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Victor et son ami, Sanath, arrivent en jeep à Kalpitiya, un village de pêcheurs sur la côte ouest du Sri Lanka. Victor est le fils d'un commerçant de Colombo qui va prendre la succession de son père, malade. Il veut s'assurer des livraisons régulières de poissons. C'est Francis, le serviteur de la petite résidence-succursale familiale qui assurait bon an mal an ces transports que Victor veut développer.
A peine installé, Victor remarque Helen, qu'il n'a pas revu depuis des années, accompagnée de sa mère Celestina. Il va ensuite voir Christopher, le père d'Helen, le pêcheur dont les prises sont destinées à sa famille mais qui, avec la maladie de son père, a dû trouver un autre marchand. Christopher lui explique que comme presque tous les pêcheurs du village, il cède ses poissons à Anton, même si celui-ci les exploite. Anton se réjouit en effet le soir avec ses amis, d'avoir une maîtresse dans chacune des îles voisines et d'être devenu un potentat local auquel personne ne résiste et qu'il se fait fort de décourager le "petit maître" de contrer son monopole.
Victor conseille à Christopher de vendre ses poissons à la criée pour permettre à des enchères de gonfler les prix de vente. Il en profite aussi pour parler à Helen qui est sensible à ses mots d'amour. Celestina qui a vu leur manège réprimande sa fille car elle est fiancée depuis des années à Cyril, un jeune pêcheur. L'après-midi arrive, en car de Colombo, Weera, un ami de Victor et Sanath.
Le jour de la vente de poissons. Victor fait main basse sur tous les lots intéressants en doublant le prix de vente initial. Ce qui mécontente Anton alors que Cyril remarque la proximité de Victor et Helen. Weera l'a remarqué aussi et réprimande Victor de vouloir séduire une fille de pêcheur. Lorsque Victor déclare être réellement amoureux d'Helen, Weera ne l'en accuse pas moins: n'étant pas du même monde, il finira par l'abandonner.
Victor va voir Christopher pour négocier les conditions de livraisons du poisson mais découvre que seule Helen est restée dans leur cabane. Il n'a pas de mal à la convaincre de son amour et, profitant de la sensualité qu'il a fait naître entre eux, la force à une relation sexuelle sur la dune. A peine se sont-ils rhabillés que Christopher, Celestina et Cyril reviennent, comprenant ce qui vient de se produire.
Le soir, Weera et Sanath laissent Victor à sa rêverie et vont voir Anton et ses amis dans l'espoir un peu naïf de les réconcilier autour d'un verre. Mais Anton a déjà bien bu tout autant que Cyril qui a révélé son infortune à ses amis. Tant et si bien que la réconciliation espérée tourne mal et Anton poursuit Weera et Sanath jusque chez Victor promettant de lui déclarer une guerre sans merci.
Avec Anton et un ami, Cyril surprend Helen qui coupait du bois à l'écart du village. Il tente de se réconcilier avec elle puis la menace quand elle affirme son amour pour Victor. Helen ne se laisse pas intimider et répond vertement aux trois hommes.
Les nuits qui suivent Victor et Helen se retrouvent dans des ruines à l'écart du village pour vivre leur amour. Cyril est de plus en plus désespéré et saoul, il attend Victor sur la route qui mène chez lui, le forçant à s'arrêter. Il tente de le poignarder mais il est bien trop faible. Victor le désarme facilement, lui retournant quelques coups et l'effrayant en le frôlant des roues de sa voiture alors qu'il est écroulé sur le sol.
Le lendemain, on retrouve le corps de Cyril noyé sur la plage. Anton fait porter les soupçons d’assassinat sur Victor d'abord d'après des villageois puis de la police. Mais celle-ci ne doute pas de la bonne fois de Victor d'autant qu'un villageois témoigne de l'état désastreux de Cyril après son altercation avec Victor.
Lors de la cérémonie funéraire catholique, Anton accuse publiquement Victor d'être responsable, certes indirectement mais responsable tout de même de la mort de Cyril. Le soir, il empêche son camion de livraison de se rendre à Colombo en bloquant le passage. Victor tente en vain de négocier et doit attendre le lendemain pour effectuer la livraison.
Francis qui est amoureux de l'une des maîtresses d'Anton va voir celle-ci sur une île et découvre Anton endormi. Pris d'une pulsion subite, il le poignarde et le frappe de quelques coups. Anton agonise en marchant vers le rivage. Lorsque ses amis le découvrent, ils prennent en chasse Francis, parti demander protection auprès de Victor qui va chercher du secours auprès de la police. Francis se cache au sommet d'un cocotier mais les amis d'Anton le découvrent et abattent l'arbre juste avant l'arrivée de la police. Francis meurt dans la chute.
Le village pleure ses trois morts et demande des explications à Weera. Celui- ci leur tient un discours politique de solidarité et d'union des travailleurs que personne n'écoute. Il prend seul le car pour Colombo tous les villageois sont restés prier auprès des morts. Victor dit à Helen qu'il part aussi, promettant sans trop y croire de revenir. Helen retourne vers sa mère disant que Victor ne lui a fait aucune promesse.
Film néoréaliste tardif, Les guêpes sont là, bénéficie d'un splendide encrage documentaire au sein du village de pêcheurs de Kalpitiya, sur la côte ouest du Sri Lanka. La séquence de pêche au thon ; des étals de poissons lors de la vente à la criée sur la plage ; de l'eau puisée dans le puits par Helen ou du décors de ruines dans lequel les amants se retrouvent, valent pour elles-mêmes mais sont néanmoins emprunt d'un enjeu dramatique assez fort. Même lyrisme documentaire avec les chansons déployées au début sur les pêcheurs tirant leurs filets sur la plage et plus encore dans le rêve nostalgique que fait, post-moteme, le noyé des jours simples et heureux qu'il vécut avec Helen.
Contrairement à ce qu'on a pu lire ici avant la restauration du film, il ne s'agit pas d'opposer "des représentants d’une jeunesse urbaine aux fortes ambitions entrepreneuriales à une communauté traditionnelle". En effet, le potentat local apparaît au premier abord comme antipathique, rapace et machiste. Victor semble aussi sincère en affaire, reprendre la part de son père, qu'en amour vis à vis d'Helen. Mais c'est néanmoins Weera, le socialiste naïf et idéaliste qui pressent la difficulté à passer outre la lutte des classes. Au final urbains et villageois repartiront chacun de leur côté vis à vis d'une nature aussi magnifique qu'indifférente.
Jean-Luc Lacuve, le 26 novembre 2025
