Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

Karl Freund

(1890–1969)
10 films
   
   
2
 

Karl Freund naît le 16 janvier 1890 à Köninghof (aujourd'hui Dvur Kralov, République tchèque). En 1901, il s'installe à Berlin avec ses parents. Après avoir obtenu son certificat d'études, il entre en apprentissage dans une usine de tampons. En 1906, il devient projectionniste pour l'Alfred Duskes Kinematographen, le fabricant allemand numéro un de matériel pour le cinématographe. En 1908, il intègre l'équipe de cameramen d'actualités des frères Pathé tout en travaillant comme assistant technique pour Oskar Messter, l'un des premiers producteurs allemands.

Jusqu'en 1915, Freund s'établit une solide réputation de technicien qui l'amène à travailler pour de nombreux studios indépendants qui fleurissent alors, aussi bien en Allemagne, en Yougoslavie qu'en Autriche. Cette année-là, il s'engage dans l'armée autrichienne mais se trouve reformé au bout de trois mois pour cause de surpoids. Dès l'année suivante, il travaille sur une série de films interprétés par la star de l'époque, Henny Porten. En 1919, il fonde sa propre société, la Karl-Freund-Film GmbH et deux ans plus tard il réalise son premier film, Der Tote Gast.

Freund s'impose comme le chef opérateur vedette de la Decla-Bioscop, Gloria et Oswald-Film, et collabore étroitement avec Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Ludwig Berger, Paul Wegener (il est le chef opérateur de Le Golem (19205), ou Carl Theodor Dreyer à l'UFA. Karl Freund, le réalisateur Friedrich Wilhelm Murnau, et Walter Röhrig, et le scénariste Carl Mayer constituent alors l'équipe artistique la plus importante du cinéma muet allemand, représentante d'un niveau d'invention et d'une liberté technique seulement égalé en France, par Abel Gance dans son Napoléon. En 1924, Freund développe sa Entfesselte Kamera (Camera déchaînée) révolutionnaire, une sorte de caméra légère embarquée (sur harnais ou support mobile) permettant les mouvements les plus variés : il inaugure cette technique sur Le dernier des hommes (Murnau, 1924). En 1928 il participe à un projet, la création du Volksverband für Filmkunst, défandant un cinéma moderne, avec Heinrich Mann, Georg Wilhelm Pabst et Erwin Piscator.

Objet d'une reconnaissance internationale, Freund se penche sur d'autres innovations telles l'enregistrement sonore sur support magnétique, le son optique, les effets spéciaux avec miniatures... Après avoir bouclé le tournage dantesque de Metropolis, il expérimente des méthodes de tournage en couleurs qui attirent l'attention de la Technicolor Corporation aux États-Unis. Il poursuit quelque temps ses recherches à New York avant de rejoindre Hollywood en 19296, où l'attend avec impatience Carl Laemmle, grand patron des studios Universal.

On lui confie aussitôt la direction de la mémorable scène finale d'À l'Ouest, rien de nouveau. On le retrouve, toujours en tant que directeur de la photographie, sur des classiques des années 1930-40, dont Dracula (Tod Browning, 1931) ou Double assassinat dans la rue Morgue (Robert Florey, 1932) inspiré de la nouvelle d'Edgar Poe.

Parallèlement à sa carrière de technicien, Freund réalise La momie (1932) avec Boris Karloff, et Les mains d'Orlac (1935) pour la MGM avec Peter Lore. Le genre fantastique permet à Freund de développer pleinement son art du contraste, des clairs obscurs issus de l'expressionnisme allemand. Il gagne en 1937 avec Visages d'Orient (Sidney Franklin), l'Oscar de la meilleure photographie, et est nommé en 1940 pour Orgueil et Préjugés de Robert Z. Leonard. Il travaille également pour la Columbia, réalisant d'ailleurs un doublé assez spécifique : il fut nommé aux oscars de la meilleure photographie en couleur et en noir et blanc pour les films The Chocolate Soldier (1941) et Les Oubliés (1941). Il rejoint la Warner Bros en 1947 où il travaille notamment sur Key Largo ( John Huston, 1948).

Toujours à l'affût d'innovations techniques, il met au point, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux appareils permettant de mesurer la densité des couleurs ainsi que des caméras de télévision plus performantes. Il crée en 1944 la Photo Research Corporation, entreprise de fabrication de caméras. La télévision devient  son  terrain d'expérimentation privilégié, d'abord avec Our Miss Brooks puis en 1950 lorsque la star Lucille Ball l'engage pour superviser la photographie de son show populaire I Love Lucy. Il invente pour l'occasion le système multi caméras, impliquant trois caméras tournant simultanément.

En 1959, il se retire dans sa ferme de la vallée de San Fernando, poursuivant ses recherches, participant à des conférences internationales et autres séminaires hollywoodiens. Il meurt le 3 mai 1969 à Santa Monica.


Courts-métrages :
1928 : Zulu Love, Tune Up the Uke, Toddlin' Along, The Keys of Heaven, Madeleine, In a Japanese Garden, A Fascinating Vamp, A Snowman's Romance, A Chinese Moon

Longs-métrages :

1921

Der tote Gast
   
   
1923 Der große Sensationsprozeß
   
   
1932 La momie

Avec : Boris Karloff Boris (Imhotep), Zita Johann (Helen Grosvenor), David Manners (Frank Whemple), Edward Van Sloan (Muller). 1h15.

Dans l'Egypte ancienne, le grand prêtre Imhotep a été enseveli vivant pour avoir volé un manuscrit qui devait ressusciter sa belle. Découvert sous forme de momie par un archéologue, rendu à la vie, il monte une expédition pour retrouver la tombe de sa bien-aimée. Mais celle-ci s'est réincarnée en jeune femme moderne, et il lui faut la conquérir.

   
1933 Moonlight and Pretzels
   
   
1934 Madame Spy
   
   
1934 The Countess of Monte Cristo
   
   
1934 Uncertain Lady
   
   
1934 I Give My Love
   
   
1934 Gift of Gab
   
   
1935 Les mains d'Orlac

(Mad love). Avec : Peter Lorre (le docteur Gogol), Sara Haden (Marie), Keye Luke (le docteur Wong), Colin Clive (Stephen Orlac), Henry Kolker (le préfet Rosset), Edward Brophy (Rollo), Frances Drake (Yvonne Orlac), May Beatty (Françoise). 1h08.

À cause d'un accident de train, Paul Orlac, pianiste, perd l'usage de ses deux mains. On lui en greffe alors de nouvelles qui s'avèrent être celles d'un assassin récemment exécuté. Pris de panique et d'angoisse, il va douter de son emprise sur ces mains meurtrières.