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Tout ce que le ciel permet

1955

Voir : photogrammes
Genre : Mélodrame

(All that heaven allows). Avec : Jane Wyman (Cary Scott), Rock Hudson (Ron Kirby), Agnes Moorehead (Sara Warren), Conrad Nagel (Harvey), Virginia Grey (Alida Anderson). 1h29.

DVD Carlotta Films

Veuve d'âge mûr, Carey Scott mène une vie terne et sans histoire dans une petite localité de Nouvelle-Angleterre, se consacrant au bonheur de ses deux enfants Ned et Kay, qui viennent d'entrer à l'Université. Souhaitant qu'elle ne termine pas ses jours en solitaire, ses enfants et son amie et confidente, Sara Warren, la poussent dans les bras de Harvey, quinquagénaire aisé auprès de qui elle trouverait la tendresse et la sécurité.

Mais Carey rêve encore d'un grand amour. C'est dans cette disposition d'esprit qu'elle rencontre Ron Kirby, le séduisant pépiniériste - de quinze ans plus jeune qu'elle - engagé par ses soins pour s'occuper de son jardin. Ron Kirby ne tarde pas à partager sa passion et ils deviennent amants. Le jeune homme l'emmène dans sa demeure, un vieux moulin situé au milieu des bois où il vit loin du monde, des préjugés et des conventions.

Mais la liaison de Carey est rejetée par son entourage : non seulement à cause de leur différence d'âge mais aussi parce que Kirby est d'un niveau social bien inférieur. Pour ne pas déplaire à ses enfants, Carey rompt avec Ron et recommence à fréquenter Harvey. Peu après, Kay se marie et Ned, mobilisé, part pour l'étranger. Souffrant de la solitude, Carey apprend que Ron a été victime d'un grave accident. Découvrant que son sacrifice n'a pas empêché l'ingratitude de ses enfants, elle part le soigner et, à sa guérison, décide de braver l'hypocrisie qui l'entoure en l'épousant.

Après le succès du Secret magnifique, la mécanique hollywoodienne se met en marche : Wyman et Hudson sont de nouveau réunis dans un mélodrame dirigé par Sirk et ce sera Tout ce que le ciel permet.

Selon Douglas Sirk : "Le succès américain provient du fait que le film est fondé sur une philosophie typiquement américaine, celle d'Emerson et de ses disciples où la nature tient une grande place… Le thème du retour à la nature a sans douté été inspiré par Rousseau. Son influence n'a gagné l'Amérique qu'assez tard parce qu'à l'époque où il écrivait les problèmes qu'il abordait ne se posaient pas encore aux américains qui n'avaient encore que des contrées sauvages et pas encore construit des villes. Ce désir de retour à une vie primitive et simple était à mon avis parfaitement incarné par cet homme qui s'occupait de faire pousser des arbres, vivait dans un jardin et méprisait l'argent et la haute bourgeoisie. Or ça, c'est tout le rêve américain."

Tout ce que le ciel permet comporte une forte part de critique sociale. Après un premier plan sur le clocher de l'église, où s'affichent le nom des deux acteurs et le titre, la caméra déplace son champ sur la ville où vont s'étaler les préjugés et les frustrations des bourgeois qui se révèlent quand ils ont bu. Rien à espérer non plus de la nouvelle génération avec le caractère traditionnel des enfants. C'est, transposé dans la Nouvelle Angleterre, tout ce que Sherwood Anderson (1876–1941) décrivait dans Winesburg, Ohio; situé dans le Midwest : une petite communauté repliée sur elle-même dont le narrateur fiche le camp à la fin. Une vision très critique, à l'opposée de celle de Capra.

Sirk démontre que l'ironie et l'émotion peuvent aller de pair dans la scène extraordinaire où arrive sur une table à roulettes le cadeau du fils à sa mère, un poste de télévision, ainsi commenté par le vendeur : "Tout ce que vous avez à faire, c'est de tourner le bouton et vous aurez toute la compagnie que vous pouvez désirer, là sur l'écran : le drame, la comédie, la parade de la vie sont à la pointe de vos doigts".

Splendide Technicolor de Russell Metty qui oppose la mesquinerie citadine des habitants de Stoningham et la beauté de la nature. Les plans qui terminent le film (le cerf passant devant la baie vitrée de la maison de Rock Hudson) sont parmi les plus beaux de l'œuvre de Sirk.

Sources :

Test du DVD

Editeur : Carlotta Films. Novembre 2007. Format : 1.85. VO VOSTF & VF mono (1h25).

Suppléments : Éclats du mélodrame : Filiations (15 mn) Jean-Loup Bourget, évoque les figures contemporaines influencées par le cinéma de Douglas Sirk. La tendresse selon Sirk (15 mn) Todd Haynes parle de sa fascination pour Fassbinder et Douglas Sirk. Les films libèrent la tête (10 mn) Tiré d’un recueil de textes écrits par Rainer Werner Fassbinder. Quand la peur dévore l’âme (2007 – 25 mn) un film-mix de François Ozon. Contract Kid (23 mn) L’acteur William Reynolds revient sur sa carrière et sa collaboration avec Douglas Sirk.

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