Soleil de minuit

C'est endormi sur le canapé de la salle des peintures italiennes du XVIIe siècle du musée des beaux arts de Caen, avec derrière lui Coriolan supplié par sa mère du Guerchin que Léo, jeune homme timide et rêveur, est réveillé par un groupe scolaire de CP. C'est ensuite un groupe de touristes américains plutôt désinhibés auquel doit faire face Léo pour son métier de gardien du musée. Il est alors intrigué par l'apparition d'une jeune femme en robe rouge qui ne tarde pas à rejoindre le niveau des peintures modernes. S’empressant de canaliser le groupe de touristes des salles italiennes vers la salle des cubistes, Léo observe cette fois de plus près la jeune femme contemplant La cuisine, un tableau énigmatique de André Lhote.

Mais que lui dire ? Voilà bien ce qui préoccupe Léo qui était moins assis sur le canapé du musée des beaux-arts que sur celui de sa psychologue où il lui raconte cette rencontre. Celle-ci se doute qu'il a peur des femmes et voudrait qu'il comprenne ce qu'est une vraie rencontre.

Léo est cette fois au bord de la piscine municipale quand il est à nouveau réveillé par sa psychologue. C'est alors qu'apparaît et la jeune Mona, celle du musée, qui déclare pourtant qu'il ne peut la reconnaître car elle vient d'arriver en ville. Le groupe de touristes américains qui le voit inciter s'en prend à lui et l'oblige à plonger... Ce qui transporte Léo dans une boîte où officie un DJ déguisé en homard. Sa psy entonne Le premier pas Claude-Michel Schönberg et, miraculeusement, la jeune Mona vient pour danser avec Léo. Mais il remarque tout à coup avoir gardé ses palmes de la piscine. Il fuit mais au matin se retrouve au port de Caen où Mona vient le rejoindre et lui parle de son opération de l'œil qui lui permet maintenant de mieux voir. Ils courent ensemble le long du port et s'embrassent.

Beau choix symbolique des tableaux au musée des beaux-arts avec Coriolan supplié par sa mère (Le Guerchin) puis Judith et Holopherne (Véronèse) pour expliquer sa crainte des femmes puis La joueuse de boules, (Jean-Léon Gérôme) fantasme Mona nue et enfin l'énigmatique Cuisine de André Lhote avec une femme cachée dans l'embrasure d'une porte avec un pan de mur rouge rappelant la robe de Mona.

Les costumes et la musique sont par ailleurs toujours à l'unisson de ce charmant conte burlesque.

On espère toutefois que le vers de Prévert tiré de Fatras, qui lui tient lieu de point de départ "Quand le rêveur revient à la vie, la vie parfois lui sourit" n'en annonce pas la fin "...Plus souvent lui règle son compte et le congédie".

Jean-Luc Lacuve, le 18 novembre 2025