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Le dernier round

1926

(Battling Butler). Avec : Buster Keaton (Alfred Butler), Snitz Edwards (Martin, Le valet d'Alfred), Sally O'Neil (La fille des montagnes), Walter James (son père), Budd Fine (son frère), Francis McDonald (Alfred Battling Butler), Mary O'Brien (Sa femme), Tom Wilson (son entraineur), Eddie Borden (son manager). 1h11.

Alfred Butler est un jeune homme riche, excessivement gâté et oisif et totalement dépendant de son valet de chambre Martin, qui lui tient sa cigarette quand il fume, lui lisse ses mèches de cheveux et va même jusqu'à penser à sa place.

Le père d'Alfred espère lui forger un caractère en l'envoyant à la chasse, mais Alfred a sa propre conception de l'aventure : même dans la nature, il est constamment assisté par Martin et ne renonce à aucune commodité du confort moderne. Cependant il tombe amoureux d'une fille de la montagne et, comme on s'en doute, la famille de la jeune fille considère dubitativement ce citadin gringalet et ses habitudes domestiques : il s'habille pour le déjeuner, n'utilise que des couverts en argent et des verres en cristal sans parler bien sur de son fidele valet qui le sert à table. Aussi pour les impressionner, Martin, leur raconte qu'Alfred n'est autre que le prétendant au titre de champion du monde de boxe poids léger, qui se trouve avoir en effet le même nom que lui.

Obligé de faire perdurer le mensonge pour plaire à la fille, Alfred se rend au camp d'entrainement où le véritable Battling Butler se prépare à affronter le "Tueur de l'Alabama". Ayant découvert l'imposture, Battling Butler fait semblant de s'en accommoder, mais, en réalité, il a l'intention de se venger car il pense, à tort, qu'Alfred a eu une aventure avec sa femme. Faisant croire à Alfred qu'il va affronter le Tueur de l'Alabama sur le ring, Battling vient lui même à bout de son challenger puis déboule dans les vestiaires, bien décidé à en découdre avec Alfred...

Charlot boxeur (1915) et Les lumières de la ville (1931) comportent deux célèbres numéros sur le ring durant respectivement 7'30 et 5'. Si les scènes de boxe de Keaton dans Le dernier round furent influencées par Charlot boxeur, il est vraisemblable de penser que Chaplin a dû prendre acte du succès de la séquence de boxe du Dernier round pour Les lumières de la ville. On retrouve certains gags en commun, mais l'approche des deux cinéastes est très différente. Chaplin se concentre uniquement sur son propre personnage, de sorte que les scènes deviennent presque des ballets comiques tandis que Keaton met surtout l'accent sur les gags, comme, par exemple, l'enchevêtrement dans les cordes du ring, et le passage où il observe la démonstration de son entraineur avec tant d'attention qu'il en oublie de regarder son adversaire.

En l'espace d'un an, Le dernier round rapporta 75 000 dollars ce qui en fit l'un des plus grands succès commerciaux de Keaton. Ce qui plut aux spectateurs en ces temps d'opportunisme et d'ambition personnelle fut peut-être de voir pour une fois un héros de Keaton contraint de se montrer beaucoup plus agressif que les personnages un peu falots auxquels il les avait habitués. Quelle qu'en soit la raison, le succès du Dernier round permit à Keaton de s'embarquer sur le projet qui allait devenir l'un de ses plus grands films : Le mécano de la General.

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