(1928-2012)
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Pierre Schoendoerffer est né le 5 mai 1928 à Chamalières, mais il est d'origine alsacienne et passe une partie de son enfance à Reischoffen, terre de ses ancêtres. Encore lycéen à Annecy, grand lecteur d'Herman Melville, Joseph Conrad ou Jack London, il est stimulé par la lecture du roman de Joseph Kessel Fortune Carrée et se passionne pour la mer. En 1947, il se présente à l'examen d'entrée à l'École nationale de la Marine marchande, mais échoue et s'embarque comme matelot léger sur un cargo suédois. Il va naviguer ainsi pendant 18 mois.
Hors le goût de l'aventure, son autre passion est le cinéma. Il a avoué que, tout jeune, il pouvait voir plusieurs films dans la même journée. Mais il se heurte à la difficulté de rentrer dans ce milieu professionnel ("C'est un château de Kafka", aimait-il dire). Il apprend, en lisant dans la presse un article consacré à la mort d'un caméraman de l'armée, l'existence d'un service cinématographique des armées. Il s'engage, effectue un stage au Fort d'Ivry et part en Indochine en 1952. Il est envoyé d'abord au Cambodge, devient caporal-chef et cameraman. Il filme les opérations militaires. Il est fait prisonnier à l'issue de la bataille de Diên Biên Phu, qui marquera la fin de la domination française sur l'Indochine, et survivra à l'épreuve d'une captivité particulièrement dure : "C'est l'envers de l'aventure. Ce n'est pas exaltant comme une charge de cavalerie ! C'est une descente en soi-même, et j'ai encore des tas de choses à puiser là-dedans..."
Il est démobilisé en 1955, mais reste au Vietnam comme correspondant de guerre pour des magazines tels que "Life".A son retour en France, il devient journaliste, travaille pour les actualités cinématographiques et part au Maroc, puis pour une Algérie qui commence à connaître les soubresauts sanglants de la lutte pour l'indépendance. C'est Joseph Kessel, son idole littéraire qu'il a rencontré à Hongkong après sa libération, qui lui permet de réaliser un "documentaire romancé" tiré d'un de ses propres livres, La passe du diable, sur deux frères afghans pratiquant l'âpre sport qu'est le bouzkachi Il coréalise son premier film avec Jacques Dupont. Il fait ensuite la connaissance du producteur Georges de Beauregard, qui finance ses films suivants : Ramuntcho (1959) et Pêcheur d'Islande (1959). Lâchant provisoirement le cinéma, Schoendoerffer redevient ensuite reporter, notamment pour "Paris Match", puis pour la télévision française (ses reportages sur le Yémen et l'Algérie sont diffusés dans l'émission "Cinq colonnes à la une"). En 1963, il publie son premier roman, La 317e section, dont il tire un film qui sort en 1965. Il devait d'ailleurs déclarer que ce n'était pas "un vrai roman, mais déjà le scénario exact du film". À propos du film lui-même, Schoendoerffer a souligné que ce n'était pas véritablement un film de guerre, et que ce qui l'avait fasciné, c'était "le cheminement vers la mort d'un groupe d'hommes, pendant lequel ils traversent un certain nombre de vallées, de déserts et de mers de larmes."
Après Objectif : 500 millions (en 1966) et un projet avorté sur la Première Guerre mondiale (pour lequel il souhaitait obtenir Jean-Paul Belmondo), Schoendoerffer passe deux mois au Vietnam, avec un caméraman et un ingénieur du son, pour filmer des soldats américains sur le terrain, ce qui deviendra La section Anderson, qui remporte l'Oscar du meilleur documentaire à Hollywood en 1968 (le film est diffusé à "Cinq colonnes à la une" et vendu à presque toutes les télévisions du monde).
En septembre 1969, il publie un second roman, L'adieu au roi, qui lui vaut le Prix Interallié, et dans lequel il pose les problèmes d'un soldat "qui, à l'instar du capitaine Reichau d'Objectif : 500 millions, estime qu'il n'y a que trois vrais métiers pour un homme : roi, poète ou capitaine. "
Nouveau roman en 1976, Le Crabe-Tambour, qui obtient le Grand Prix du Roman de l'Académie française, et qu'il porte à l'écran l'année suivante, grâce au concours de la Marine nationale : celle-ci accepte. Schoendoerffer et son équipe à bord du "Jauréguiberry", ancien escorteur d'escadre qui partait pour une dernière mission d'assistance à la Grande Pêche. L'un des interprètes du Le Crabe-Tambour, Jean Rochefort, a déclaré : "Schoendoerffer n'est pas un technicien. Ce n'est pas un homme qui fait du prêt-à-porter. C'est un écrivain, un poète. Il a le désespoir à fleur de peau." En 1982, Pierre Schoendoerffer écrit et réalise L'honneur d'un capitaine, produit par Georges de Beauregard et interprété, entre autres, par Nicole Garcia, Claude Jade, Georges Marchal et Charles Denner.
Il poursuit avec Diên Biên Phu (1992) et Là-haut, un roi au-dessus des nuages, (2003), film-testament également tiré d'un de ses romans, ses épopées humaines sur les guerres coloniales perdues et les soldats qui les ont faites.
Filmographie :
1958 | La passe du diable |
Coréalisé avec Jacques Dupont. Avec : Jean Négroni (Le narrateur), Mokhi, Rahim, Uroz, Azra, Rhalil. 1h30. Issus d’un village reculé d’Afghanistan, Mokkhi, un émérite cavalier, un "tchopendoz" et son petit frère, Rahim, rêvant de le devenir lui-même, rejoignent clandestinement la capitale pour assister à l’événement royal qu'est le grand tournoi de bouzkachi de Kaboul.... |
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1959 | Ramuntcho |
Avec : Mijanou Bardot (Gracieuse), Albert Dinan (Baptistin), Marie Glory (Franchita), François Guérin (Ramuntcho), Roger Hanin (Itchoa) .1h30. | |
1959 | Pêcheur d'Islande |
Avec : Jean-Claude Pascal (Yann Gaos), Charles Vanel (L'armateur Mével), Michel Garland (Berger), Juliette Mayniel (Gaude Mével), Mag-Avril (La grand-mère). 1h27. Gaude Mevel est une jeune Paimpolaise élevée à Paris qui s'éprend du rude marin, Yann Gaos. Mais celui-ci n'ose répondre à cet amour. Lorsqu'il apprend que Gaud est orpheline et pauvre, il l'épouse. Depuis longtemps, Yan désire embarquer sur le chalutier 'Pecheur d'Islande', mais ce bateau est maudit. Beaucoup d'hommes y sont morts. Yan finit par être accepté à son bord et part pour une saison de pêche... |
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1965 | La 317e section |
Avec : Jacques Perrin (Le sous-lieutenant Torrens), Bruno Crémer (L'adjutant Willsdorf), Pierre Fabre (Le sergent Roudier). 1h40. Le 3 mai 1954, tandis qu'approche l'issue fatale de la bataille de Dien Bien Phu, la 317e section, composée de Laotiens et conduite par quatre officiers et sous-officiers français, reçoit son ordre de repli. La section doit gagner le poste de Tao-Tsai, plus au sud, où elle doit rejoindre la colonne "Crève-Cur" qui tente de se frayer un chemin jusqu'au camp retranché de Dien Bien Phu... |
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1966 | Objectif : 500 millions |
Avec : Bruno Crémer (Capitaine Jean Reichau), Marisa Mell (Yo), Etienne Bierry , Jean-Claude Rolland , Jean-François Chauvel. 1h40. Le capitaine Richau, ancien de la guerre d'Algérie, a participé à des activités subversives. Condamné, il se trouve, à sa sortie de prison, sans travail, sans argent et cruellement marqué par l'issue d'un combat qu'il n'a pas accepté. Il n'est pas tout à fait sans amis. Quelques anciens, dont l'un surtout, Douard, qui servit sous ses ordres, se proposent de l'aider. En vain. C'est dans ce climat psychologique qu'un jour, une jeune femme, Yo, le contacte. Il s'agit de participer à un hold-up. |
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1967 | La section Anderson |
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1977 | Le Crabe-Tambour |
Avec : Jean Rochefort (Capitaine), Claude Rich , Aurore Clément , Odile Versois , Pierre Rousseau. 1h59. Le "Jaureguiberry", puissant escorteur d'escadre, quitte Lorient. Il va servir, pendant plusieurs mois, de bâtiment d'assistance à toute une flotille de bateaux de pêche en direction de Terre-Neuve. A bord, le commandant, homme taciturne rongé par un mal incurable, et le médecin, Pierre, qui après avoir servi en Indochine s'est réengagé dans la marine. |
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1982 | L'honneur d'un capitaine |
Avec : Jacques Perrin (Capitaine Caron), Nicole Garcia (Patricia Caron), Charles Denner (Gillard), Claude Jade (Valouin). 1h57. La guerre d'Algérie est le sujet d'un débat télévisé. Au cours de celui-ci, le professeur de sociologie Paulet, ancien résistant, dénonce les méthodes du capitaine Caron tué au combat en 1957. Sa veuve, Patricia, scandalisée par l'accusation d'un mari qu'elle n'a que peu connu, décide d'intenter un procès à Paulet... |
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1992 | Diên Biên Phu |
Avec : Donald Pleasence (Howard Simpson), Patrick Catalifo ( Jégu de Kerveguen), Jean-François Balmer (l'homme de l'AFP). 2h20. Le 13 mars 1954, alors que le conflit en Indochine s'étire, les troupes françaises postées à Diên Biên Phù savent que le Vietminh va attaquer. Effectivement, à 17 heures 30, on entend au loin les premiers tirs viets. A Hanoï, Simpson, correspondant de guerre américain, court après des informations... |
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2003 | Là-haut, un roi au-dessus des nuages |
Avec : Florence Darel (La journaliste), Bruno Crémer (Le colonel), Jacques Perrin (Henri Lanvern, le cinéaste), Claude Rich (le rédacteur en chef), Jacques Dufilho (Le curé). 1h40. Paris, 1977, deux ans après la chute de Saïgon. Une jeune journaliste du « Figaro » enquête auprès d'un producteur de cinéma sur la disparition du cinéaste Henri Lanvern. En Thaïlande, à la fin du tournage d'un film intitulé « Un Roi au-dessus des nuages », il a prétexté s'absenter trois jours en repérage. Depuis, nul ne l'a revu. Un communiqué de presse annonce son arrestation comme « espion impérialiste ». La journaliste obtient de son rédacteur en chef - un ancien d'Indochine qui y a bien connu Lanvern - l'autorisation d'approfondir le dossier. D'une interview à l'autre, elle mène une véritable enquête policière, psychologique et historique. Un colonel des services de renseignements lui révèle que Lanvern est allé à la rencontre du général Cao Ba Ky, son vieil ami de guerre évadé d'un camp de rééducation communiste. Elle en rend compte à son chef, retenu chez lui par un « coup de palu ». Pour l'aider à retrouver Lanvern, il se livre à son tour à des confidences sur le colonel : débarqué comme lieutenant il y a trente ans au Nord Laos et sauvé des Japonais par les Méos, ces montagnards de « là-haut », il a vécu près d'eux et défendu leur cause jusqu'à l'arrivée de de Lattre à Hanoï. Lanvern avait-il une dette envers Cao Ba Ky ? Le colonel lui narre la dure vie des camps, en présence du général de La Motte Noire, qui a l'air d'en savoir long... Au moment de rencontrer ce dernier, elle apprend qu'il s'est défenestré. À ses obsèques aux Invalides, elle fait la connaissance de Radar, reporter de guerre qui lui ouvre les archives photographiques... En Bretagne, elle questionne le recteur d'une paroisse dans un village de pêcheurs, dont Lanvern était originaire. Le vieil ecclésiastique, son directeur de conscience de Lanvern, lui confirme qu'il est bien parti retrouver « là-haut » son ancien compagnon d'armes, tel un roi au-dessus des nuages... La journaliste accompagne son rédacteur en chef à l'aéroport : happé par l'Asie, il part y vivre et y mourir. Elle apprend, de la bouche du colonel, la mort de Lanvern, qui devait être « échangé » contre un agent du KGB. L'honneur et la fidélité du coeur mettront au diapason, à l'instant du dénouement, ces deux âmes si dissemblables. |
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