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Miroirs No. 3

2025

Avec : Paula Beer (Laura), Barbara Auer (Betty), Matthias Brandt (Richard), Enno Trebs (Max), Philip Froissant (Jakob). 1h26.

Laura habite Berlin. Du haut d'un pont, pensive, elle regarde vers le vide. Elle rentre chez elle où elle retrouve Jakob, son compagnon qui a décidé de partir pour un week-end de plongée avec un couple d'amis. Sur place, Laura se sent mal et veut repartir vers la capitale. Jakob, désolé mais prévenant, refuse qu'elle reparte seule en train et décide de la raccompagner avec la voiture de son ami. Au même endroit où, à l'aller, Laura avait croisé le regard d'une femme devant sa maison, Jakob perd le contrôle de sa voiture et fait plusieurs tonneau dans un champ. Il meurt sur le coup alors que Laura, éjectée un peu plus loin, est soulevée avec précaution par la femme qui avait été fascinée par elle et qui se nomme Betty.

Appelés d'urgence, les secouristes veulent emmener Laura à l’hôpital, mais celle-ci décline : elle préfère rester chez Betty, qui veut bien prendre soin d’elle dans sa  maison solitaire au bord de la route. Laura se sent si bien chez Betty qu’elle reste dans la maison, profitant du jardin et de la nature environnante. Les deux femmes repeignent la clôture en blanc. Laura s'exerce au piano fraîchement accordé.

Les jours passent, dans la quiétude jusqu’au moment où Betty reçoit la visite de son mari et de son fils, Richard et Max, des garagistes qui habitent non loin de là. Betty exige de Laura qu'elle ne mentionne pas la machine à laver qui fuit et fait semblant de ne pas remarquer le regard interloqué des visiteurs à la vue de la quatrième assiette qu'elle a installé avant l'arrivée de Laura depuis la cuisine qui s'est démené par préparer la spécialité maison.

Laura continue de s'attacher au lieu et part en vélo pour le garage où elle croise de riches clients venant trafiquer le compteur kilométrique de leur voiture. Une certaine proximité s'établit avec Max tout d'abord très réticent.

L'harmonie finit par s'installer dans la famille malgré les regards suspicieux des passants et l'incendie de la machine à laver qui avait été pourtant réparée. Alors que Max et Laura allaient s'embrasser, celui-ci révèle à Laura qu'elle ressemble beaucoup à sa soeur décédée, Yelena, qui a plongé sa mère dans la neurasthénie. En colère, pensant avoir été manipulée, Laura s'enfuit à Berlin.

Plus tard, Betty apprend que Laura va passer une audition pour intégrer un orchestre prestigieux. Elle convainc Max et Richard d'y assister dans leurs habits du dimanche. Laura les voit dans la salle alors qu'elle joue Miroirs n°3 de Ravel. Laura rentre heureuse chez elle.

Le film traite sur le mode du conte, si émouvant dans Ondine (2020) l'arrivée d'une étrangère désorientée, musicienne et fragile dans une famille qui affronte le suicide de leur fille et sœur.

Le film reste constamment à la surface du drame, accumule les signes sans creuser plus avant les traumatismes : œils suspicieux de Max et Richard puis des voisins, regard entendu, satisfait de Betty sans que Laura ne trouve étrange sa situation  (une maison qui n'attendait qu'elle : vêtements, piano, vélo) avant que ne lui soit révélée qu'elle remplace une morte. Elle s'enfuit alors d'un coup. 

L'appel à l'inconscient (une barrière à repeindre en blanc) ; aux miroirs (Laura qui allait s'enfoncer dans la dépression / Betty qui va peut-être s'en sortir grâce à elle) ; au chiffre 3 (comme s'il attendait un 4).  Une machine à laver (le passé) qui explose (tout aurait été détruit).

Dans cette histoire d'un deuil qui arrivera peut-être à passer, les personnages restent des silhouettes, des fantômes dans un ensemble qui tangue un peu trop joliment.

Miroirs n°3 est sous-titré par Ravel "Une barque sur l’océan". Peut-être aurait-on aimé ici être un peu moins mené en bateau et davantage ressentir l'océan des émotions.

Jean-Luc Lacuve, le 26 août 2025

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