Dans la Pologne des années 60, avant de prononcer ses voeux, Anna, jeune orpheline élevée au couvent, part à la rencontre de sa tante, seul membre de sa famille encore en vie. Elle découvre alors un sombre secret de famille datant de l'occupation nazie....
Ida est le récit d'une initiation adolescente ratée, comme Le messager (Joseph Losey, 1971). Prises dans les rets de la religion, Ida ne peut profiter de l'ouverture au monde permise par le voyage avec sa tante. C'est hélas moins le double traumatisme d'une identité juive volée et du meurtre de ses parents qui semble peser sur Ida qu'une incapacité à se trouver un modèle dans la vie qui lui fasse oublier la séduction des rites religieux.
Quand le formalisme de la mise en scène glace le personnage
Le format 1.37 est utilisé par Pawlikowski pour faire peser le poids du ciel ou de l'au-delà sur Ida, filmée dans le bas du cadre. Mais c'est bien moins une spiritualité rayonnante que semble aimer Ida que les petits riens bien ordonnés de la vie monastique : peindre une statue, la déposer sur son socle avec ses amies disposées en rond, tresser des couronnes de lauriers...
Le portrait de femme, celui de Wanda la rouge, procureure de la république impitoyable dans les années du communisme flamboyant, réduite à juger des affaires dérisoires, aurait également été plus fort si le réalisateur lui avait fait rencontrer des hommes un peu moins décevants que ceux avec qui elle occupe ses soirées. Pas certain toutefois car Lis, je joueur de saxophone, avait tout pour plaire à Ida. Mais le choix du réalisateur est de ne pas faire une réussite amoureuse et sexuelle de leur rencontre et de renvoyer Ida à son couvent ; comme pour ne pas déranger le bel ordonnancement de sa mise en scène.
Jean-Luc Lacuve le 27/02/2014.