La main noire

1950

(Black Hand). Avec : Gene Kelly (Johnny Columbo), J. Carrol Naish (Louis Lorelli), Teresa Celli (Isabella Gomboli), Marc Lawrence (Caesar Xavier Serpi). 1h32.

À New York, en 1900, la communauté italienne vit sous la coupe de la Main Noire, organisation spécialisée dans l'extorsion de fonds et les meurtres en tous genres. L'avocat Roberto Columbo voudrait, en liaison avec la police, lutter contre ce fléau. Mais il est assassiné. Maria, son épouse, repart pour l'Italie avec leur fils Johnny.

Huit ans plus tard, Johnny retourne aux États-Unis afin de venger son père. Il retrouve une amie d'enfance, Isabella Gomboli, seule rescapée, avec son petit frère Rudi, d'un attentat perpétré par les mafiosi. La jeune fille travaille dans la banque du respecté Caesar Serpi, en réalité patron de la Main Noire. Moriani, témoin du meurtre de Roberto, est exécuté avant d'avoir pu parler à Johnny. Louis Morelli, lieutenant de police et ancien amoureux de la mère de Johnny tente de dissuader celui-ci de s'engager dans une vendetta personnelle.

Johnny et Isabella tentent d'organiser une résistance légale face à la Main Noire en constituant une ligue de citoyens. Ils échouent à rallier à eux le commerçant Danetta, victime d'une tentative de chantage après l'enlèvement de son enfant. Johnny a néanmoins convaincu six commerçants et Lorelli quatorze. De plus pour réunir les vingt hommes et leurs femmes, Lorelli a trouvé un prêtre qui veut bien prêter son église. Le soir de la première réunion de la ligue, Johnny tarde. Il a été passé à tabac par la main noire et s'écroule, visage tailladé et jambe brisée. Les habitants du quartier perdent courage.

Un commerçant, Sabballera, est victime d'un attentat dans Dougherty street. Lorelli découvre un fragment de lettre ayant servi à bourrer la bombe et, aidé de Johnny, réussit, en consultant les signatures des listes électorales, à mettre la main sur le coupable, George Allani.

Toutefois, le jour du procès, Sabballera décidé à témoigner perd courage devant les menaces de mort des amis d'Allani. Celui-ci est malgré tout extradé, car il était fiché en Italie sous le nom de Tomasino pour meurtre, et s'était introduit aux États-Unis sous une fausse identité.

Lorelli a alors l'idée de se rendre en Italie afin de retrouver, dans les dossiers de la police, les habitants de son quartier qui ont un casier judiciaire. Il mène à bien sa mission, mais à peine a-t-il posté à Johnny la liste des criminels, qu'il est abattu.

Pour récupérer la lettre, la Main Noire enlève Rudi. Malgré les supplications d'Isabella, Johnny refuse de céder au chantage. Il découvre que l'enfant est séquestré chez le commerçant Pietro Riago, et s'introduit dans les lieux. Rapidement maîtrisé et ligoté, il réussit néanmoins à mettre le feu à une réserve d'explosifs, anéantissant ainsi la bande des mafiosi. Après quoi, il remet à la police la précieuse liste de Lorelli.

Le film est l'une des premières œuvres cinématographiques à dénoncer la toute-puissance de la Mafia. C'est, dixit les cartons d'introduction du film, grâce au courage des premiers immigrés italiens, qui luttèrent contre la mafia, que l'Amérique d'aujourd'hui peut s'enorgueillir des grands hommes venus de ce pays.

Thorpe ne se prive pas de montrer la statue de la liberté, d'évoquer le Singer building qui vient alors tout juste d'être construit et d'ancrer son film près du Carey street Hotel au pied du pont de Manhattan. Le nom même du héros, Columbo, est évoqué par Isabella comme celui dont elle aimait à se souvenir qu'il avait découvert l'Amérique. Et c'est bien cette nouvelle Amérique qui doit retrouver confiance dans sa police et ses institutions dont il est proposé ici la naissance avec la création d'une ligue de citoyens s'inspirant, dit Isabella, de ce qui s'est créé à la Nouvelle Orléans.

La violence de la main noire n'est pas esquivée : enlèvements d'enfants, pose de bombe et usage de la terreur. L'organisation criminelle fait exploser un immeuble et tue 35 personnes alors qu'elle n'en visait qu'une. Au passage d'un texte de droit appris par cœur par Johnny, la justice américaine est montrée comme défendant mieux les droits des accusés que la justice européenne, ce qui la rend aussi plus vulnérable face aux criminels. C'est pourquoi, c'est en Italie que l'on trouvera les condamnations qui permettront l'expulsion des mafiosi.

Même si le film est, hormis le passage napolitain, presque exclusivement nocturne, les moyens employés sont toujours légaux et ne pèsent pas sur la conscience de Johnny qui a abandonné sa vengeance personnelle. En ce sens, c'est plus un film de gangsters qu'un film noir.

Jean-Luc Lacuve le 29/09/2011.

Test du DVD

Editeur : Wild Side Video, septembre 2011; Master restauré. Anglais mono Sous-titres : Français. Durée : 1h28. 15 €.

suppléments :

  • L'empreinte de Richard Thorpe : entretien avec Patrick Brion (13)
  • Galerie photos