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The dead don't die

2019

Avec : Bill Murray (Cliff Robertson), Adam Driver (Ronald Peterson), Chloë Sevigny (Minerva Morrison), Tilda Swinton (Zelda Winston). 1h43.

Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets. Mais personne ne pouvait prévoir l’événement le plus étrange et dangereux qui allait s’abattre sur Centerville : THE DEAD DON’T DIE – les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir. La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville.

Cinquième incursion de Jarmusch dans le cinéma de genre après le western avec Dead man, le film de gangsters avec Ghost Dog et The limits of control et le film de vampire avec Only lovers left alive, ce dernier opus possède tous les traits d'une pochade mais relève aussi d'une forme de fiction proche de celle du nouveau roman.

La structure du film pourrait être celle d'une pochade, résumant en quelques traits ce qui fait l'essence du film de zombies : situation étrange, réveil des morts vivants qui se nourrissent de chair humaine, combat pour la survie. Sous ce simple aspect le film ne réjouira ni les amateurs du genre ni les amateurs de pastiche comique. Il faut sans doute accorder une ambition plus haute à Jim Jarmusch.

Sur le fond d'une part; le film fantastique a toujours un arrière-plan social et il est ici reconfiguré. Ce ne sont plus les exclus qui se dressent contre les puissants, mais un vieil ermite qui observe à quel point les morts vivants sont accros à leurs anciennes habitudes de consommateurs (café, chardonnay, tennis, outils, bonbons ou mode vestimentaire).

L'écologie et fake news sont également convoquées avec la catastrophe introduite par fracturation des calottes glaciaires des pôles et les mensonges éhontés (et auxquels personne ne croit d'ailleurs) des autorités refusant d'admettre que l'axe de rotation de la terre en a été modifié. Ainsi, le film par sa thématique, engage t-il à la décroissance.

Cette décroissance, Jarmusch l'applique en premier lieu à une scénarisation proche des principes du nouveau roman : scènes revues trois fois presque à l'identique mais légèrement différentes (plans sur les corps des deux femmes dans le motel) et intégration du travail sur l'œuvre dans l'œuvre. Les acteurs perdent leur statut de personnages enfermés dans la fiction mais discutent de leur position dans l'œuvre. Ils écoutent la musique du film, ils ont accès (plus ou moins) au  script.

Le jeu très décalé et en sourdine de tous les acteurs contribue enfin à l'humour discret du film et à sa douce musique nostalgique d'un monde qui disparaît. Celui du cinéma aussi peut être avec Tilda Swinton, venue de Kill Bill et qui repart dans une soucoupe volante.

Jean-Luc Lacuve, le 27 mai 2019

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