Le Marais, au cur de Paris, vieux quartier populaire dont une guide volubile vante les charmes à des touristes distraits. Un quartier promis à l'abandon si une population jeune et dynamique, les rapatriés d'Afrique du Nord, n'était venue s'y installer pour lui redonner les couleurs de la vie. Calme et ombragée, la Place des Vosges en est le poumon ; enfants, amoureux, vieillards et étudiants y cohabitent. Trois jeunes gens, une fille et deux garçons, Michel et Pierre, se séparent après une discussion animée. Pierre vient d'annoncer sa décision de partir en Tunisie, où il est né, à la recherche de ses racines. Sa mère y est morte et son père ne s'est jamais remis, moralement, de ce décès ni de l'exil forcé qui l'a conduit à Paris, à l'étranger en quelque sorte, avec son jeune fils.
Pierre a besoin d'aide pour assumer les frais du voyage. Des amis, un éditeur, une antiquaire, lui donnent de l'argent. Avant de quitter Paris, il enterre avec Michel sa vie d'exilé dans les bistrots de Pigalle où d'autres déracinés cherchent l'oubli dans l'alcool ou les bras des prostituées. Il fera un détour par Deauville pour y dire adieu à une amie très chère, Maria, musicienne comme son père et sa mère, avant de gagner Marseille et d'embarquer. Sur le bateau, il se lie avec un garçon de son âge, Maurice Garcia, qui va passer ses vacances chez ses parents restés au pays.
À Tunis, Pierre erre dans les ruelles, sur la plage. Il ne se souvient de rien : il a quitté la Tunisie quinze ans plus tôt, lorsqu'il était enfant. Heureusement, il retrouve Mme Larivière, qui fut son institutrice et a bien connu ses parents. Elle le guide dans la ville, vers les lieux de son enfance, son école, un parc où elle a fait la connaissance de sa mère, qu'elle lui décrit fine, douce et gaie. Puis Pierre prend le train, s'arrête au hasard, guette les murmures de la Tunisie profonde. Revenu chez Mme Larivière, dans sa maison face à la mer, il recueille, attentif et ému, des bribes d'un passé, le sien, au travers des souvenirs qu'égrène son amie, dont la tendresse quasi maternelle l'apaise et lui fait entrevoir ce que peut être le bonheur. Un bonheur qu'il éprouvera encore chez les parents de Maurice, qui l'accueillent avec simplicité et chaleur.
À Paris, Pierre et Michel se retrouvent Place des Vosges. La jeune fille présente lors de leur dernière rencontre est morte. Mais Pierre, pourtant, semble connaître à nouveau le goût de vivre : « J'ai envie d'aller et venir, d'essayer de comprendre. »
L'amour de Paris, les traces sur les murs, le portrait de sa mère, le goût des départs et des voyages, l'envie de comprendre, l'omniprésence de la mort... Tout l'univers de Guy Gilles.