La firme

Issu d'un milieu défavorisé, Mitch McDeere a brillamment réussi ses études de droit et reçoit des propositions des plus grands cabinets d'avocats. Il opte cependant pour une firme “provinciale” de Memphis, dirigée par l'affable Oliver Lambert, qui lui offre de mirobolants avantages financiers. Il s'installe avec son épouse Abby dans une élégante maison pourvue de tout le confort. Mais des ombres viennent ternir le tableau. L'affection de ses collègues et la sollicitude de ses patrons sont en réalité un moyen de faire de lui un docile employé de la firme, laquelle a pour principaux clients de puissants mafiosi.

Plus grave encore : sa maison est truffée de micros, il est surveillé par William Devasher, le chef de la sécurité, et quatre avocats qui avaient voulu quitter le cabinet sont morts dans des circonstances bizarres. Tout cela lui est confirmé par Wayne Tarrance, du FBI, qui lui demande de fournir des preuves sur les activités frauduleuses de la firme et de ses clients. Certes, Mitch a repéré, chez son mentor, Avery Tolar, de volumineux dossiers sur les avocats disparus, ainsi que sur des clients de la Mafia, mais s'il les divulgue, il sera radié du Barreau pour avoir trahi le secret professionnel. Toutefois, il passe un marché avec Tarrence : les documents contre un million et demi de dollars sur un compte en Suisse, et la libération anticipée de son frère Ray, qui croupit en prison. Parallèlement, il demande à Eddie Lomax, un détective ami de Ray, d'enquêter sur les avocats décédés.

Peu après, Eddie est assassiné par les sbires de Devasher. Sa secrétaire, Tammy Hemphill, qui a tout vu, propose à Mitch de l'aider. Mais la firme fait chanter celui-ci, grâce à des photos compromettantes.

Faisant appel à son imagination et à son courage, et avec l'aide secrète d'Abby, Mitch réussira à faire sortir son frère des États-Unis, et, sans trahir le secret professionnel, obtiendra la condamnation de la firme pour facturation abusive de ses clients.

 Sydney Pollack, pour assurer sa côte auprès des financiers d’Hollywood, réalise un film à la gloire des avocats d’affaire. Certes, la firme est pourrie mais excessivement, allant jusqu’au meurtre des collaborateurs. Cela n'a rien à voir avec une critique du capitalisme. En effet, Mitch McDeere (Tom Cruise) est assez détestable. Il a pour seul objectif de faire échapper au fisc des rentiers ou des gangsters. Certes, sa vocation d'avocat est, dit-il, née de la défense d'un petit commerçant racketté... par les impôts ou les tracasseries de l’Etat.

Par une petite ruse, deus ex-machina improbable, Mitch préserve sa carrière d'avocat (et le train de vie qui va avec) par une condamnation de la firme pour des surfacturations : tout ça pour ça !

Autrement, le suspens est bien construit mais assez détestable même au niveau amoureux : « Je t’ai toujours aimé, pas pour ce que tu étais mais sur ce que tu allais devenir » Toujours la performance économique !

Jean-Luc Lacuve, le 05/12/2020