Lydia Martin examine les adaptations à l'écran des six romans de Jane Austen : Raison et sentiment (Sense and sensibility, 1811), Orgueil et préjugé (Pride and prejudice, 1813), Mansfield park (1814), Emma (1816), Northanger Abbey (1818), Persuasion (1818).
Si la première adaptation d'un roman de Austen est assez précoce avec le Orgueil et préjugé de Robert Z. Leonard en 1940, il faut néanmoins attendre les années 95-96 avec les multiples adaptations par la BBC et le raison et sentiment de Ang Lee pour voir le corpus s'accroître véritablement
La première partie est centrée sur les thèmes des romans de Jane Austen : l'argent, repas et nourriture, l'éducation, l'autorité, le mariage. En s'intéressant principalement à la peinture de la société de son époque, Jane Austen se livre à des analyses qui s'apparentent à celles du roman de murs, ce sous genre romanesque qui examine les us et coutume et les comportements de la petite noblesse anglaise à l'aube du 19ème siècle. Cet écrivain se penche plus particulièrement sur les conflits que doivent traverser les femmes avant de trouver leur place dans la communauté. Par conséquent, parce qu'il est à la base de toute ressource économique pour elles, le mariage est un thème récurrent de ses romans.
La deuxième partie traite des problèmes techniques de l'adaptation au cinéma : fidélité ou trahison, remake, bande sonore.. Elle comporte aussi un rappel de l'intéressante typologie de Geoffrey Wagner dans The novel and cinema (1975). Cette typologie distingue trois types d'adaptations. La transposition qui tente de rester au plus près de l'uvre originale, le commentaire qui modifie le roman soit dans les détails en soulignant certains éléments soit en modifiant même sa structure générale. L'analogie qui utilise le roman seulement en tant que point de départ.
Orgueil et préjugés : transposition
(Simon
Langton, 1995) et commentaire (Joe
Wright, 2005)
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La troisième partie examine à la fois la réception et
l'interprétation des romans et des films et notamment dans ces derniers
la présence ou non de l'ironie de Jane Austen vis à vis de ses
personnages et la relecture féministe qui a pu être faite de
son uvre.
Le retour de la typologie de Geoffrey Wagner permet de distinguer transpositions assez neutres et commentaires. La majorité des adaptations de la BBC sont des transpositions avec un grand soin porté sur la fidélité même s'il est difficile de garder tous les personnages, les dialogues et les événements. Les commentaires font la part belle aux idées féministes, souvent explicitées et au romantisme. Chez Jane Austen les hommes sont assez fades et voir insignifiants. Les films rajoutent des scènes ou les héros, devenus séduisants, affirment leur désir de mariage et se montrent attentifs aux désirs de leur future femme.