6 films inédits à découvrir en version restaurée au Café des Images

Pour clôre le cycle Kinuyo Tanaka, la projection du film La nuit des femmes du jeudi 24 mars au Café des Images à 20h00 sera suivie d’une rencontre avec Yola Le Caïnec, chercheuse en cinéma à Rennes. Ce sera l’occasion de revenir sur tous les films de la rétrospective.

Kinuyo Tanaka (1909-1977) est l'une des plus grandes actrices japonaises. Elle est apparue dans 215 films entre 1924, année de ses débuts, et 1976. Elle a tourné avec les plus grands réalisateurs : Ozu, Naruse et surtout Mizoguchi- quinze films ensemble.

Seconde femme cinéaste au Japon, (après la pionnière Tazuko Sakane, 1904-1975, dont un seul film est parvenu jusqu’à nous), elle a réalisé six films, sortis entre 1953 et 1962. La portée, non seulement cinématographique mais aussi culturelle, de ses réalisations était encore peu reconnue au Japon et en Occident avant la rétrospective que lui a consacré le Festival Lumière de Lyon en octobre 2021 suivie, en février 2022, de sa distribution en salle par Carlotta-Films.

En 1953, Kinuyo Tanaka décide de passer derrière la caméra, devenant ainsi la première femme cinéaste d’après-guerre. Son parcours de réalisatrice fut semée d’embûches. L’actrice put néanmoins diriger avec succès six longs-métrages pour différents studios. Entre 1953 et 1962, Kinuyo Tanaka s'entoure des plus grands : Keisuke Kinoshita, Yasujirō Ozu ou Natto Wada au scénario, Yoshiko Kuga ou Machiko Kyō dans la distribution. Son cinéma est résolument un cinéma "au féminin", faisant la part belle aux actrices et aux grands sujets.

Lettre d'amour (1953), mélodrame au style néoréaliste autour d’un amour perdu, aborde le thème des conséquences de la guerre sur les relations sentimentales. La lune s'est levée (1955), comédie du sentiment amoureux « à la Ozu » est un drame familial centré sur trois sœurs. Maternité éternelle (1955), violemment expressionniste, s'inspire de la vie de Fumiko Nakajō, poétesse waka morte à 31 ans d'un cancer du sein. La nuit des femmes (1961), édifiant récit du retour à la vie d’une jeune prostituée, parle des centres de réinsertion pour anciennes prostituées et de la difficulté pour elles de se réintégrer dans la société. Enfin La princesse errante (1960), fresque spectaculaire tirée d’une histoire vraie et Mademoiselle Ogin (1962), flamboyante odyssée amoureuse en costume, brossent le portrait de femmes écrasées par les machinations de l'histoire.

Retour