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La joueuse de boule

1901

La joueuse de boule
Jean-Léon Gérôme, 1901
Marbre polychrome, onyx, H. avec socle 63  cm
Caen, Musée des Beaux arts

Gérôme s'ouvre à la sculpture avec son groupe des Gladiateurs, présenté à l'Exposition Universelle en 1878 (Paris, musée d'Orsay). La Joueuse de boules est réalisée plus de vingt ans plus tard. L'œuvre grandeur nature, en marbre coloré, est dévoilée au Salon de 1902 (États-Unis, collection privée). Son succès est tel que Gérôme entreprend aussitôt de l'éditer : il en existe au moins deux versions réduites en marbre polychrome, dont celle du musée des Beaux-Arts de Caen, ainsi que trois petits exemplaires en ivoire.

Le goût pour les statues colorées, d'abord marginal, était devenu vif en France après 1831. Au milieu du siècle, Charles Cordier se distingue par ses œuvres en polychromie « naturelle », constituées de matériaux colorés (marbre, pierre semi-précieuse, bronze patiné). Gérôme pratique plus volontiers une polychromie « artificielle », consistant à peindre directement le marbre blanc. La petite Joueuse de boules en est un témoignage exemplaire. La cire pigmentée qui la recouvre a été appliquée au pinceau, véritable voile de chair venant nimber la figure d'une douceur ineffable.

Gérôme mêle un jeu de citation distancié révélateur de son goût pour l'antique, à un réalisme illusionniste visant une nouvelle forme de modernité. Le jeu auquel s'adonne la jeune femme est une invention de l'artiste, habile prétexte au dessin d'un corps mû par un élan de torsion impudique. L'attitude de la figure, du reste, est empruntée à un Satyre antique conservé au musée des Termes à Rome. Gérôme transforme ce modèle avec audace, lui prêtant les contours généreux et les traits piquants d'une Parisienne de son temps.