Barbara

2012

Genre : Mélodrame

Avec : Nina Hoss (Barbara), Ronald Zehrfeld (André), Rainer Bock (Klaus Schütz), Jasna Fritzi Bauer (Stella), Jannik Schümann (Mario), Mark Waschke (Jörg), Peter Benedict (Gerhard). 1h45.

Allemagne de l'Est, été 1980. Barbara Wolf vient prendre sa fonction de chirurgien-pédiatre dans une clinique de province, au milieu de nulle part. André, le jeune médecin chef et Klaus Schültz, l'officier de police la surveillent du coin de l'œil. Pour avoir formulée une demande de visa pour l'étranger laissant soupçonner sa volonté de passer à l'Ouest, elle a été mutée par les autorités. Elle a du quitter le prestigieux hôpital de la Charité de Berlin-Est. Barbara assume crânement sa solitude et n'a que faire de la sollicitude des médecins de l'hôpital et d'André au premier chef. Elle doit supporter d'habiter un appartement miteux constamment surveillé par la police.

Barbara retrouve un semblant de liberté en réparant un vélo qui lui permet d'aller travailler de façon autonome mais aussi de se rendre a un rendez vous secret pour récupérer de l'argent qui lui servira pour passer à l'ouest. Elle cache l'argent sous la grosse pierre d'un calvaire sur le chemin du retour. Elle fait bien car son appartement est immédiatement fouillé ainsi qu'elle même par une femme policière.

Traumatisée par cette violence, elle n'a que faire de la gentillesse d'André qui lui a adressé un accordeur de piano et des partitions. Puis c'est une toute jeune fille, Stella que des policiers trainent dans la clinique. Barbara obtient immédiatement la confiance de Stella qui lui explique vouloir fuir l'horrible camp de redressement socialiste où elle est détenue. André lui apprend bientôt quel Stella est enceinte et lui fait visiter son laboratoire. Peu à peu, il gagne sa confiance et ce d'autant qu'il est aussi attentif avec un patient, Mario qu'il craint victime d'une tumeur invisible sur les radios, qu'elle l'est elle même avec Stella.

Barbara parvient par deux fois à voir son amant, Jörg, qui vit à l'Ouest. Une première rencontre à lieu dans la forêt, une seconde dans un hôtel. Ils préparent son évasion. Barbara est néanmoins de plus en plus troublée par l'attention que lui porte André. Celui-ci a laissé commettre une faute professionnelle à une infirmière. Il se sent maintenant lié aux autorités qui l'ont couvert sil acceptait ce poste en province et l'éventuel surveillance de dissidents. Barbara ne méfie néanmoins. Elle s'enfuirait à l'ouest même en abandonnant Mario si Stella ne venait s'écrouler devant sa porte. C'est elle qu'elle fera bénéficier de l'évasion et elle viendra retrouver le lendemain André au chevet de Mario.

Bien plus qu'au niveau du discours politique, Christian Petzold traite par l'image et les attitudes des oppositions entre les deux Allemagnes, celle de l'est et celle de l'ouest.

Le quotidien sans séduction de l'Allemagne de l'Est (prises électriques défectueuses, horaires de bus rouillés et peu tenus, appartements sordides) et sa répression violente (camps de redressement des mineurs, surveillances policières constantes, fouilles au corps) ne sont bien évidemment pas contrebalancés par la qualité des programmes de radio et l'éthique de responsabilité et de solidarité (les paysans et les ouvriers paient les études des futurs médecins) théoriquement prônée. Mais l'ouest avec son opulence grossière et tapageuse n'apparaît guère plus séduisant. Pas certain que Jörg finisse mieux que son collègue Gerhard avec sa Mercedes et ses cadeaux ostentatoires. Entre les deux se situe le no man's land de la plage filmée en noir et blanc, lieu encore incertain où, finalement, seule l'opprimée Stella a raison de fuir.

Pour le reste, Petzold filme avec empathie la jolie Nina Hoss et l'attendrissant Ronald Zehrfeld. Régénérés par l'attention qu'ils portent chacun à Stella ou Mario, ils renaissent à une innocence des sentiments que figurent les plans fugitifs des adolescents en moto ou la splendeur de la nature... et des légumes. Belle analyse, inattendue et paradoxale, mais guère convaincante de La leçon d'anatomie de Rembrandt.

Jean-Luc Lacuve le 06/05/2012