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 La conductrice échoue dans son projet de convaincre son enfant du bien 
    fondé de son divorce et de son remariage. Celui-ci comprend immédiatement 
    où elle veut en venir et la juge puérile d'entamer un dialogue 
    où les arguments sont bien connus des deux côtés. On a 
    dit bien souvent que l'enfant est insupportable. Certes, il est le représentant 
    d'un machisme des plus primaires, reprochant à sa mère son indépendance 
    alors qu'il la voudrait à lui tout seul. Mais l'enfant sait cela, il 
    sait qu'il est normatif et intolérant et demande à sa mère 
    de lui laisser le temps de devenir ce qu'il doit être. Avec une belle 
    lucidité, il découvre le piège que lui tend sa mère 
    et lui demande de ne pas l'abrutir.
 
    La conductrice échoue dans son projet de convaincre son enfant du bien 
    fondé de son divorce et de son remariage. Celui-ci comprend immédiatement 
    où elle veut en venir et la juge puérile d'entamer un dialogue 
    où les arguments sont bien connus des deux côtés. On a 
    dit bien souvent que l'enfant est insupportable. Certes, il est le représentant 
    d'un machisme des plus primaires, reprochant à sa mère son indépendance 
    alors qu'il la voudrait à lui tout seul. Mais l'enfant sait cela, il 
    sait qu'il est normatif et intolérant et demande à sa mère 
    de lui laisser le temps de devenir ce qu'il doit être. Avec une belle 
    lucidité, il découvre le piège que lui tend sa mère 
    et lui demande de ne pas l'abrutir.
 Dans la séquence suivante la conductrice, Mania, conduit sa sur 
    devant une pâtisserie près de chez leur mère où 
    elles ont l'habitude de se retrouver. Sa sur indique qu'on ne peut forcer 
    cet enfant à une morale qui le rend mauvais et que c'est à lui 
    de tenter l'expérience de vivre avec son père et de juger des 
    deux éducations.
 
    Dans la séquence suivante la conductrice, Mania, conduit sa sur 
    devant une pâtisserie près de chez leur mère où 
    elles ont l'habitude de se retrouver. Sa sur indique qu'on ne peut forcer 
    cet enfant à une morale qui le rend mauvais et que c'est à lui 
    de tenter l'expérience de vivre avec son père et de juger des 
    deux éducations. 
  La troisième séquence n'offre ni un piège déjoué 
    ni une discussion d'égal à égal 
    mais filme, hors champ, une veille femme que la conductrice emmène 
    dans un mausolée pour prier. Sans doute parce qu'à ce moment 
    là, Mania est plus forte que la veille femme, confite dans la religion 
    après avoir tout perdu, la caméra ne filme pas cette dernière.
 
    La troisième séquence n'offre ni un piège déjoué 
    ni une discussion d'égal à égal 
    mais filme, hors champ, une veille femme que la conductrice emmène 
    dans un mausolée pour prier. Sans doute parce qu'à ce moment 
    là, Mania est plus forte que la veille femme, confite dans la religion 
    après avoir tout perdu, la caméra ne filme pas cette dernière. 
  
  Il en est de même dans la quatrième séquence où 
    la conductrice embarque, la nuit, une prostituée que l'on ne verra 
    que de dos lorsqu'elle sort de la voiture à la fin de la séquence. 
    La prostituée cynique et rigolarde s'est moquée des leçons 
    de morale de Mania.
 
    Il en est de même dans la quatrième séquence où 
    la conductrice embarque, la nuit, une prostituée que l'on ne verra 
    que de dos lorsqu'elle sort de la voiture à la fin de la séquence. 
    La prostituée cynique et rigolarde s'est moquée des leçons 
    de morale de Mania. 
Dans ces deux dernières séquences, le parti-pris esthétique du hors champ supplée un peu le caractère convenu de la discussion. Toute trace de formalisme va maintenant disparaître du film qui court vers son destin tragique
 Dans la séquence cinq, Mania ramène du mausolée une jeune 
    femme qui dit être allé prier dans l'espoir que son ami acceptera 
    bientôt leur mariage. Une ellipse temporelle assez longue est sans doute 
    intervenue car la conductrice dit aller prier également quelques fois 
    en souvenir d'une rencontre (la veille femme de la séquence 3) et que 
    ces prières la consolent de devoir bientôt se séparer 
    de son fils qui préfère aller chez son père.
 
    Dans la séquence cinq, Mania ramène du mausolée une jeune 
    femme qui dit être allé prier dans l'espoir que son ami acceptera 
    bientôt leur mariage. Une ellipse temporelle assez longue est sans doute 
    intervenue car la conductrice dit aller prier également quelques fois 
    en souvenir d'une rencontre (la veille femme de la séquence 3) et que 
    ces prières la consolent de devoir bientôt se séparer 
    de son fils qui préfère aller chez son père. 
  Dans la sixième séquence, la conductrice récupère 
    l'enfant après un "échange" avec le père dans 
    le 4/4. L'enfant y demeure maintenant régulièrement et il est 
    probable que le père l'a changé d'école car il accepte 
    finalement de lui laisser pour la nuit à la condition express qu'elle 
    se renseigne auprès de lui pour savoir dans quelle école il 
    va. Mais l'enfant refuse de passer la nuit chez sa mère et préfère 
    aller chez sa grand-mère. Il se défie de tout ce que fait sa 
    mère et s'il finit par la croire au sujet d'un raccourci, il ne trouve 
    pas que cela soit une bonne solution. Il demande juste à sa mère 
    de lui ramener une cassette d'Hercule (Walt Disney, je suppose). La mère 
    continue néanmoins d'espérer récupérer son fils.
 
    Dans la sixième séquence, la conductrice récupère 
    l'enfant après un "échange" avec le père dans 
    le 4/4. L'enfant y demeure maintenant régulièrement et il est 
    probable que le père l'a changé d'école car il accepte 
    finalement de lui laisser pour la nuit à la condition express qu'elle 
    se renseigne auprès de lui pour savoir dans quelle école il 
    va. Mais l'enfant refuse de passer la nuit chez sa mère et préfère 
    aller chez sa grand-mère. Il se défie de tout ce que fait sa 
    mère et s'il finit par la croire au sujet d'un raccourci, il ne trouve 
    pas que cela soit une bonne solution. Il demande juste à sa mère 
    de lui ramener une cassette d'Hercule (Walt Disney, je suppose). La mère 
    continue néanmoins d'espérer récupérer son fils.
  Elle peut même jouer la femme forte dans la septième séquence 
    avec son amie pleurnicharde qui vient d'être quittée par son 
    fiancé et qu'elle conduit au restaurant.
 
    Elle peut même jouer la femme forte dans la septième séquence 
    avec son amie pleurnicharde qui vient d'être quittée par son 
    fiancé et qu'elle conduit au restaurant.
 Dans la huitième séquence, elle semble en effet apaisée. 
    En fait, elle a presque abandonné le combat. Elle vient d'accepter 
    la décision de la juge : l'enfant ira chez son père. Elle trouve 
    dans une forme de bouddhisme désincarné un baume à sa 
    blessure.
 
    Dans la huitième séquence, elle semble en effet apaisée. 
    En fait, elle a presque abandonné le combat. Elle vient d'accepter 
    la décision de la juge : l'enfant ira chez son père. Elle trouve 
    dans une forme de bouddhisme désincarné un baume à sa 
    blessure.
 Dans la neuvième séquence, cette assurance se fissure, la jeune 
    femme, son alter ego, s'est mutilée en se coupant les cheveux : son 
    ami ne l'épousera pas. Après l'avoir réconfortée, 
    Mania essuie une larme sur son visage. Ce plan n'est pas loin d'évoquer 
    La passion de Jeanne d'Arc de Carl Theodor Dreyer.
 
    Dans la neuvième séquence, cette assurance se fissure, la jeune 
    femme, son alter ego, s'est mutilée en se coupant les cheveux : son 
    ami ne l'épousera pas. Après l'avoir réconfortée, 
    Mania essuie une larme sur son visage. Ce plan n'est pas loin d'évoquer 
    La passion de Jeanne d'Arc de Carl Theodor Dreyer. 
  La dixième séquence est brève et tombe comme un couperet. 
    L'enfant ne veut toujours pas aller chez sa mère. La brièveté 
    de la séquence finale, l'échec irrémédiable des 
    efforts de Mania atteste bien du projet de Kiarostami qui cache sous la forme 
    d'un documentaire un mélodrame d'une sombre tristesse. Les femmes malgré 
    leur courage seront toujours victimes d'hommes immatures et violents.
 
    La dixième séquence est brève et tombe comme un couperet. 
    L'enfant ne veut toujours pas aller chez sa mère. La brièveté 
    de la séquence finale, l'échec irrémédiable des 
    efforts de Mania atteste bien du projet de Kiarostami qui cache sous la forme 
    d'un documentaire un mélodrame d'une sombre tristesse. Les femmes malgré 
    leur courage seront toujours victimes d'hommes immatures et violents.


 Kiarostami 
    prétend refuser la mise en scène et dit s'être contenté 
    d'enregistrer le réel avec deux caméras numériques, une 
    205 et quelques élastiques pour lier les premières à 
    la seconde.
Kiarostami 
    prétend refuser la mise en scène et dit s'être contenté 
    d'enregistrer le réel avec deux caméras numériques, une 
    205 et quelques élastiques pour lier les premières à 
    la seconde. 
Il est probable que Kiarostami ait, au départ, voulu adopter un dispositif minimum. La première séquence se compose ainsi d'un unique plan-séquence. On ne comptera en effet pas pour des plans séparés, les sautes dues à des prises certainement nombreuses pour obtenir un coulé du plan. Pourtant il abandonnera bientôt ce procédé artificiel pour utiliser plus classiquement les deux caméras et saisir celui ou celle qui parle. Comme si, tout d'un coup, le sujet était devenu suffisant fort pour que le dispositif ne doive plus être utilisé systématiquement. Comme Hitchcock dans La Corde renonça à son unique plan-séquence, Kiarostami renonce à la performance formelle pour s'intéresser totalement à son sujet : une femme qui essaie de vivre libre et qui devra, pour un temps au moins, renoncer à convaincre son enfant qu'il aura plus de chance de devenir lui-même avec elle qu'avec son père.
La mise en scène n'est pas un dispositif capable de transformer le monde. Tout juste permet-elle de faire éprouver la réalité et d'offrir peut-être (Kiarostami n'est pas plus optimiste dans son film que dans sa vie) un changement possible. Le dispositif n'est pas une fin en soi, seulement une condition pour réunir les conditions du dialogue.
Jean-Luc Lacuve le 25/09/2002
Ten et La Passion de Jeanne d'Arc
Dans la neuvième séquence, la plus émouvante, la jeune femme qui sort du mausolée s'est fait couper les cheveux. Elle et Mania parlent de leurs malheurs respectifs. Mania essuie une larme sur son visage. Le dépouillement de la scène, les cheveux coupés comme une violence symbolique faite par les hommes aux femmes, la larme essuyée, autant de plans qui évoquent La passion de Jeanne d'Arc de Carl Theodor Dreyer.




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