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1900

1976

(Novecento). Avec : Robert De Niro (Alfredo Berlinghieri), Gérard Depardieu (Olmo Dalco), Dominique Sanda (Ada Fiastri Paulhan), Stefania Sandrelli (Anita Foschi), Donald Sutherland (Attila Mellanchini), Laura Betti (Regina), Burt Lancaster (le patriarche Alfredo Berlinghieri), Sterling Hayden (Leo Dalco), Francesca Bertini (Soeur Desolata), Werner Bruhns (Ottavio Berlinghieri), Stefania Casini (Neve), Alida Valli (Mme Pioppi). 5h18.

Générique défilant sur le tableau Le quart-Etat, d'abord en gros plan sur son personnage central, puis par un zoom arrière, s'élargissant à la foule.

"25 avril 1945 jour de la libération". Un jeune partisan rejoint sa maison. Il est abattu par un fasciste qui ne sait pas que la guerre est finie. Les paysans aperçoivent Attila et Regina fuyant en vélo à travers champ. Armées de fourches, les femmes les poursuivent et les arrêtent. Le jeune Leonida Olmo s'est emparé d'un fusil : lui aussi veut tuer. Il menace ainsi Alfredo Berlinghieri, le patron qui s'amuse d'être pris en joue et conduit son jeune assaillant dans l'étable où son grand père, le patriarche dont il porte aussi le prénom, est mort. Il demande à Leonida ce qu'il pense de son actuel patron. Le tenant en joue, Leonida affirme "C'est fini les patrons"

"Bien des années plus tôt". "C'est fini les patrons" ; c'est par ce cri de désespoir que s'exprime Rigoletto, le serviteur bossu du patriarche Alfredo Berlinghieri, dans cette nuit du 27 janvier 1901 où il append la mort de Giuseppe Verdi. Le lendemain matin, des enfants miment un accouchement. C'est celui de Rosina. Elle donne naissance à Olmo, un bâtard, puisque son mari, Oscar, est mort depuis quatre ans. Le jeune Olmo sera donc placé sous la protection du patriarche des paysans, Leo Dalco.

De son coté, le patriarche Alfredo Berlinghieri peste contre son fils et sa belle-fille car son petit fils va naître après celui des Dalco. Mais enfin Giovanni annonce à son père la naissance de l'héritier qui s'appellera Alfredo comme lui. Alfredo décide aussitôt de prévenir Ottavio son fils aîné qui profite de sa vie d'oisif à Venise. Sa sœur, la none Desolata, arrive aussi bientôt.

Pour fêter la naissance de son petit-fils, Alfredo Berlinghieri, accompagné de Rigoletto, va distribuer des bouteilles de champagne aux paysans et, en premier lieu à Leo Delco avec qui il se plait à entretenir une complicité. Mais le patriarche des paysans est loin de se réjouir de la naissance d'Olmo qui lui fait une quarantième bouche à nourrir. Il refuse même dans un premier temps de boire avec Alfredo. Les paysans autour de lui s'accordent avec ce geste de fierté et aiguisent leur faux. Mais devant l'insistance amicale d'Alfredo, Leo boit avec lui.

10 ans plus tard, Giovanni fait la démonstration de sa ratisseuse mécanique, conduite par un cheval : un seul homme en une heure accomplit le travail de six paysans en une matinée. Le jeune Alfredo quitte le groupe des paysans pour observer Olmo qui, un peu plus loin, pêche des grenouilles. Les deux garçons s'affrontent ; Olmo incitant Alfredo à enculer la terre (ce qu'il fait), puis à se coucher sur les rails pendant le passage du train (ce qu'il refuse).

Dans la ferme, Rosina se désole que l'on veuille envoyer son fils au séminaire tant il est sauvage. Mais Leo Dalco la soutient et fait promettre à Olmo qu'il restera toujours un paysan. Le patriarche Alfredo ne se sent pas bien chez lui où ont pris leur quartier Desolata, et la sœur de sa belle-fille, ruinée, restée seule avec sa fille, Regina. Alfredo tente d'entraîner son petit fils Alfredo dans un jeu de massacre de sa famille mais se fait rabrouer par son fils. Le jeune Alfredo fuit alors dans la cour et rejoint Olmo qui se fait tondre la tête à cause des poux.

Le patriarche Alfredo se traîne jusqu'à un bal en plein air. Il y repère Irma, une fillette aux jolies bottines qu'il entraîne jusque dans l'étable de la ferme déserte. Il ne peut que la toucher à peine tant dit-il il n'a que de la merde et du lait dans le cerveau et le pantalon. Les pieds dans la merde et du lait sur les mains, il se désole de ne plus bander et enjoint Irma à rejoindre le bal pour annoncer à tous que le patron est mort. Quand Irma se souvient du message, les paysans refusent d'abandonner le bal. Seul Leo vient constater qu'Alfredo s'est pendu. Leo reprouve ce suicide, celui d'un oisif dont la réflexion ne mène à rien.

Chez les Berghelini, c'est Giovanni qui rédige le testament posthume d'Alfredo en sa faveur : il garde les terres alors que son frère n'aura qu'une rente et la maison en ville. Le jeune Alfredo est désolé de cette mort. Il n'en traite pas moins avec la morgue de son père Olmo, qui élève des vers à soie. Les deux garçons se battent avant de se réconcilier en se montrant leur zizi tout en admirant la ville au loin.

Une terrible tempête s'est abattue sur la région. Giovanni réunit ouvriers et journaliers et annonce que la paie sera divisée par deux puisqu'il a perdu la moitié de sa récolte. Les journaliers protestent car, quand la récolte est bonne, la paie n'est pas multipliée par deux. Jamais le patriarche n'a procédé ainsi. Dans un geste solennel de protestation, Le Montagnard se coupe l'oreille. Il rejoint sa misérable demeure et n'a à offrir à sa famille qu'un peu de polenta et la musique de sa flûte.

Les paysans ont décidé de la grève, soutenus qu'ils sont par la ligue. Seul Leo proteste contre cet abandon du travail. Mais le cri de "grève" retentit partout dans la nuit. Du haut de leur propriété, les Berghelini se lamentent : les vaches meuglent de ne pas être traites et le lait manque au petit-déjeuner. Ils organisent même un pique-nique pour faucher les blés. Leo s'en amuse mais se sent soudain mal. Son petit-fils le voit les yeux ouverts mais ne comprend pas qu'il est mort. Il est plus préoccupé d'aller jouer avec Olmo aux socialistes aux poches trouées; ils se masturbent dans les blés.
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Après trois mois de grève, les enfants attendent à la gare pour rejoindre un convoi de grévistes qui monte sur Gênes. Des marionnettistes les amusent en mimant les desiderata des réformistes et des révolutionnaires. Deux gendarmes à cheval, qui se sentent insultés, détruisent le petit théâtre, suscitant l'indignation des mères. Rosita s'aperçoit qu'Olmo a oublié son balluchon avant de prendre le train. Plus loin sur la voie, Alfredo se couche sur les rails sous le passage du train qui longe bientôt la mer.

"La première guerre touche à sa fin". Olmo revient au pays. Il y découvre la mécanisation en marche mais aussi une exploitation accrue; Giovanni annonce que l'achat des machines va réduire la part de la récolte attribuée aux paysans qui sera inférieure à son habituelle moitié. Olmo proteste mais Attila, le nouveau contremaître, ironise sur l'efficacité des machines, supérieure à celle des paysans. Giovanni, qui est tombé immédiatement amoureux d'Anita Furlan, une réfugiée venant de Vérone, l'admire tenant tête à Attila. Olmo retrouve aussi Alfredo dans son habit de lieutenant bien qu'il n'ait pas fait la guerre. Giovanni a en effet versé de l'argent à l'Etat pour l'en empêcher.

La situation des paysans s'est dégradée. Giovanni chasse ceux dont il n'a plus l'utilité avant même la fin de leur contrat. Oreste proteste quand on lui envoie l'armée pour l'obliger à partir. Mais Anita et Olmo improvisent une résistance en s'armant de bâtons et se couchant par terre devant l'avancée des dragons. Du coup, ceux-ci reculent. Ils suscitent ainsi l'indignation des propriétaires terriens venus dans le coin chasser les canards.

Giovanni a organisé dans l'église la réunion des propriétaires terriens. L'armée s'est révélée inefficace en tuant un manifestant dans la ville voisine, transformé immédiatement en martyr. Il veut mener une nouvelle croisade pour faire respecter l'ordre et donc leurs droits. Sous l'œil réprobateur d'Attila, seul un propriétaire, Pioppi, refuse de contribuer financièrement à monter cette milice. Alfredo, que son père a obligé à être là, quitte aussi l'église.

Alfredo préfère retrouver Olmo en ville. Celui-ci revoit Le montagnard à l'oreille coupée qui joue de la flûte pour une troupe de jongleurs des rues. Puis les deux jeunes gens montent chez Neve, une lavandière pauvre à laquelle Alfredo demande de se prostituer. Ils la forcent à boire malgré son refus. Ils se retrouvent tous les trois nus dans le même lit mais Neve est prise de convulsions épileptiques. Alfredo fuit chez son oncle Ottavio et y rencontre Ada, 21 ans, qui conduit une voiture et écrit des poèmes. Elle le raccompagne chez lui. Ils croisent Attila avec une troupe de fascistes éméchés. Olmo rejoint Anita à la maison du peuple où elle fait cours à quatre vieillards désireux d'apprendre à lire "le communisme est la jeunesse du monde". Elle met fin au cours pour suivre Olmo. Celui-ci est bourrelé de remords d'avoir couché, même si peu, avec la lavandière pauvre. Elle le frappe ce qui les réconcilie et Olmo fait un cunnilingus à sa compagne. Ils vont dans la grange voisine où un bal est organisé. Ils retrouvent Alfredo et Ada, et pleine crise d'hystérie, qui fait semblant d'être aveugle. Anita la remet à sa place et les quatre jeunes gens se promettent de rester toujours les mêmes. Is n'ont pas le temps de discuter plus avant : la maison du peuple brûle. Seuls Alfredo et Ada sont restés dans la grange et Alfredo déflore Ada qu'il croyait être la maîtresse de son oncle.

Les quatre vieux carbonisés sont exposés dans un cortège qui traverse la ville en silence en dépit du "réveillez-vous" d'Anita et Olmo qui scandent, pour chacun des quatre vieillards :  "Exploité par les patrons, assassiné par les fascistes". Anita est désespérée de cette ville déserte : "C'est inutile. Tout est inutile. Ils nous tueront tous". Pourtant, lors de l'enterrement, le défilé est imposant. Mais, non loin de là, les fascistes s'organisent sous la direction d'Attila. Il exige que chacun porte, comme lui, une chemise noire, symbole de virilité, et soit sans pitié pour le communisme. Même s'il est gentil comme un chat, il faut l'exterminer. C'est ainsi qu'il suspend un chat au mur pour l'écrabouiller, tête en avant après une course. Le visage ensanglanté, il promet la mort aux communistes et à la ligue.

"Fin du premier acte".

Six mois ce sont écoulés. Alfredo et Ada sont à Capri avec Ottavio qui se livre à ses penchants pour la photographie de jeunes éphèbes. Ils sont indisposés par les fascistes qui parlent de Mussolini, de sa "spiritualité de la matraque" et de la révolution qu'il prépare avec la marche sur Rome. Alfredo et Ada veulent s'éloigner toujours plus vers le sud à Taormine et, en attendant, prennent de la cocaïne. Alfredo est rappelé d'urgence chez lui : Giovanni se meure.

Alfredo arrive le jour de l'enterrement de son père dans la maison déserte. Il surprend Olmo à voler un revolver dans les tiroirs de son père. Olmo le supplie de renvoyer Attila et lui annonce la mort d'Anita en couche. Lorsque tous reviennent de l'enterrement, Alfredo n'annonce que son prochain mariage avec Ada.

Le jour du mariage, Regina agresse Ada en lui disant quelle lui volé Alfredo. Ada l'humilie en la coiffant de son voile de mariée. Elle se fait embrasser par Attila et Alfredo les réprimande sur des débordements inacceptables de la part de domestiques. L'oncle arrive avec un cheval blanc, Cocaïne sur lequel va se promener Ada qui rencontre alors Olmo qui capture des oiseaux dans un filet. Le jeune Patrizio Pioppi, qui admire Attila, a suivi Regina et Attila s'en allant faire l'amour dans la remise du jardin. Ils le capturent pour en faire le témoin de leurs jeux sexuels, non sans l'avoir violé auparavant. Quand il tente de s'enfuir, Attila lui fracasse le crane. Tous les invités de la noce recherchent Patrizio qu'ils finissent par découvrir, la tête fracassée. Attila déclare Olmo coupable et le fait tabasser par ses chemises noires. Fabrizio, sachant pourtant qu'il est innocent, laisse faire. Seul un vagabond qui passait par là s'accuse du meurtre et le sauve de la mort. L'oncle déclare ne plus jamais revenir tant l'attitude d'Alfredo l'a indigné. Ada en crie de désespoir.

Quelques années plus tard, Anita a environ six ans. Olmo est un expert pour tuer les cochons. Dans une ferme qui l'a employé, il apprend du vagabond, relâché faute de preuves, que l'assassin était une chemise noire. Olmo entretient la flamme du socialisme. Il va chercher sa fille chez Ada qui aide la petite à lire alors que les Les Pioppi viennent quémander de l'argent à Alfredo qui prend une nouvelle hypothèque sur leur maison. Ada se promène devant chez Olmo qui l'invite à boire un verre. Un autre soir, Alfredo débarque chez Olmo croyant y trouver sa femme. Les deux hommes se réconcilient. Ada devient alcoolique et se chamaille avec Regina. Alfredo la retrouve un soir dans un bar, où ils croisent Neve, l'épileptique, qui leur conseille d'avoir un enfant. Ils se réconcilient sur cette promesse mais sur le chemin du retour, ils voient la veuve Pioppi assassinée, exposée sur la grille de sa propriété et accusée par Regina et Attila, qui l'ont tuée, d'être victime de ses désirs sexuels. Ada, dégoutée, laisse Alfredo renter à pied et s'enferme dans son appartement.

1942-1943 alors que la radio fait part de la campagne de Tunisie et des prises de Gafsa et Sbeitla, Attila et Regina occupent la maison des Pioppi. Attila, fier du tracteur qu'il exhibe devant la ferme, veut vendre Olmo comme un animal avec les chevaux dont il n'a plus l'utilité. Anita lance la révolte et tous les paysans envoient de la merde à Attila. Olmo se décide à fuir. La servante d'Ada, venue chercher du lait, lui raconte l'épisode. Ada décide de fuir aussi. Les chemises noires cassent tout chez Olmo sous l'œil réprobateur mais passif d'Alfredo. Néanmoins, il se décide à chasser Attila et revient, fier de lui, l'annoncer à Ada. C'est trop tard, elle est partie et ne reviendra jamais. Attila se venge en abattant les paysans fiers et révoltés sous la pluie et dans la boue.

"25 avril 1945 jour de la libération". Un partisan distribue les armes pour que les métayers chassent les derniers fascistes armés. Anita voit, du haut de sa charrette de foin, des jours meilleurs puis bientôt, réellement, Regina et Attila fuyant. Ils sont ramenés à la ferme et laissés à terre dans la porcherie. Leonardo veille fièrement sur Alfredo. Attila, grièvement blessé, est exécuté mais Regina tondue, qui veut la mort, est laissée en vie. Olmo revient et organise le procès du patron. Le patron est mort dit-il mais Alfredo doit être laissé en vie. Les paysans rendent les armes aux partisans. Olmo et Alfredo se chamaillent.

1975. Olmo et Alfredo, vieillis, se chamaillent toujours.

"Nous remercions les paysans d'Emilie qui par leur visage, leurs expériences, leur enthousiasme, leurs chants et leur culture ont apportés une contribution précieuse à la réalisation de ce film."

Le titre français, 1900, est une bien mauvaise traduction du titre original, Novecento, le vingtième siècle. L'action principale, avec flash-back et ellipses, se déroule en effet du 27 janvier 1901, nuit de la mort du compositeur Giuseppe Verdi, au 25 avril 1945, jour de la libération de l'Italie. Un épilogue prolonge même l'action jusqu'en 1975.

Avec ce film fleuve de 5h18 divisé en deux parties de 2h43 et 2h35, Bertolucci parcourt ainsi un demi-siècle d'histoire italienne moderne comme le feront Andreï Konchalovski avec Sibériade (1979) pour la Russie et Edgar Reitz avec Heimat, une chronique allemande (1984) pour l'Allemagne.

Fresque lyrique politique et romanesque

Le film tire sa puissance en tissant des liens romanesques concentrés sur un nombre réduit de personnages, qui se déploient au cours du temps : les deux patriarches, Leo et Alfonso, leurs deux petits fils nés le même jour Olmo et Alfonso et leurs compagne respectives Anita et Ada ainsi que el couple maudit d'Attila et Regina. Autour de ces huit personnages centraux gravitent d'autres figures marquantes : l'oncle Ottavio, la lavandière Neve, le couple intègre des Pioppi et leur fils Patrizio.

Ces liens romanesques doublent le lyrisme de la grande histoire en une  série aussi limitée de moments chronologiques. La première période concerne 1901 avec la naissance d'Olmo et Alfredo et la préfiguration de ce que sera leur amitié avec celle de leurs grands pères respectifs Leo et Alfredo, le second semblant dominer le premier par sa fortune mais ignorant la noblesse que confère la conscience de de classe. La scène la plus lyrique de cette partie étant le refus de partager els bouteilles de champagne a propos d'une naissance qui ne peut être ressentie que comme une charge supplémentaire pour les paysans. Les paysans se mettant à l'unisson de Leo pour affuter leur faux devant Alfredo ébahi.

Le seconde période se situe en 1910, où les outils des paysans sont démodés par la mécanisation avec la ratisseuse conduite par un seul homme et faisant le travail d'une vingtaine. Elle se conclut par la mort d'Alfredo puis d'Olmo qui trouve encore à rire du succès de la grève dirigée par la ligue. Les paysans parviennent encore à gagner en unissant leur force dans le train qui les emmène à Gênes.

En 1918, troisième période, la mécanisation a gagné et les paysans se voient rogner leur part. Pour mettre fin aux désordres que manifestent les paysans face aux spoliations injustifiées, Giovanni décide d'une milice qui préfigure le fascisme.

La seconde partie enchaine un peu plus de périodes. En 1922 année de la marche sur Rome a lieu le mariage d'Ada et d'Alfredo où celui-ci renonce à défendre son ami devant les atrocités d'Attila. En 1928-30, Olmo défend solitairement les thèses socialistes dans les fermes. En 1942-43, Olmo se révolte d'être vendu comme du bétail mais suscite une répression d'Attila qui abat les paysans un à un sous la pluie. Avec 1945 vient la libération et le jugement du patron. L'épilogue situé en 1975, voit Olmo et Alfredo, vieillis, qui se chamaillent toujours comme à la fin de l'épisode de 1945.

Une ouverture sur les illusions de l'après-guerre

Il est probable que cela traduise une forme de désenchantement politique. "C'en est fini des patrons", c'est le mot d'ordre du jeune Leonida (qui a pris Olmo comme nom de guerre) qui entame le flash-back sur 1901. Mais ce mot d'ordre est pris comme un regret par Rigoletto qui se désole de la mort du "patron" Guiseppe Verdi. Et d'une certaine manière le patriarche était un patron plus humain que Giovanni et plus responsable qu'Alfredo. Olmo en déclarant qu'Alfredo doit vivre puisque le patron en lui est mort se berce d'illusions. L'illusion est d'ailleurs la marque de cette fin de film: Alfredo se couche sur les rails mais en travers croyant toujours accomplir le défi enfantin que lui avait soumis Olmo.

Jean-Luc Lacuve, le 16 décembre 2018

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