Bien calés sur leur grosse moto, Juha et Marja se rendent au bourg voisin. Ils ont emporté la vieille balance pour vendre leur récolte de choux. Juha est un paysan taciturne, handicapé par une légère claudication. Marja s'est habituée aux fréquents excès de boisson de son mari plus âgé. Le couple mène une vie banale jusqu'au jour où Shemeikka fait irruption devant la ferme. Sa luxueuse voiture est en panne L'élégant étranger à lunettes noires a besoin d'aide. Tandis que le mari répare la voiture, Marja conduit Shemeikka dans sa cuisine.
Le visiteur lui fait miroiter les plaisirs de la ville. Il la persuade de quitter son mari et de fuir cette campagne si ennuyeuse. Marja part dans la voiture du séducteur. La désillusion est brutale. Shemeikka, le beau parleur, est un proxénète qui dirige ses victimes vers le bordel tenu par sa sur. Étroitement surveillée par les complices de Shemeikka, la jeune femme ne peut s'échapper mais elle refuse de se prostituer. Sa détresse est d'autant plus vive qu'elle attend un enfant. Pour Juha, la vengeance devient une idée fixe.
Il affûte sa hache de bûcheron, confie son chien à une voisine et prend le bus en direction de la ville. Il retrouve la trace de Marja et force l'entrée du bordel. Les videurs ne peuvent rien contre sa force. Shemeikka tire sur lui. Atteint de plusieurs balles, Juha parvient à rejoindre Shemeikka, qu'il tue d'un coup de hache. Dans la lumière blafarde d'une chambre aux murs nus, Marja attend le dénouement du drame, son bébé dans les bras. Mortellement blessé, Juha échange un dernier regard avec sa femme, et va mourir devant un bulldozer de la décharge.
Présenté comme « le dernier film muet du XXème siècle après Mon Oncle de Jacques tati », Juha plonge au coeur du genre en évitant le pastiche.
« La plupart de mes films parlent peu, mais c’est différent de réaliser un film laconique et un film muet. L’esthétique du muet est particulière. Juha est en noir et blanc parce qu’on ne peut pas faire un film muet en couleurs. Les couleurs appellent le son ou, plutôt, la parole ». Aki Kaurismäki Propos recueillis par Jean-Michel Frodon pour Le Monde, 1999
Editeur : Pyramide video. Juin 2008. |
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