Deux vieux époux profitent de leur charmante terrasse parisienne pour prendre l'apéritif; un rêve dans un rêve, dit, en citant Edgar Poe, le mari, critique de cinéma qui prépare un livre sur le rêve au cinéma. La caméra panote alors vers le mur pour inscrire son générique et sa dédicace "A tous ceux dont le cerveau se décompose avant le cœur". François Hardy, en gros plan, chante mon amie la rose dans une émission télévisée de 1963
Pendant que le mari dort, la femme se réveille semblant ne plus trop savoir où elle est. A 8h30 néanmoins, elle se lève et prépare le café pour son mari qui boit une tasse pendant qu'elle s'habille. Alors qu’il s'installe dans son bureau devant la machine à écrire, la femme sort et se perd dans une vieille quincaillerie du quartier de Stalingrad. Le mari, inquiet, part à sa recherche et, après quelques essais infructueux chez les commerçants du quartier, la retrouve dans une épicerie. Il lui a achète des roses mais la sermonne néanmoins en rentrant. La femme proteste et lui dit de ne pas s'inquiéter : ancienne psychiatre reconnue, elle se délivre elle-même les médicaments don elle a besoin.
Stéphane leur fils vient leur rendre visite accompagné de son fils, Kiki. Il se rend compte que sa mère ne se souvient plus du nom de son ex-femme et n'arrive plus guère à prononcer une phrase. Il est toxicomane, monteur, intermittent du spectacle et parle franchement son père des difficultés qui l'attend ainsi que des siennes, lui demandant de lui avancer 200 euros. Lors d'une seconde visite, il enjoint son père à habiter une résidence médicalisée. celui-ci-ci refuse plus préoccupé de rester proche de sa maîtresse, qui souhaite le quitter, que du sort de sa femme, qu'il chérit pourtant.
Un soir il a du mal à respirer et s'écroule sur le plancher de la cuisine. A son réveil sa femme prévient le Samu. Mais le mari meurt à l'hôpital. Stéphane cherche un réconfort passager sur les genoux de sa mère. Celle-ci rentrée chez elle cherche parfois en vain son mari avant d'ouvrir le gaz.
Stéphane et son fils assistent à ses obsèques, lugubres.
Chant funèbre maniériste avec l'utilisation du split-screen qui rend bien compte de l'enfermement de chacun des membres du couple dans son univers propre après "le rêve dans le rêve" du pré-générique et la chanson de Françoise Hardy. Le split-screen est encore plus maniériste avec la même séquence vue sous deux angles différents ou l'allongement d'une partie du corps lorsque, par exemple, les mains passent d'un écran à l'autre.
Multiples références cinéphiles avec les affiches de Metropolis (1927) ou de Une femme est une femme et Vivre sa vie et l'extrait de Vampyr.
Jean-Luc Lacuve, le 27 avril 2022.