Depuis des années, Stéphane travaille avec Maxime, mondain, expansif, qui dirige la lutherie dont il est le maître-artisan. Taciturne, Stéphane, en apparence indifférent à tout sauf à la musique, ne l'en observa pas moins avec attention et recul.
Maxime présente à Stéphane sa dernière conquête, Camille, une violoniste toujours flanquée de Régine, son agent-mentor. Stéphane retourne à son travail mais il confie à une amie, la libraire Hélène, le trouble ressenti devant Camille.
Stéphane offre à Lachaume, son professeur de musique qui fut aussi celui de Maxime, un automate musicien qu'il a mis des jours à réparer. Lachaume partage la même exigence de perfection et d'intransigeance que lui mais vit confortablement avec Madame Amet, sa gouvernante, toujours entourée de jeunes enfants, amis de son neveu de dix ans.
Camille fait appel à Maxime et Stéphane pour redonner vie à son violon avant l'enregistrement d'ici un mois des trois principales pièces de musique de chambre de Maurice Ravel : les deux sonates, celle pour violon et violoncelle et celle pour violon et piano ainsi que le Trio pour violon, violoncelle et piano. A l'écoute, Stéphane déclare que le chevalet est un peu voilé et s'engage à le changer rapidement.
Lors de la répétition de la Sonate pour violon et violoncelle, devant un parterre amical, dont Maxime et Stéphane, Camille se trouble et n'arrive à jouer qu'une fois Stéphane parti. Il sait avoir troublé Camille.
Par jalousie ou désir, il tente d'attirer l'attention de la jeune femme lors d'une soirée chez Lachaume.
Il vient le lendemain apporter un violon légèrement modifié à Camille qui répète le Trio. Stéphane ne se contente pas d'un jeu d'abord trop rapide de Camille. Celle-ci joue alors longuement un extrait du Trio à sa vitesse normale. "C’est très beau" lui dit-il mais s’éclipse laissant les musiciens jouer seuls.
Le soir, Maxime est occupé à négocier avec un riche client et Camille vient surprendre Stéphane dans son atelier donnant des conseils à son apprenti fabriquant son premier violon. Celui-ci parti, Camille lui fait des confidences sur Régine, devenue encombrante depuis que Maxime est là. Stéphane reste très discret sur lui-même.
Maxime part pour affaires à Amsterdam et Stéphane vient à l’auditorium écouter l'enregistrement de la sonate pour violon et piano. Il l’attend à la sortie et l'invite à prendre un verre ce qu'elle accepte volontiers malgré la pluie. Elle se livre encore une fois alors que Stéphane refuse obstinément de parler de lui.
Le soir venu, Camille rentre avec Maxime. Les jours suivants, Stéphane ne se rend plus à l'auditorium et boude les appels de Camille qui avoue à mots couverts son amour pour Stéphane à Régine. Le jeu de Camille lors du Trio à l'auditorium ne satisfait personne.
Le soir Stephen rejoint Hélène au cinéma pour voir Embrasse-moi, idiot ! (Billy Wilder, 1964) dans un cinéma qui passe aussi To be or not to be et A nos amours. Helene cherche l'âme sœur, cette foi un sympathique avocat. Elle trouve Stéphane cruel avec Camille prévoyant qu'elle va ne plus le lâcher maintenant qu'elle s'est dévoilée à ce point.
Lorsque Maxime lui montre l'appartement où il vivra avec Camille, Stéphane est au bord du malaise. Stéphane cherche à éviter Camille et propose d'aller en Angleterre à la place de Maxime. Pendant que Maxime négocie le changement, Camille demande à Stéphane pourquoi il la fuit, Stéphane déclare que ce n'est pas à cause de Maxime puisqu'il n'est pas son ami, en dépit de ce que celui-ci pense. C'est juste un arrangement bien compris. Maxime annonce que le client refuse le changement et rentre avec Camille. Dans leur studio, elle lui avoue son amour malheureux pour Stéphane.
Avant de partir pour Londres, Maxime demande à Stéphane de venir soutenir Camille au studio pour la dernière séance d'enregistrement, la sonate pour violon et piano. Elle joue admirablement et refuse la soirée en son honneur pour partir avec Stéphane; Elle lui dit avoir joué pour lui et envie de lui. Il la repousse. Elle se sent humiliée et rentre seule en taxi.
Stéphane va en voiture chez Lachaume pour le voir se disputer avec Madame Amet, sa gouvernante qui l'implore de se soigner.
Quand Maxime revient de Londres, il trouve Camille cloîtrée chez elle. Elle se maquille outrageusement et sort pour injurier et gifler publiquement Stéphane. Il se réfugie chez Lachaume, malade, soigné tendrement par sa gouvernante. Puis il tente de s'excuser auprès de Camille qui part trois mois en tournée. Je suis en retard, je vous ai manqué et j'ai perdu Maxime.
Quelques mois plus tard, Stéphane dirige un petit atelier. Hélène va partir pour le sud-ouest avec un homme rencontré grâce au minitel.
Huit mois après, Maxime et Stéphane, réconciliés, s’inquiètent pour Lachaume. Stéphane rencontre Régine dans un concert. A la question sur son état, il répond "Je vieillis". Stéphane est appelé dans la nuit au chevet de Lachaume, mourant. Stéphane est seul capable de faire la piqûre qu'il demande pour en finir. C'est un geste d'amour partagé par tous.
Quelques jours plus tard, Maxime et Stéphane discutent dans un café en attendant Camille qui part jouer le soir à la Monnaie de Bruxelles. "Je suis content de vous avoir revue" lui dit-il. "Moi aussi" dit-elle dans un sourire. Elle part avec Maxime. Stéphane reste seul.
Helene, qui connaît bien Stéphane, suspecte que celui-ci ne va pas aimer le roman qu’elle met en rayon dans sa librairie : « il déborde de sentiment amoureux". Stéphane réplique "écrit, c’est souvent très beau". Jamais agressif, toujours respectueux du sentiment des autres, demandant pardon, Stéphane est un bloc de granit que rien n’entame. C’est le tragique de sa vie.
Lorsque Camille s’offre à lui, il décline tout net : "Je ne crois pas que je puisse vous donner ce que vous cherchez... Camille, vous êtes belle, rare, vous allez devenir une grande musicienne. Vous avez tous ces dons qui vous encombrent presque. .. Mais vous vous trompez, vous voulez absolument que je sois comme vous l'imaginez, comme un autre, mais je ne suis pas celui-là... Je dois vous dire la vérité : c'est vrai que j'ai voulu vous séduire sans vous aimer, par jeu, sans doute contre Maxime, je l’avais décidé... Vous ne comprenez pas Camille, vous parlez de sentiments que je ne ressens pas, qui n'existent pas, auxquels je n'ai pas accès. Je ne vous aime pas".
Rien ne viendra remettre en cause cette conclusion couperet. Certes, Stéphane se sent mal dans l’appartement que Maxime lui présente comme celui où il va vivre avec Camille. Certes, il vient retrouver Camille pour lui dire qu’il a bien conscience de l’avoir ratée. Mais il n’y peut rien. Il déclare à Camille que la musique est un rêve. C'est un rêve qu’il partage parfois quand la musique de Ravel l’accompagne alors que Camille continue de jouer hors champs. Mais un rêve qui ne le fait pas davantage entre dans la réalité des sentiments
Au mieux, Stéphane donne une mort libératrice à son vieux maître, Lachaume. Mais lorsqu'il ouvre la fenêtre le lendemain, rien ne semble ne l’avoir changé ; toujours solitaire. C’est Maxime qui console Mme Anet. De même, le film se termine par un plan de lui, seul. Camille continue de l’aimer mais a accepté son échec et Maxime reste aussi lui-même, optimiste positif. Mais lui aussi a perdu Camille.
Jean-Luc Lacuve, le 5 mars 2021