Dorothy Lyons vient de purger une peine de prison pour vol. A sa sortie, elle retrouve sa sœur June. Elle est à présent la secrétaire de Jansen, le candidat à la mairie de Bay City qui lui a demandé sa main.
Un homme assiste aux retrouvailles des deux sœurs, Ben Grace, le conseiller du truand Sol Caspar, qui tient la ville sous sa coupe et n'a aucun intérêt à voir l'honnête Jansen remporter les élections. Découvrant le passé trouble de Dorothy, Ben se garde d'en informer Caspar. Il décide au contraire de jouer double jeu et avertit June que des gangsters vont "s'occuper" de Norman Marlowe, le patron de la presse locale qui soutient Jansen dans sa campagne pour nettoyer la ville de la corruption. June ne prend pas son avertissement au sérieux et Marlowe, malmené par Caspar, meurt d'une crise cardiaque.
Ben qui possède des preuves du crime, propose à June de l'aider à faire élire Jansen. A la télévision, Jansen dénonce Caspar comme responsable de la mort de Marlowe. Caspar s'enfuit au Mexique et Jansen est élu maire. Ben use alors de son influence pour faire nommer son ami Dave Dietz chef de la police puis exige de lui qu'il nettoie la ville de tous les rackets à l'exception de trente maisons de jeux dont il se réserve le monopole. En même temps, il cherche à mettre la main sur une forte somme d'argent que Caspar a cachée dans sa villa au bord de la mer.
Ignorant les activités occultes de Ben, June tombe amoureuse de lui. Elle lui demande de l'aider lorsque Dorothy est à nouveau arrêtée pour vol. En le voyant sommer Dietz de libérer la jeune fille et d'étouffer l'affaire, elle comprend que Ben, comme naguère Caspar, tient à présent la ville entre ses mains. Caspar venu récupérer son argent dans sa villa, y trouve Dorothy et se sert d'elle pour attirer Ben. Mais June, arrivée la première, blesse Caspar qui, à son tour, tire sur Ben. Celui-ci en un sursaut d'honnêteté, alerte la police, qui survient à temps pour arrêter Caspar et ses hommes de main. Peut-être survivra-t-il et restera-t-il avec June alors que Jansen semble soudain tomber sous le charme de June.
C'est au producteur indépendant Benedict Bogeaus que l'on doit ce dernier film distribué par la RKO moribonde. Il a acquis pour presque rien l'un des moins bons romans de James M. Cain, Love's Lovely Counterfeit et demandé à son scénariste, Robert Blees, de lui donner un peu de consistance alors qu'il ne restait plus que quinze jours avant le début du tournage. Benedict Bogeaus s'est aussi entouré de sa talentueuse équipe habituelle : John Alton à la photographie, James Leicester au montage et Van Nest Polglase aux décors et Allan Dwan à la réalisation.
Film de série Z tourné dans l'urgence avec de grands professionnels, il permet à chacun d'eux de s'exprimer avec talent. La photographie de John Alton aux noirs profonds à l'expressionnisme flamboyant avec ombres et taches de couleurs éblouissantes. Le scenario semble troué d'ellipses rendant les motivations des personnages sans cesse mystérieuses et peu explicites mais à quoi bon puisque au final agis par le désir sexuel et l'appât du gain avant de trouver à se reposer quand la violence se fait trop forte par le sentiment fraternel ou un retour de moralité.
Les performances des deux rouquines du titre français sont restées justement célèbres. Quand Dorothy allume au briquet la main de Ben lui promettant de lui faire aussi les choses les plus douces; quand elle lève bras et jambes nues derrière le canapé puis se laisse aller dans les bras du gangster ou quand Rhonda Fleming n'en peut plus de désir pour Ben et repousse gentiment le grisonnant Jansen.
Le film est diffusé au cinéma en SuperScope, le procédé propre à la RKO qui anamorphose la partie centrale de l'image tournée au format standard 1.37 et destiné à la télévision. L'édition DVD contemporaine présente le film au format 1.77 sans rogner sur la largeur de l'image.
Jean-Luc Lacuve le 25/11/2009