choc culturel, difficultés linguistiques (les cours sont en catalan alors que les jeunes Français apprennent le castillan à l'école), Xavier s'intègre peu à peu, tout en profitant de sa vie d'étudiant. Xavier est attiré par Isabelle mais apprend ensuite qu'elle est lesbienne. Une grande amitié va naître cependant entre le français et la jeune femme d'origine belge et il va l'intégrer à la colocation.
Lors de sa visite, Martine se montre hostile envers les colocataires et distante avec Xavier. Après son départ, le jeune homme demeure morose. Il entame une liaison avec Anne-Sophie en tirant profit des leçons de séduction octroyées par Isabelle.
Wendy annonce ensuite au groupe que son frère William vient la voir pour quelque temps. L'arrivée de William crée quelques tensions en raison de son franc-parler et des idées préconçues qu'il a sur les diverses nationalités des colocataires. Plus tard, Martine annonce à Xavier leur rupture par téléphone, rendant Xavier mélancolique. Lars découvre également qu'il est père. Anne-Sophie avoue à son mari qu'elle a une liaison avec Xavier. Jean-Michel décide de couper court à toute relation avec Xavier.
Mais tout le groupe se ressoude lorsque Alistair, le petit ami de Wendy, lui fait une visite surprise alors même qu'elle a une aventure avec Bruce, un Américain rencontré en soirée. William sauve la situation en prétendant que Bruce est son petit ami.
Après avoir terminé son année, Xavier retourne à Paris en promettant de garder le contact avec ses amis. Il est engagé au ministère des Finances mais, dès son premier jour de travail, il réalise à quel point cet univers est éloigné de celui dans lequel il a vécu à Barcelone et qu'il a appris à aimer. Il s'enfuit en courant du ministère et décide de se lancer dans l'écriture.
Souvent qualifiée à l'époque de gentille comédie de carte postale, L'auberge espagnole se bonifie avec le temps. Elle incarne le rêve d'autrefois d'une construction européenne où l'humain tient plus de place que l'argent, le désordre créateur plus de place que la technocratie. Xavier s’installe dans une colocation avec six autres étudiants : Soledad, une Catalane; Lars, un Danois; Alessandro, un Italien; Wendy, une Anglaise ; Tobias, un Allemand, vite rejoints par la troublante Belge Isabelle, lesbienne, rencontrée à l'université ("Cette fille se demandait ce qu’elle foutait là. Exactement comme moi") qui lui donne un cours de rattrapage sur le plaisir féminin. Cette Europe à l’échelle d’un appartement connaît ses frictions mais surtout une suite d'exaltations et de nouveautés. A contrario, le couple d'Anne-Sophie et Jean-Michel incarne une stabilité de façade, bien fade vis-à-vis de cette jeunesse qui préfère plages, fiestas et insouciance.
La réalisation est à l'image de la chaleur et de l'inventivité revendiquées : la narration en voix off, le split screen et les effets d’accélération dynamisent les belles scènes de groupe ou de dialogues deux à deux.
Les poupées russes (2005) puis Casse-tête chinois (2013), permettront de de suivre l’évolution des personnages.
Jean-Luc Lacuve, le 13 avril 2023