(1928-2018)
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Nelson Pereira dos Santos est né à São Paulo le 26 octobre 1928. Formé en droit, il travaille comme journaliste pour gagner sa vie, tournant des actualités. En 1950, il réalise son premier court métrage, Juventude, un documentaire tourné en 16 mm.
Avec Rio, 40°, il donne naissance au mouvement qui va renouveler le cinéma brésilien, rompant avec les films académiques et commerciaux qui avaient cours jusqualors. Avec ce film influencé par le néo-réalisme italien, Pereira dos Santos bouleverse les principes habituels de production, employant des acteurs non professionnels et filmant en décors naturels. Dans Rio, zone morte qui témoigne de la même influence, il décrit de façon surprenante lexploitation des danseurs de samba des favelas.
Ses films suivants sont des uvres de transition : Mandacura vermelho, dans lequel il joue, et Bouche d'or, daprès une pièce de Nelson Rodrigues, le dramaturge brésilien « maudit ». Cependant, en 1963, il déclare lindépendance du cinéma brésilien avec Sécheresse, adapté dune nouvelle de Graciliano Ramos. Il inaugure ainsi sa phase de maturité et de réalisme critique, avec une cruauté farouche, presque documentaire, sur lhomme du « sertao » persécuté par laridité et la misère. Les images, obtenues en lumière naturelle, la caméra tenue à lépaule et le traitement journalistique de la structure dramatique posent les prémisses du Cinema Novo, mouvement formé par des jeunes gens cousins de ceux de la Nouvelle Vague. Primé à Cannes, le film rencontre un triomphe mondial.
Après la prise du pouvoir par les militaires, les cinéastes brésiliens doivent utiliser lallégorie pour sexprimer : Pereira dos Santos entame son cycle allégorique avec la chronique urbaine El Justicero, comédie légère et ironique sur la classe moyenne ; il enchaîne avec Soif d'amour, film ouvert et désordonné où il analyse le manque de perspectives dun mouvement politique ; Laliéniste, métaphore sur les formes de domination sociale, daprès le conte de Machado de Assis ; Qu'il était bon mon petit français, film « historique » pour lequel il retourne au style documentaire et oppose la fiction à la réalité.
La fiction scientifique Pas de violence entre nous met fin au cycle allégorique du cinéaste. Essayant de percer à jour lhomme brésilien, il poursuit ses recherches vers les thèmes religieux et politiques développés dans les centres urbains de domination culturelle. Appartiennent à ce cycle L'amulette d'Ogum, La boutique aux miracles et Bahia de tous les saints, les deux derniers adaptés de Jorge Amado, sur les conflits entre lintelligentsia progressiste et la mystique du peuple.
Entre-temps, il réalise Mémoires de prison, daprès luvre cérébrale et autobiographique de Graciliano Ramos adapté du même auteur que Sécheresse . Le film raconte comment une mutinerie des membres de lAlliance Nationale Libératrice, en 1935, provoqua une vague de répression contre les supposés sympathisants communistes. Il a aussi enseigné le cinéma à lUniversité de Brasilia et a dirigé la Coopérative Brésilienne de Cinéma.
Ressources internet :
Nelsons Periera dos Santos au Festival des trois continents
FILMOGRAPHIE :
courts métrages :
1950 : JUVENTUDE , ATIVIDADES POLITICAS EM SÃO PAULO.
- 1958 SOLDADOS DO FOGO (c.m.).
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- 1962 : BALLET DO BRASIL (c.m.).
- 1963 UM MOÇO DE 74 ANOS (c.m.).
- 1965
O RIO DE MACHADO DE ASSIS (c.m.)
FALA BRASÍLIA (c.m.).
- 1966
CRUZADA ABC (c.m.).
- 1968
ABASTECIMENTO, NOVA POLÍTICA (c.m.).
- 1982
A MISSA DO GALO (c.m.)
A ARTE FANTÁSTIC DE MARIO GRUBER (c.m.).
1955 |
Rio, 40° |
Avec : Modesto De Souza (Le propriétaire), Roberto Bataglin (Pedro), Jece Valadão (Miro), Glauce Rocha (Rosa). 1h40. Cinq vendeurs de cacahuètes se partagent les points touristiques de Rio à la recherche dun bon emplacement. En chacun de ces endroits, Copacabana, Pain de Sucre, Corcovado, Quinta da Boa Vista et Maracanã, a lieu un épisode caractéristique de la vie de la population de cette grande métropole. |
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1957 | Rio, zone Nord |
(Rio zona norte). Avec : Grande Otelo (Espírito da Luz), Jece Valadão (L'agent), Paulo Goulart (Moacyr). 1h30. Drame urbain, contant l'histoire d'Espiritu, compositeur dans une école de Samba. On voit son histoire en flash-back au moment où il est secouru après être tombé d'un train dans la gare centrale. Toute son ambition était d'avoir une boutique dans la favela pour y vivre avec Adelaïde, celle qu'il aime. Il faut qu'il parvienne à faire enregistrer ses sambas. Mais trop naïf il est trompé et perd sa compagne. Il n'a plus d'espoir que dans un musicien, Moacir, à qui il fait appel pour écrire ses compositions. |
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1961 | Mandacaru vermelho |
1962 | Bouche d'or |
(Boca de ouro). Boca de Ouro, fameux banquier du "jôgo do bicho" ("jeu des animaux", loterie interdite par les autorités) de Madureira, apparait assassiné, lardé de vingt-neuf coups de couteau. Les activités de ce quartier de banlieue se sont arrêtées et un grand nombre de personnes viennent rendre hommage à sa dépouille. Un journaliste décide de découvrir la véritable personnalité de Boca, un homme qui tuait d'une main et qui distribuait des aumônes de l'autre. | |
1963 | Sécheresse |
(Vidas secas). Avec : Átila Iório (Fabiano), Maria Ribeiro (Sinhá Vitória la mère), Orlando Macedo (Le soldat Amarelo). Fabiano, Vitoria et leurs deux enfants progressent lentement dans le sertao, un paysage aride brûlé par le soleil. Ils s'arrêtent pour le repas. Après avoir épuisé leurs maigres provisions, ils en sont réduits à manger leur perroquet. Ils reprennent leur pénible marche et trouvent enfin refuge dans une ferme abandonnée... |
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1967 | El Justicero |
Avec : Arduíno Colassanti (Jorge Dias das Neves, El Justicero), Adriana Prieto (Ana Maria), Márcia Rodrigues (Araci), Emmanuel Cavalcanti (Asdrúbal), Álvaro Aguiar (Le général), Rosita Thomaz Lopes (La mère d'Ana Maria).1h30. | |
1968 | Soif d'amour |
(Fome de amor) Un film à la fois étonnant et donc controversé, mais aussi important. Considéré par beaucoup de critiques comme le plus beau film de Nelson Pereira Dos Santos, sinon l'un des plus beaux du cinéma brésilien, pour Glauber Rocha "Nelson Pereira Dos Santos recommence le "cinema Novo" avec "Fome de Amor". Plus que par son sujet, (deux hommes et deux femmes sur une petite île près de Rio), c'est par son climat que le film est remarquable. Nelson Pereira Dos Santos déclarait "il me semble que c'est le plus personnel de mes films. Il ne fut pas l'expression de ce que j'aurais pu penser mais exprima ce que je ressentais réellement". Dans son apparent désordre, ce film très sensuel est fondamentalement brésilien. | |
1970 | L'aliéniste |
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(Azyllo muito louco). 19è siècle. La population de la province de Serafim n'a plus de prêtre. Pour la guider, vient de la capitale le père Simao, prêtre aux idées avancées. Il se préoccupe davantage de la santé mentale de ses paroissiens que du salut de leur âme. Avec l'aide de Dona Evarista, riche bourgeoise, il fait construire un asile "La Casa Verde" où il enferme presque toute la population de la ville. Troublées par la situation créée, les autorités de la province veulent retirer au prêtre ses pouvoirs d'aliéniste. Dans "La Casa Verde" la confusion devient totale : personne ne sait plus qui est fou ou qui ne l'est pas. L'unique solution pour rétablir l'équilibre social et financier de Serafim, c'est de libérer sa population et d'enfermer le père Simao. |
1971 | Qu'il était bon mon petit français |
(Como era gostoso o meu Francês). Avec : Arduíno Colassanti (le français), Ana Maria Magalhães (Seboipepe). 1h24. Le film décrit les rivalités entre Français et Portugais au XVIe siècle au Brésil, pendant la colonisation des Indiens, cinquante ans après larrivée des Européens. Un Français est capturé par la tribu des Tupinambá, alliée de son peuple, ennemie des Tupiniquin et des Portugais. Mais il est pris pour un de ces derniers... |
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1972 |
Pas de violence entre nous |
(Quem é beta ?). Un couple vit une étrange et indéchiffrable aventure mi-tragique, mi-comique dans un lieu et une époque indéterminés, après une catastrophe qui a modifié l'état naturel du monde et détruit jusqu'aux dernières traces de la société humaine. Un film d'humanité-fiction. Quand et où est située son action on ne nous le dit pas et ce n'est pas important. Les données sont brutes: il existe deux sortes d'hommes, les normaux, intouchables, vivant totalement libérés dans une entente parfaite (pas de violence entre eux) et les "contaminés" abattus par les intouchables dès qu'ils s'en approchent. La grande souffrance de l'homme isolé reste l'incommunicabilité et l'insatisfaction : la machine à projeter les souvenirs ne rend pas heureux ceux qui sont concernés et amusent les autres. | |
1974 | L'amulette d'Ogum |
(O Amuleto de Ogum). Reproduire une vision populaire du monde était l'intention initiale de Nelson Pereira Dos Santos en faisant "O Amuleto de Ogum". Selon Nelson Pereira Dos Santos, ce film est la continuation de son travail développé en "Rio 40 Graus" "Rio Zona Norte" et" 0 Boca de Ouro". "Je dis cela parce que "0 Amuleto de Ogum" a des atmosphères et des personnages semblables. Le film est aussi un peu la prolongation de "Vidas Secas" puisqu'il aborde le problème de la migration nordestine vers les grandes villes". "En outre, c'est un film populaire bien qu'il ne soit pas obligatoirement commercial. La différence entre les deux est que le populaire ne se soucie pas de l'offre et de la demande, il tente surtout de traduire une vision du peuple et de la réalité qui l'entoure. Mon film n'a pas de sociologie, il ne critique pas les personnages, il ne prend parti pour personne". |
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1977 | La boutique aux miracles |
(Tenda dos milagres). "Tenda dos Milagres" est une véritable déposition sur la culture brésilienne. L'histoire se passe à Bahia, mais, en exposant la question de la formation de la société brésilienne, elle expose aussi la réalité de tout le pays. Ce qu'elle montre, c'est une société née du peuple en termes culturels, ethniques, ce qui va être la société dominante. En réalité, cette société est déjà dominante même sans force économique ni juridique. C'est le pouvoir de l'avenir. L'histoire de Pedro Archanjo est une synthèse de tout cela". | |
1980 | Les chemins de la vie |
(Na estrada da vida). C'est le film qui présente l'homme brésilien dans ses problèmes et ses aspirations. Il traite de thèmes très actuels, tels que l'écologie et la lutte pour l'existance dans les grandes villes, sans jamais perdre un petit coin d'espoir. Deux peintres en bâtiments, surnommés "Millionnaire" et "José RICO" rêvent de devenir de célèbres chanteurs. Leur rêve se réalise, ils présentent spectacle sur spectacle dans tout le pays et chaque fois ils rencontrent un même enthousiasme populaire, jusqu'à ce que, fatigués de mener ce genre d'existence, ils abandonnent tout et retournent dans leurs villes natales. | |
1982 | Insonia |
(sketch Um Ladrão) | |
1984 | Mémoires de prison |
(Memórias do cárcere) «Dans Memorias do Carcere, la prison est une métaphore de la société brésilienne. Dans l'espace exigu de la prison, la dynamique de chacun est plus claire: la classe moyenne intellectuelle, le militaire, l'ouvrier, le jeune, le vieux, la femme, l'homme du Nord-Est et l'homme du Sud du Brésil. Et dans la prison de nha Grande, on rencontre les prisonniers de droit commun: le nègre, le voleur, le bandit, l'homosexuel. Graciliano Ramos a enregistré cela en luttant contre ses propres préjugés, et a laissé un témoignage généreux et ouvert. Je voulais transmettre, tel qu'il l'a exprimé le désir de liberté de Graciliano : sortir de la prison pour ne plus jamais y retourner. La prison au sens le plus large: les prisons sociales et politiques qui enferment le peuple brésilien». Nelson Pereira dos Santos | |
1986 | Bahia de tous les saints |
(Jubiabá). | |
1987 | Castro alves |
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1994 | La troisième rive du fleuve |
(A Terceira margem do Rio). Un homme quitte sa femme et ses enfants pour vivre désormais tout seul au bord du fleuve. Ils ne le reverront jamais mais ils ont régulièrement des signes de vie de lui ; tous les matins, le repas que son fils Liojorge dépose sur la rive a disparu. Les années passent. Rosario, la fille, se marie et part pour la ville avec son mari. Liojorge continue de ravitailler son père. Ce faisant, il rencontre une jeune femme, Alva, qui devient sa femme. L'année suivante, leur fille Nhinhinha vient au monde. La mère de Liojorge s'occupe d'elle tandis qu'Alva et lui continuent de ravitailler le père. Il s'avère que Nhinhinha est capable d'accomplir des miracles : si elle a envie de sucreries, un confiseur fait son apparition, ou bien sur son ordre, il se met à pleuvoir. Un jour, trois frères passent par la maison de Liojorge. L'un deux, Herculinão, voit Alva, la convoite et la menace. Par peur des frères, la famille se réfugie chez Rosario, qui vit dans les favelas de Brasilia. Comme Nhinhinha fait ici aussi usage de son pouvoir magique, les pauvres affluent bientôt en masse pour demander son aide. Nhinhinha satisfait à tous leurs désirs. Les trois frères, cependant, n'ont pas lâché prise. Ils arrêtent Liojorge, Alva est enlevée par Herculinão… | |
1995 |
Le cinéma des larmes |
(Melodrama, o cinema di lagrimas). Rodrigo est tourmenté par un rêve qui revient sans cesse. Il s'agit en fait du dernier souvenir de sa mère qui se suicida quand il avait quatre ans. Le drame avait eu lieu juste après la vision par sa mère d'un film. Rodrigo est convaincu que sa mort est liée d'une manière ou d'une autre à ce film. A 65 ans, Rodrigo est un acteur et metteur en scène accompli. A la suite de l'échec de sa dernière mise en scène, il décide de quitter le métier pour un temps et de tenter de comprendre enfin le drame qui le hante. Il se promet de retrouver le film vu par sa mère le soir de sa mort. Il sait seulement que c'est un mélodrame mexicain des années 1930 ou 1940. Pour l'aider dans ses recherches, il engage Yves, étudiant en cinéma et admirateur de sa dernière pièce. Rodrigo et Yves visitent les cinémathèques de Rio de Janeiro et Mexico et visionnent les meilleurs mélodrames produits par le cinéma latino-américain. | |
1998 | Guerra e liberdade |
2003 | Raizes do Brazil |
2006 | Brasilia 18 % |