Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

The revenant

2015

Genre : Western

Avec : Leonardo DiCaprio (Hugh Glass), Tom Hardy (John Fitzgerald), Domhnall Gleeson (Andrew Henry), Will Poulter (Bridger), Paul Anderson (Anderson), Forrest Goodluck (Hawk). 2h36.

Dans une Amérique profondément sauvage, des trappeurs menés par le capitaine et négociant en fourrures Andrew Henry, subissent de lourdes pertes lors d'une attaque menée par les Amérindiens. En effet, tandis que le trappeur Hugh Glass chasse un orignal dans les bois avec plusieurs personnes dont son fils métis Hawk, leur campement établi près d'une rivière est brutalement attaqué par des Arikaras (des Amérindiens du Dakota du Nord) qui massacrent sans pitié et pillent le camp. Trente-trois hommes périssent tandis que Glass, Hawk, Henry, John Fitzgerald, Jim Bridger et quelques autres hommes parviennent à prendre la fuite en bateau.

Les trappeurs survivants décident, sur le conseil de Glass, de continuer leur expédition à pied dans les bois, loin de la rivière que les Indiens sillonnent. Des tensions se forment alors au sein du groupe, notamment entre Glass et Fitzgerald, qui semble haïr le fils de Glass en raison de son origine amérindienne. Le groupe établit son campement dans la forêt. Le lendemain, Glass part seul à la recherche de gibier et surprend deux oursons grizzli, mais remarque très vite l'absence de leur mère. Cette dernière, dissimulée dans les hautes herbes derrière Glass, se précipite sur lui et lui inflige de profondes blessures sur tout le corps. Glass parvient cependant à tuer l'ourse en la poignardant, avant d'être découvert par Henry, Fitzgerald, Hawk et Bridger qui le ramènent au campement et tentent de le soigner.

La nuit venue, quelque part ailleurs dans les montagnes, le chef des Arikaras, Elk Dog, réclame armes et chevaux à un groupe de trappeurs canadiens français dirigés par Toussaint, en échange des fourrures volées lors de leur précédente attaque. De leur côté, Fitzgerald, Henry et les autres hommes doivent atteindre le plus rapidement possible le village de Fort Kiowa, mais sont ralentis par Glass, transporté sur un brancard de fortune. Pour écourter ce calvaire, Henry décide d'achever Glass, mais renonce au dernier moment et propose une scission en deux groupes, l'un constitué de Fitzgerald, Hawk et Bridger pour protéger Glass en échange d'une prime, l'autre pour continuer la route jusqu'à Fort Kiowa.

La tension monte entre Fitzgerald et Bridger, qui se révèle extrêmement fidèle à Glass. Fitzgerald tente d'étouffer Glass pour enfin se débarrasser de lui et regagner l'autre groupe. Mais il est surpris par Hawk qui le frappe et appelle Bridger, qui s'était éloigné vers la rivière. Fitzgerald neutralise Hawk et le tue froidement sous les yeux de son propre père, Glass, impuissant et incapable de parler, avant d'éloigner son corps du campement. Au retour de Bridger, Fitzgerald fait mine de ne pas savoir où est Hawk et affirme qu'il pensait qu'il était avec lui au bord de la rivière.

Le lendemain matin, dès l'aube, Fitzgerald réveille Bridger, lui apprenant la présence d'une vingtaine d'Indiens près de la rivière. Tous deux quittent le campement en abandonnant Glass que Fitzgerald a partiellement enterré. Glass parvient à sortir du trou et à ramper jusqu'au cadavre de son fils. Plus tard, Bridger découvre que Fitzgerald lui a menti et qu'il n'y avait aucun Indien près de la rivière. Bridger le menace alors avec son fusil mais Fitzgerald neutralise le jeune homme.
Glass se remet en route, malgré ses lourdes blessures. Il parvient à faire du feu et trouve refuge sous une falaise près du lit de la rivière, mais il est découvert par des Indiens qui l'attaquent. Il prend la fuite à la nage et regagne tant bien que mal la rive.

De leur côté, Fitzgerald et Bridger découvrent un village indien détruit, sans aucun survivant à l'exception d'une femme à qui Bridger offre de la nourriture sans le dire à son partenaire. Après être parvenu à pêcher un poisson, Glass assiste, un peu plus loin, à l'attaque d'un troupeau de bisons par une meute de loups. Un bison est tué, et Glass se retire. Mais durant la nuit, il découvre que les loups ont été éloignés du bison grâce à des feux, par un Pawnee du nom de Hikuc. Ce dernier offre son aide à Glass, lui donne de la chair du bison, le soigne et le transporte sur son cheval. Cependant, peu avant l'aube, Hikuc est capturé et tué par le groupe de trappeurs français. Glass se rend discrètement jusqu'au camp des Français dans le but de leur voler un cheval, celui de Hikuc ayant pris la fuite. Il assiste au viol sauvage de Powoqa, une femme arikara qui est la fille du chef indien Elk Dog, que celui-ci recherche activement. Glass sauve cette femme. Elle émascule son violeur.

En prenant la fuite, Glass laisse involontairement tomber la gourde gravée de Bridger qu'il avait conservée et, le lendemain, il est attaqué par la tribu indienne et réussit encore une fois à s'échapper. Fitzgerald et Bridger, quant à eux, arrivent enfin à Fort Kiowa, où ils annoncent à Henry la « disparition » de Hawk et la mort de Glass. Un homme blanc se présente aux portes du village et est questionné par Henry et d'autres hommes. Il dépose sur la table la gourde gravée de Glass qu'il dit avoir vu tomber. Tous pensent qu'il s'agit probablement de Hawk qui aurait finalement survécu seul, et se lancent immédiatement, malgré la nuit tombée, à sa recherche. Fitzgerald profite de ce moment pour fuir, comprenant qu'il s'agit de Glass.

Dans la forêt, les hommes trouvent Glass à bout de forces et le ramènent jusqu'à Fort Kiowa où il est soigné et peut enfin révéler la vérité sur ce qui s'est réellement passé avec Fitzgerald. Henry, furieux, recherche Fitzgerald dans le village mais découvre très vite qu'il a pris la fuite en direction du Texas, après avoir volé l'argent du coffre-fort. Henry accepte que Glass l'accompagne. Après avoir trouvé des traces au sol, les deux hommes décident de partir chacun d'un côté pour prendre Fitzgerald en tenaille.

Henry se retrouve face à Fitzgerald qui le tue. Glass est alerté par le coup de feu et retourne sur ses pas. Il découvre le corps de Henry. Il se lance à la poursuite de Fitzgerald et tous deux arrivent sans arme à feu sur le bord de la rivière. Une lutte acharnée s'engage entre les deux rivaux, qui s'affrontent à l'aide d'une dague et d'une hachette. Finalement Glass prend le dessus après avoir mutilé la main de son ennemi. Il livre alors Fitzgerald à la tribu arikara, arrivée sur les lieux durant la lutte, qui l'achève. Les Indiens traversent ensuite la rivière et passent à côté de Glass, qui remarque Powoqa parmi eux. La tribu passe son chemin, tandis que le corps de Fitzgerald s'éloigne dans le cours d'eau. Après le combat Glass, qui marche péniblement dans la neige, est en proie à une hallucination : il voit sa femme (une Indienne pawnee) qui le regarde en souriant et s'en va.

Le film se termine par un regard caméra de Glass, épuisé et définitivement seul dans la neige.

Les séquences du début du film, l'attaque du camp par les indiens, la fuite sur la rivière puis l'attaque de l'ours sont efficaces et impressionnantes. Ensuite, c'est une succession de paysages plus ou moins trafiqués en numérique, de visions psychédéliques tout aussi flottantes et de souffrances imposées au héros (cautérisation de la plaie au cou, se protéger du froid dans les entrailles d'un cheval, manger du poisson cru, de la viande de bison crue, dériver dans l'eau glacée, affronter une tempête de neige). La nature y perd sa possibilité d'être confrontée à l'homme puisque paysages et héros se révèlent tout aussi grandioses dans leur naturalisme jusqu'au-boutisme.

L'humilité est probablement ce qui manque le plus. A la fin, Glass semble comprendre que ce n'est pas à lui de juger après une simple remarque de Fitzgerald. Mais, au lieu de lui faire grâce, il l'envoie vers les indiens sur l'autre rive qui l'achèvent. Innaritu n'échappe pas dans ce final sanglant à son idée obsessionnel : qu'il faut que ça fasse mal pour être intéressant. Le regard caméra insistant final de DiCaprio ne nous dit pas autre chose : "Je suis allé jusqu'au bout : il ne me reste plus que la mort".

Assez curieusement, le scénario attribué à Mark L. Smith s'appuie sur le roman homonyme de Michael Punke (2002) alors qu'il est très proche de l'histoire adaptée par Serafian dans Le convoi sauvage (1971). La dimension humaine du dialogue de l'homme avec la nature y était bien plus présente, tout comme d'ailleurs dans Jeremiah Johnson (Sydney Pollack, 1972) ou Derzou Ouzala (Akira Kurosawa, 1975).

Plus curieusement encore, La video de Misha Petrick sur Vimeo repère des similitudes entre des plans du film et ceux des films de Tarkovski. Innaritu pourrait avoir de plus mauvais maître :

La travelling de Stalker :
 
Les travellings de L'enfance d'Ivan :
 
Les feux du Miroir :
 
Les oiseaux de Nostalghia :
 
Episodes de L'enfance d'Ivan :
 
 
 
La lévitation du Miroir :
 

Jean-Luc Lacuve le 26/02/2016

 

Retour