Ilona travaille comme maître dhôtel au restaurant «Dubrovnik». Appréciée, elle sait aussi se faire respecter. Ainsi vient-elle en aide au portier Melartin, qui s'est blessé suite à une crise éthylique violente du cuisinier Lajunen. Le soir, au terme de sa longue journée de travail, elle prend le dernier tramway que Lauri, son mari, va ramener au dépôt. En dépit de leurs faibles revenus, ils font quelques achats à crédit : une bibliothèque sans livres et un poste de télévision avec télécommande.
Du jour au lendemain, cest la catastrophe. La compagnie de tramways doit procéder à des licenciements par un tirage au sort que Lauri perd. Le soir il s'en prend à la caissière du cinéma,sa soeur, pour cracher son venin et explique à sa femme, interloquée, qu'il vient de perdre son emploi. Par dignité, il refuse de toucher les allocations de chômage. Le «Dubrovnik» est racheté et Ilona perd son emploi. Ses efforts pour en trouver un autre sont infructueux. la crise éloigne les gens des restaurants et à 38 ans, elle est déjà considérée comme trop âgée. Lauri croit pouvoir travailler comme chauffeur. Mais lorsquil passe la visite médicale, il découvre quil est atteint de surdité partielle : il naura pas le poste. Il se met à boire. À lagence pour lemploi, Ilona doit sacrifier ses économies pour obtenir ladresse dun employeur. Elle devient serveuse dans un bar bien louche. Elle rencontre Lajunen, qui a sombré dans lalcoolisme et apprend que son patron, Forsström, un petit truand, ne la pas déclaré. Elle nest pas payée. Lauri se rend chez lui et se fait rosser par ses sbires. Lhuissier est venu saisir le principal mobilier du couple. Au hasard de ses courses, Ilona croise Melartin, qui est devenu cordonnier pour survivre. Il la persuade douvrir son restaurant. Malgré leurs efforts, ils ne peuvent pas obtenir de prêts bancaires. Par bonheur, Ilona revoit madame Sjöholm, son ancienne patronne, aujourdhui à la retraite. Linactivité lui pèse. Avec enthousiasme, elle apporte sa garantie au projet. Ilona, Lauri et Melartin reprennent espoir. Les travaux de leur futur restaurant vont bon train. Lajunen suit une cure de désintoxication et retrouve ses fourneaux.
Le jour de louverture, tous attendent les premiers clients avec angoisse. Lheure du déjeuner approche Un client entre, un second sinstalle à son tour, puis dautres. Les réservations affluent. Pour Lauri et Ilona, au loin sen vont les nuages.
La radio fait part du typhon Angela sur les Philippines qui a détruit les maisons de 250 000 personnes ; exécution des defenseurs des droits de l'homme nigériens. L'écrivain Ken Saro-Wiwa et huit membres de son organisation ont été tués par la junte, sans procès.
Chansons tristes le soir de la fermeture du restaurant : "Où mene le chemin du vent chaud ?" et "Nos reves ne se sont jamais réalisés"
Le scénario était initialement écrit pour Matti Pellonpää, complice d’Aki Kaurismäki depuis ses premiers films. La mort prématurée de l’acteur, en 1995, deux semaines avant le début du tournage, contraint le réalisateur à transformer au pied levé le personnage principal en femme et c’est Kati Outinen qui devient maître d’hôtel.
« On ne peut vraiment être lucide, par rapport à ses buts artistiques ou autres, que sur son lit de mort, et encore ! Voici néanmoins quelques observations concernant le projet : Sur le sujet : Le véritable sujet du film est le chômage et ses effets psychologiques plutôt qu’économiques. Le personnage principal – Nikander – est maître d’hôtel. Il travaille donc dans la restauration, profession dans laquelle les gens sont très mobiles et qui représente ainsi, je l’espère, un exemple de portée universelle. Dans ce cas précis, l’auteur a choisi un happy end (si l’on peut dire, étant donné que nous n’avons aucune connaissance de ce qui se passe après la mort, pour peu qu’il s’y passe quelque chose). L’état du chômage de Finlande, mais aussi presque partout dans le monde, et surtout ses effets psychologiques, sont si effroyables qu’à mon avis, un film sur ce sujet ne peut en ce moment avoir d’autre objectif que d’apporter un peu d’espoir et d’informer plus amplement. Sur le style cinématographique : Le style est le réalisme stylisé, complété par un sur-optimisme à la Frank Capra pour la partie finale. Ce qui veut dire le réalisme dans son rapport avec le contenu et la stylisation dans son rapport avec les décors et l’environnement. Depuis que les grands réalistes romantiques du cinéma sont morts, je considère qu’il est de mon devoir de sacrifier quelques possibilités cinématographiques sur l’autel de la crédibilité ; ce qui veut dire, dans ce cas, que ce qui est perdu en vitesse est gagné en véracité. En d’autres termes, j’aspire à un genre de néo-réalisme, associé à beaucoup d’éléments comiques. J’espère que l’éventuel spectateur ou spectatrice, quel qu’il ou qu’elle soit, sortira, après avoir vu ce film, plus heureux ou heureuse que quand il ou elle est entré(e). Le style extérieur de ce film est proche de trois films du même auteur : Shadows in Paradise, La fille aux allumettes et J’ai engagé un tueur. Par ailleurs, l’auteur accepte d’obéir aux lois, aussi bien celles de la réalité que celles du cinéma, tant qu’il y a harmonie avec sa morale et, selon les circonstances, fait de son mieux ». Aki Kaurismäki (Notes écrites pendant une tempête de neige, sept mois avant le tournage)
Editeur : Pyramide video. Juin 2008. |
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