Judas marche jusqu'au sommet d'une colline dans le désert. Dans la bâtisse qui y est construite, il trouve Jésus, affaibli après quarante jours de jeûne. Il le ramène sur son dos jusqu'aux abords de leur village. Jésus se rafraichi dans la palmerai et arrive au village où il est accueilli dans la joie par une bande d'enfants. Les femmes chantent, les hommes font de la musique pour fêter son retour.
Judas rejoint Jésus sur le chemin de Jérusalem pour lui offrir un beau manteau. Les rameaux sont déposés sur le chemin qui mène à la ville pour accueillir Jésus tenant un bébé âne dans els bras. Quand Jésus commence son prêche il dit sa détestation des sacrifices d'animaux en son honneur lui qui n'aime que la connaissance. Il ordonne que soit détruites les cages qui enferment les animaux des marchands du temple. Ses apôtres 'y emploient, Judas le primer pour qui nul être vivant ne mérite d'être enfermé dans une cage.
Alors que Caïphe, le grand prêtre, réfléchit à comment détourner le peuple de cet être incontrôlable, Judas rejoint ses amis et leur demande d'assurer avec lui la sécurité de Jésus.
C'est Carabas, un fou prônant la révolte contre les romains qui est arrêté par des centurions. Ponce Pilate prévient le Caïphe, c'est la dernière fois qu'il fait un geste pour relâcher un fauteur de troubles... ce qui n'empêche pas Carabas de jouer au révolté devant des enfants que ce spectacle amuse.
Bethsabée, femme adultère, est trainée par une horde d'hommes devant jésus pour qu'il la juge selon la loi des prophètes. Jésus se contente de dessiner dans le sable et de prononcer une unique phrase : que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre. Les hommes sen vont un à un et jésus d'interroger Bethsabée : femme où sont tes accusateurs ? Bethsabée s'en va courant chez elle où sa mère, Suzanne, lui raconte comment elle a été conçue : sa mère et son père firent l'amour pour la première fois en plein jour. Suzanne s'en va chercher le parfum le plus cher qu'elle puisse trouver et vient en laver les cheveux de Jésus pour le remercier. Jésus prêche mais Judas remarque un scribe qui écrit sur des tablettes d'argile. Il court à sa poursuite et constate qu'il a retranscrit le discours de jésus et qui lui avoue l'avoir suivi depuis la Galilée. Judas est fort mécontent. Jésus lave les pieds de ses apôtres, leur demandant de réfléchir plus tard au sens de ce geste. Judas lui raconte alors qu'un scribe retranscrit ses actes et ses paroles. Jésus ne semble pas d'accord avec cela et confie à Judas la mission de détruire immédiatement ces écrits.
Judas parcourt la montagne à al recherche du scribe et retrouve des parchemins enfermés dans des jarres qui narrent toutes les aventures de Jésus. Il casse les jarres, détruits les tablettes et déchire et enflamme les parchemins. Quand el scribe survient il est désespéré devant ces dégâts irrémédiables. Il poursuit Judas et lui dit se repentir sincèrement lui offrant un rouleau oublié ; ce n'est qu'une ruse pour l'approcher et le poignarder.
Jésus a été arrêté. Ponce Pilate est curieux de le connaitre. Il discute avec le procureur Ménélius qui prône la libération de Jésus. Il a peur d'une révolte du peuple qui le prend pour le Messie. Ponce Pilate accepte le risque d'en faire un martyre mais tout est préférable au désordre que provoquerait un manque d'autorité. Il conseille à Ménélius de le crucifier avec des condamnés de droit commun afin d'affaiblir la portée politique de cette exécution. Ainsi, lorsque le centurion emmène Jésus en jugement, il sait qu'il est condamné et en pleure de désespoir. Jésus le réconforte en lui demandant de s'en tenir à son devoir. Devant Ponce Pilate, Jésus ne nie pas être le Christ mais nie appeler le peuple à la révolte; son royaume n'est pas de ce monde. Il plaint Ponce Pilate de n'aimer que son chien et el libère de son mal de tête. Si bien que Ponce Pilate est vraiment triste de le condamner (!!!)
Judas abandonné sur la route est retrouvé par un marchand qui lui donne à borie et l'amène chez lui le soigner. Quand Judas retrouve conscience c'est pour entendre gronder le tonnerre que Dieu déclenche à la mort de son fils. Ilse lève péniblement jusqu'au calvaire ou Carabas fou de rage, détruit les trois croix du calvaire et répond par l'affirmative lorsque Judas lui demande s'il a assisté à la crucifixion. Eploré Judas s'en va mourir dans un caveau, heureux de sa fidélité à jésus.
Jésus ressuscité sort de la palmeraie.
Histoire de Judas est bien peu un film d'aventures et ne saurait donc être considéré comme un péplum. Moins populaire, sa forme poétique le rattache au drame épique, parcours qu'il accomplit avec force et audace en dépit ou peut-être à cause de ses faibles moyens financiers. Le film est par ailleurs, par son sujet, un film biblique. La volonté de modernisation du thème pour en faire une œuvre politique n'est pas nouvelle. La réhabilitation de Judas pour faire taire tous les antisémitismes n'est cependant pas bien convaincante pas plus que la liberté accordée au fou de prôner la révolte.
Un film épique libre et beau
Ramener le corps spirituel du Christ vers les humains, du sommet de la montagne à la palmeraie et le prendre sur son dos, à charge, comme il prend à charge sa sécurité et la mission de destruction des écritures voila Judas installé dans toute son humanité serviable et souriante. Suivent encore la splendeur de presque tous les plans initiaux, ceux de palmeraie avec le laurier rose, du beau manteau offert par Judas à Jésus pour prêcher ou plus tard de des plans de montagnes arides où se cache le scribe.
Même liberté dans ces variations heureuses sur des thématiques du nouveau testament : dans le grand vent, Jésus laisse venir à lui les petits enfants, le christ nageant les bras en croix, préfiguration de son destin. Belle idée du bébé âne porté dans les bras alors que l'âne sur lequel Jésus est censé gravir le chemin vers Jérusalem déambule derrière lui. L'empire romain, promis aux ruines, filmé dans ces mêmes splendides ruines qui évoque pour nous aujourd'hui bien plus la grandeur romaine que des reconstitutions de carton-pâte.
Plus inventif et libre, faire revenir Bethsabée, qui fauta avec David dans l'ancien testament, en la femme adultère du nouveau testament. Rabah Ameur-Zaïmeche (RAZ) lui donne Suzanne pour mère, confondant son personnage en Marie-Madelaine répandant du parfum sur les cheveux du Christ. Il passe ensuite au lavement des pieds de ses apôtres par Jésus. Toutes ces libertés poétiques sont bienvenues tout comme l'âne bébé porté lors de la montée sur Jérusalem.
Cette poésie épique évoque parfois la grande peinture religieuse, L'arrestation du Christ pour le modelé des figures et des corps, le rouge enserrant la tête de Jésus et la violence de l'éclairage que l'on trouve aussi dans La vocation de saint Mathieu auquel RAZ donne peut-être un équivalent dans la réunion de Judas avec des hommes de la sécurité juive. Le Christ mort au tombeau de Holbein est explicitement cité lorsque Judas s'en va agoniser au lendemain de la crucifixion du Christ... sans savoir qu'il ressuscitera comme l'indique le dernier plan.
Un film politique peu convainquant
Le film comporte peu de prêches de Jésus. Devant le temple, il dit préférer la connaissance aux sacrifices et chasse les marchands ; ce sera ensuite la phrase sur celui qui n'a jamais péché et on assistera à un début de prêche avant que Judas ne court derrière le scribe. C'est bien peu. Comme si RAZ prônait liberté et beauté tout en se méfiant du discours. Le film prône la liberté qui ne supporte aucune cage pour les animaux, et aucun texte qui figerait la parole libre. Ce faisant, il semble faire peu de cas de l'enseignement et de l'intelligence de son spectateur à interpréter les paroles et les images.
Bien plus prolixe sont Carabas, le fou, variation grandiose du Barabbas des écritures, et Ponce Pilate et Ménélius les oppresseurs romains.
RAZ veut réhabiliter Judas : il était absent durant la Passion et n’a pas vendu Jésus aux Romains. Il était occupé ailleurs pour servir Jésus dans sa volonté de détruire les écritures qui figent la parole pour devenir un dogme. Il n'est pas bien certain que cette réécriture de l'évangile évite l'antisémitisme qui a bien d'autres racines. Qui plus est, le film ne dément pas que Jésus a aussi été exécuté avec l'assentiment de Caïphe. Certes celui-ci est une figure de l'autorité et rend la trahison externe à la communauté des apôtres. Mais on voit difficilement en quoi cela réhabiliterait, s'il en était besoin, le peuple juif.
Comme Timbuktu (Abderrahmane Sissako, 2014), Histoire de Judas modèle l'histoire et les mythes pour promettre par ses images et sa poésie un message de réconciliation avec le monde et entre les hommes.
Jean-Luc Lacuve le 14/02/2015