Editeur : Wild Side Video, septembre 2011; Master restauré. Anglais mono Sous-titres : Français. Durée : 1h28. 15 €.

suppléments :

  • L'empreinte de Richard Thorpe : entretien avec Patrick Brion (13)
  • Galerie photos

 

À New York, en 1900, la communauté italienne vit sous la coupe de la Main Noire, organisation spécialisée dans l'extorsion de fonds et les meurtres en tous genres. L'avocat Roberto Columbo voudrait, en liaison avec la police, lutter contre ce fléau. Mais il est assassiné. Maria, son épouse, repart pour l'Italie avec leur fils Johnny. Huit ans plus tard, celui-ci retourne aux États-Unis afin de venger son père..

Le film est l'une des premières œuvres cinématographiques à dénoncer la toute-puissance de la Mafia. C'est, dixit les cartons d'introduction du film, grâce au courage des premiers immigrés italiens, qui luttèrent contre la mafia, que l'Amérique d'aujourd'hui peut s'enorgueillir des grands hommes venus de ce pays.

Thorpe ne se prive pas de montrer la statue de la liberté, d'évoquer le Singer building qui vient alors tout juste d'être construit et d'ancrer son film près du Carey street Hotel au pied du pont de Manhattan. Le nom même du héros, Columbo, est évoqué par Isabella comme celui dont elle aimait à se souvenir qu'il avait découvert l'Amérique. Et c'est bien cette nouvelle Amérique qui doit retrouver confiance dans sa police et ses institutions dont il est proposé ici la naissance avec la création d'une ligue de citoyens s'inspirant, dit Isabella, de ce qui s'est créé à la Nouvelle Orléans.

La violence de la main noire n'est pas esquivée : enlèvements d'enfants, pose de bombe et usage de la terreur. L'organisation criminelle fait exploser un immeuble et tue 35 personnes alors qu'elle n'en visait qu'une. Au passage d'un texte de droit appris par cœur par Johnny, la justice américaine est montrée comme défendant mieux les droits des accusés que la justice européenne, ce qui la rend aussi plus vulnérable face aux criminels. C'est pourquoi, c'est en Italie que l'on trouvera les condamnations qui permettront l'expulsion des mafiosi.

Même si le film est, hormis le passage napolitain, presque exclusivement nocturne, les moyens employés sont toujours légaux et ne pèsent pas sur la conscience de Johnny qui a abandonné sa vengeance personnelle. En ce sens, c'est plus un film de gangsters qu'un film noir.

 

L'empreinte de Richard Thorpe : entretien avec Patrick Brion (13')

La première surprise est de découvrir le héros de Chantons sous la pluie et d'Un jour à New York sous les traits d'un Américain d'origine italienne s'attaquant à la Main Noire. C'est la preuve que les studios sont moins spécialisés qu'on ne le croit. Gene Kelly a tourné La croix de Loraine (Tay Garnett, 1943) sur la résistance, The devil makes three (Andrew Marton, 1952) et celui-ci entre Un jour à New York et Jolie fermière (summer stock).

Mark Lawrence, acteur de théatre, à joué dans Kay Largo. Lors de la chasse aux sorcières, il donne des noms de gens de théatre. Il s'exile en Italie et tourne chez Commencin ou Risi avant de revenir jouer dans La lettre du Kremlin de Huston.

Richard Thorpe réalise 183 films à patir de 1923. Il arrive à la MGM dans les années 30 et en sera un pilier comme Van Dyke ou Jack Comway. Ce n'est pas un auteur comme Ford, mais un metteur en scène solide avec lequel la premiere prise est la bonne. Ses meilleurs films sont Taro le païen (1935), La force des ténèbres (1937), Le gangster de Chicago (1940, le gangster est aussi un aristocrate britannique), les trois Tarzan, Tondelayo, Cry havoc avec son groupe de femmes isolées dans le Pacifique, Malaya (1949), Le grand Caruso, La vallée de la vengeance (1951) et la trilogie Ivanhoé, Les chevalier de la table ronde (d'une noirceur proche des celle des Nibelungen) et Quentin Durward puis, Le prisonnier de Zenda, La perle noire et Le rock du bagne (1957).

 

 

 
présente
 
La main noire de Richard Thorpe