Editeur : Montparnasse, avril 2008. DVD 1 : Lamour à la mer, Au pan coupé. DVD 2 : Le clair de terre. Suppléments :
Guy Gilles respire l'esprit de la nouvelle vague, cet équilibre entre saisie d'un réel presque documentaire et imaginaire très fort des personnages. Si la mémoire y joue un grand rôle elle est moins une plongée dans le passé qu'une façon de vivre le présent comme un souvenir. Ce qui revient du passé hante le présent. Ainsi de l'éloge de la musique et des parfums, médium pour se rappeler les choses. "Quand on est très gai, la musique ça vous rend encore plus gai ; quand on est triste, encore plus tristes". Les changements très rapides de plans très courts autant que le basculement de la couleur au noir et blanc abondent dans ce cinéma où prime la sensation. Il y fait l'éloge du départ et de l'aventure avec abondance de routes, rails ports et aéroports et description diurne et nocturne de Deauville, Brest, Paris, Ramatuelle. dans L'amour à la mer, de la Tunisie dans Le clair de Terre. L'arrière plan social est toujours très présent : évocation de la guerre d'Algérie, des bidonvilles de Brest, des Hôtel de Barbès où une famille de noirs africains vit depuis dix ans dans une chambre à six. Si Guy Gilles s'emporte contre le pittoresque de la misère, en Algérie surtout, il fait l'apologie de la beauté des traces d'un Paris pauvre, populaire, kitch au sortir d'une boulangerie ou des bains douches. Une pauvre chambre sera toujours viable décorée de livres et de photos. Guy Gilles est très proche de François Truffaut. Dans L'amour à la mer, Guy est parti à seize ans pour pouvoir choisir : "La vie de famille ça fait partie des choses qu'on vous impose". L'amour de Paris est vital pour l'un et l'autre. La relation à la mère est très marquante même si très différente. Débarquant à Paris, Guy porte une valise d'une main et de l'autre le portrait de sa mère, seul souvenir qu'il a gardé d'elle. Les films de Guy Gilles où chaque plan est splendide, la musique et le texte émouvants sont portés par le désir de comprendre le monde à partir de la vision d'un être irreductiblement singulier : "On devient original, singulier et pour les autres, on peut paraître fou. Je rêve de faire ce qui me plait de retrouver un regard d'enfant libre, le droit de choisir, de changer, d'être différent, donc moi-même. Ce qui est beau dans la vie, c'est que tout change sans cesse et qu'il nous est donné demain de pouvoir changer."
|
présentent
|
||