Chaque été depuis 2012, l’événement “Voyage à Nantes” met en scène la ville en fédérant une multitude de propositions culturelles. Sa force : la diversité et la gratuité de la plupart de ses propositions ! Durant deux mois, l’art infuse partout dans la ville et tisse des connivences. Artistes, architectes, designers et jardiniers réaniment les 12 kilomètres du parcours. Les portes des lieux culturels s’ouvrent “en grand” pour accueillir un large public 7 jours sur 7. Une constellation d’artistes se déploie dans l’espace public qui devient un territoire de rencontres. Les œuvres surgissent au coin de la rue !
Cours Cambronne, face à la statue de Cambronne, fièrement dressée sur son piédestal, la statue d'une jeune fille semble vouloir monter ou descendre de son socle. Sur celui-ci, on distingue deux courts pitons de bronze. Les pieds de la jeune statue sont troués d'un diamètre équivalent, signe qu'elle était ainsi retenue sur son socle. C'est donc bien qu'elle s'enfuit. Sur le socle est inscrit "Eloge de la transgression". Cette œuvre de Philippe Ramette propose ainsi un point de vue décalé sur le monde. Reprenant les codes de la sculpture classique, il rend hommage non pas à la gloire d'un homme mais à une attitude. (source : Le voyage à Nantes, étape 49)
Titan est une agence d'architectes antaise crée en 2011 par Mathieu barré, François Guinaudeau et Romain Pradeau. Titan se démarque par un engagement à la simplicité et l'intention de créer uen réponse poétique intégrée dans son environnement. Pour la place Graslin, les architectes s'inspirent du rapport à la forme et à léquilibre des espaces immaginés par l'architecte Mathurin Crucy, qui dessina la place et le théatre au XVIIe siece et invite le public à chausser les patins à roulettes en installant au centre de la place une piste monumentale dévolueà la aprtique du patins à roulettes. (source : Le voyage à Nantes, étape 51)
Pilleur de formes et de symboles, Ugo Schiavi provoque avec le patrimoine et l’histoire une forme de crash délicat, créant des œuvres dont le traitement volontairement fragile dans une mise en contexte qui peut apparaître violente trouble le regardeur dans son rapport au lieu et à l’œuvre. S’inspirant du récit archéologique d’anticipation Sécheresse (1964) de l’écrivain J. G. Ballard, Ugo Schiavi créé sur la place Royale un fragment de monde, à la lisière des temps passé, présent et futur. Explorant la symbolique fluviale et maritime de la ville de Nantes – dont la fontaine de la place Royale est elle-même une allégorie dominée par la statue d’Amphitrite, déesse de la mer –, Ugo Schiavi détourne ces symboliques de l’eau, du voyage et de la prospérité et met en scène un véritable naufrage d’un bateau de commerce fragmenté, percé et rouillé. Submergeant les statues, cette immense carcasse d’acier est traversée par le flux et le reflux de l’eau qui ruisselle et suinte de toutes parts.
source : Le voyage à Nantes
« L’observation des espaces que je traverse et l’attention à certains détails qui me procurent des émotions ou stimulent mon imagination constituent les prémices de
ma recherche artistique. La manière dont la lumière s’introduit dans un espace, les particularités de l’architecture, les traces de l’histoire du lieu et bien sûr les couleurs, la façon dont elles sont posées et dont elles vieillissent sont autant de points que je tente de dévoiler (...). il s’agit d’une pratique de peintre au sens large, c’est-à-dire en pensant la peinture sous ses multiples définitions et en en utilisant les possibilités extrêmement variées. »
C’est avec cette attention particulière que le regard de Flora Moscovici s’est porté sur cette énigmatique trace du passé, une haute cheminée évoquant l’intérieur de l’ancienne maison des Échevins, qui accueillait au 15e siècle les assemblées du conseil bourgeois avant la création d’une mairie en 1564. La bâtisse fut détruite au début du 20e siècle afin de créer la rue existant aujourd’hui.
Souhaitant faire surgir le potentiel plastique et émotionnel de cet intérieur devenu extérieur, Flora Moscovici intervient à même la pierre pour révéler, tout en finesse et respect, l’histoire et la mémoire du lieu. Travaillant une nouvelle fois in situ, Flora Moscovici se confronte à la surface du vestige. Peints à la brosse, avec une palette de couleurs chatoyantes, les subtils dégradés de l’œuvre embrasent la cheminée. Afin de révéler la matérialité des pierres (du granit au tuffeau), la peinture, par des jeux de transparence, vient s’adapter à leur tonalité et à leur nature. (source : Le voyage à Nantes, étape 8)
Côté carré Feydeau, l’agence nantaise Barré-Lambot, associée au paysagiste Guillaume Sevin, invite à chausser les crampons en créant le Feydball, dont le nom condense celui d’un site – Feydeau – et celui d’un sport – le football.
Ils dessinent sur la pelouse un terrain de foot qui s’adapte aux irrégularités du sol, à sa déclivité et, surtout, à sa forme en croissant. Les spectateurs s’installent sur les marches devenues gradins et assistent à un match déformé par la configuration ubuesque du terrain. Le public peut aussi encourager les joueurs en faisant face à un grand totem miroitant, sorte d’écran de retransmission sur lequel la perception s’inverse : le miroir crée une anamorphose qui rend au terrain son apparence classique, mais déforme joueurs et ballon !(source : Le voyage à Nantes, étape 5)