Une jeune fille se souvient, et revit son amour pour un jeune révolté, ancien fugueur, emprisonné à quinze ans sans être délinquant, qui refusa, jusqu'à la mort, le monde tel qu'il est celui de la bourgeoisie comme celui des beatnik, mendiants et vaincus d'avance. Jeanne ignorera toujours que Jean est mort et sa présence veillera toujours sur elle tel un fantôme.
Splendeur des textes : "Jeanne évita surtout ce pan coupé de leur amour où tout s'effondra lorsqu'elle compris que la promesse de Jean de ne jamais la quitter n'était qu'un sursis comme il le lui avait dit lors de leur première rencontre".
Le basculment du Noir et blanc à al couleur est plus systématique, moins ressenti que dans L'amour à la mer. Au noir est blanc est réservé ce qui est vécu au présent, tout le début avant la mort de Jean et la couleur illumine le passé.
Refus de la banalité du quotidien illustré par la collection de cartes postales d'une femme trouvée par hasard. A l'opposé de Jean, Pierre, l'ami de Jeanne croit en la vie : "Comment expliquer la douceur, l'indulgence et que le monde est si fort et si riche et plus beau peut-être que dans nos meilleurs rêves ?"
Margueritte Duras fut une fervante admiratice du film : "Au Pan coupé de Guy Gilles est le film d'un amour. L'amour a été interrompu par le départ, la mort. Il est vécu à partir du déchiffrage obsessionnel du passé. Ce passé a été bref, il est maintenant opaque et inépuisable comme un crime. Ici, enfin, l'amour n'est pas montré à partir de l'étreinte dans le-lit-d'hôtel. Son évocation par le visage - visage d'une femme cinquante fois répété, à une ombre près, un regard, un crispement sous le harcèlement de la blessure - est tout simplement admirable. Non, cela n'avait jamais encore été fait au cinéma ".