Roman est venu voir son oncle sculpteur. Il fait un DEA dont le sujet est la gestuelle dans la peinture impressionniste. Il remarque que Manet et Monet recherchent le quotidien mais restent fidèles à une certaine esthétique de la pose. "L'instantané, déjà présent chez Franz Hals, on le trouve surtout chez Degas ou Caillebotte" dit-il. Son oncle, à une question sur l'instantané, lui répond qu'en sculpture c'est possible au moment de l'ébauche. Ainsi Degas rechercha-t-il avec la petite danseuse une 3e dimension inexistante en peinture. Comme Roman remarque qu'il a avec Degas, le motif commun de la cambrure, l'oncle veut bien admettre que l'an passé, en juin, sa "jeune sculpture" lui a été inspirée par le mouvement des reins d'une de ses élèves, habillée légèrement. En sortant, Roman croise Eva dont il remarque la cambrure.
Quelques temps plus tard. Roman, sortant de la salle de bain, remarque qu'Eva
endormie dans le lit juste au-dessous d'une lithographie de Degas en pend
une pose presque identique. Eva se réveille alors qu'il cherche à
rapprocher la pose de la jeune femme du modèle. "En fait, tu es
peintre à l'envers, au lieu d'aller du modèle au tableau, tu
vas du tableau au modèle" lui fait remarquer celle-ci engageant
un dialogue :
- Ce n'est pas obligatoirement le plus facile de trouver le modèle
aussi beau que la peinture.
- Qu'importe pour le spectateur que Degas arrive à faire une uvre
d'art d'un top model ou d'une mocheté.
- C'est à travers la peinture que j'aime que je vois le monde. Je ne
peux aimer une femme que si elle me renvoie à un tableau. Roman dit
à Eva qu'il l'a tout de suite trouvée picturale, comme les Vénus
de Titien ou la blonde aux seins nus de Manet.
En regardant les cartes postales de la chambre, Roman dit à Eva que sa forme est plus comme le Magritte et sa picturalité plus comme le Modigliani. Magritte ce n'est pas tout à fait de la peinture, l'idée est plus belle que le rendu. Alors que Modigliani, c'est de la pure sensualité.
Celle-ci lui répond : "Alors pour toi pictural, ça veut
dire sensuel. Cela me vexe que tu ne puisses apprécier mes seins qu'en
fonction de ceux-là. Tant que je serai ici, je ne veux plus voir ces
deux bonnes femmes". Eva veut aussi savoir pourquoi il l'a aimé.
Il lui indique que sa pose cambrée n'y est pas pour rien. Mais elle
ne veut pas être aimé comme un objet de désir : "Intelligente
ou pas, nous gardons un reste d'instinct qui nous fait fuir tout ce qui peut
avoir l'air d'une obsession masculine... Je ne veux pas être aimée
par tranche, débitée comme un veau dans une boucherie... je
ne veux pas être objet de désir".
Roman la veut ou objet d'amour, trouver une âme à son corps : "Ta chair spirituelle a le parfum des anges" avait dit Baudelaire qui, s'il avait vécu 10 ans de plus, aurait sans doute aimé le tableau de Manet, La blonde aux seins nus datant de 1875. Eva se prête à l'imitation du tableau de Manet et, mi-amusée, mi-fâchée, déclare à Roman : "Degas plus Manet, quelle collection !"
A la Galerie Empreintes, Eva et Roman retrouvent l'oncle de ce dernier qui expose sa "jeune sculpture". L'oncle trouve charmante Eva mais déclare à son neveu que ce n'est pas elle qui a inspiré sa sculpture. Comme Eva remarque la cambrure de la sculpture, Roman affirme que ce sont ses yeux qu'il a vu en premier : "'Ce sont tes yeux qui m'ont fasciné, sans quoi mon regard n'aurait pas pris la peine de glisser le long de ton manteau".
Rohmer n'est
crédité que du découpage du film dont l'histoire revient
à la jeune actrice du court-métrage, Edwige Shaki.
Editeurs : Potemkine et Agnès B. Novembre 2013. 30 DVD et leur déclinaison blu-ray pour les 22 films restaurés HD. 200 €. |
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