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The murderer

2010

Genre : Film noir

(Hwanghae /The Yellow Sea ). Avec : Kim Yun-seok , Ha Jung-woo , Cho Seong-Ha et Lee Chul-Min. 2h20.

Yanji, ville chinoise de la Préfecture de Yanbian, coincée entre la Corée du Nord, la Chine et la Russie, où vivent quelques 800 000 Sino-coréens surnommés les "Joseon-Jok." Gu-nam, chauffeur de taxi, mène une vie misérable. Depuis six mois, il est sans nouvelle de sa femme, partie en Corée pour chercher du travail. Ceux qui lui ont avancé les 600 000 Yuans nécessaires à son passeport veulent qu'il rembourse sa dette mais Gu-nam s'enfonce toujours davantage en jouant et perdant au ma-jong ce qu'il gagne dans la journée

1 - Le chauffeur de taxi. Un soir qu'il a encore perdu au jeu, Gu-nam est remarqué par Myun-ga, un parrain local. Ainsi lorsqu'il se réveille au lieu d'être tabassé par les petits malfrats mécontents de ne pas récolter leur maigre argent, ceux-ci lui affirme qu'il a un sauveur et el conduise devant Myun-ga. Celui-ci se montre aimable et lui propose un marché. Il lui propose d'aller tuer quelque pour lui en Corée. Comme Gu-nam hésite, Myun-ga lui rappelle qu'il ne peut pas continuer à vivre comme un chien et que son voyage lui permettra de savoir si oui ou non sa femme l'a trompée avec un autre homme en Corée. Myun-ga le presse de répondre car il a d'autres candidats.

Gu-nam s'en va voir sa petite fille que sa mère élève seule dans la haine de sa femme qui l'a abandonnée. Gu-nam en proie aux souvenirs érotiques de sa femme et devant la misère de sa fille décide d'accepter la proposition de Myun-ga. Gu-nam, doit retenir un nom et une adresse à Séoul pour tuer, "le prof" dont, pour preuve de son crime, il devra ramener le pouce

2 - Le tueur. Après un voyage en car jusqu'à la mer jaune, Gu-nam embarque dans un chalutier miteux avec beaucoup d'autres Joseon-Jok clandestins. A mi-chemin, ils sont transportés sous la pluie sur un autre bateau. Alors que Gu-nam s'endort on le presse de changer une nouvelle fois de bateaux. Les malades sont jetés par dessus bord et ce sont de petits hors bords qui les conduisent sur la cote coréenne.

Dans l'auberge où les Joseon-Jok sont en transit, le patron donne à Gu-nam une adresse pour le retour en bateau et une date. Il devra impérativement revenir le 16 janvier, soit dans dix jours.

Gu-nam, dissimulé sous une casquette, trouve l'adresse du prof à Séoul. Celui-ci habite le sixième étage d'un immeuble mais l'ascenseur ne va que jusqu'au cinquième. L'accès du dernier étage étant interdit par une grille dans l'immeuble. Il trouve rapidement un plan. Les employés du bar du quantième quittent leur emploi vers 2h30 du matin. Gu-nam peut alors pénétrer dans l'immeuble avant 3h00 où le chauffeur personnel du prof le reconduit chez lui et vérifie que la lumière du sixième s'allume puis s'éteint, preuve qu'il est arrivé chez lui en sécurité. Gu-nam vérifie qu'il peut déclencher l'allumage automatique de l'ampoule puis son extinction en lançant adroitement un objet pour leurrer la cellule photo-électrique. Il n'aura ainsi qu'à tuer le prof devant la grille, lui sectionner le doigt et attendre que le chauffeur s'en aille sans avoir rien remarqué....

3 - Le Joseon-Jok

4 - La mer jaune

Ce film noir, qui fait la part belle à la plus terrible et souvent cocasse des violences masculines, dessine aussi trois silhouettes de femmes belles et placides qui sont à l'origine et à la fin du drame. La complexification croissante de l'intrigue va en effet de paire avec une réduction parallèle et tout aussi terrible des enjeux. La violence devient ainsi de plus en plus boursouflée et grotesque jusqu'à l'éclatement alors que s'épuisent dans le sommeil ou la mort les rêves de ses héros.

Des enjeux simples, grands et beaux...

Gu-nam est un personnage lucide et fort qui, comme le note Myun-ga, malgré sa désespérance n'inspire pas pitié. Ayant perdu la femme qu'il aime, seule sa fille le rattache à une vie dont il a laissé se délabrer les conditions. L'état de sa maison, sale à pleurer, encore illuminée par le seul portrait des jeunes mariés, lui importe ainsi fort peu.

Les motifs de l'action sont simples : c'est pour les souvenirs érotiques de sa femme et pour l'avenir matériel de sa fille qu'il part. La réussite de sa mission nécessite aussi trois conditions classiques : réussir le meurtre, retrouver sa femme et réussir à récupérer ce que Myun-ga lui doit. La première condition, une fois échouée, se trouve remplacée par une nouvelle : échapper à la police alors que la troisième devient encore plus difficile : Myun-ga ayant décidé de s'allier au banquier pour l'éliminer. Pour le héros, enjeu intime, enjeu de trahison, enjeu de survie s'entremêlent.

Parallèlement, la situation s'est complexifiée. La police doit compter sur des inspecteurs intelligents mais aussi sur la bêtise et l'inexpérience des simples policiers. Le prof avait une femme qui a vu Gu-nam et que celui-ci respecte. Le banquier se révèle un traitre aux multiples fourberies et Myun-ga un parrain bien plus intelligent et indestructible que ce que l'on avait cru au départ.

... dont la disparition laisse place à une action qui se boursoufle jusqu'aà l'éclatement.

La complexification croissante de l'intrigue s'accompagne d'une réduction inverse et terrible des enjeux : le prof voulait mourir, le banquier n'a agit que par jalousie, Gu-nam aurait du se contenter d'attendre le retour de sa femme qui ne l'a pas trahi, pas plus qu'elle n'est morte.

Le plan initial s'étant déréglé, les scènes d'action vont devenir d'autant plus délirantes que se perd progressivement pour Gu-nam la chance d'en réchapper vraiment. La première scène hallucinée est celle de Gu-nam échappant aux flics après le meurtre, les voitures de police s'autodétruisant mutuellement. La seconde concerne sa fuite dans le bus, un policier tirant sur un autre puis, point d'orgue du film, la façon dont il échappe à Mu alors qu'il va être embarqué dans un container de bateau à destination du Japon. La poursuite de voitures, faite principalement sur les sons et les lumières, est d'une virtuosité formelle jusqu'alors jamais atteinte. Enfin, délires de violence gore, Mu attaqué chez lui, puis en Corée se défendant avec des os, des couteaux et le combat final avec le directeur de la banque.

Le carnage éteint, restent alors comme des éléments annonciateur de la tragédie les éclairs du verre cassé sur le visage de la femme, la monté vers la forêt puis des montagnes enneigées pour échapper à la police et aux tueurs, un corps et une boite de cendres jetée dans la mer jaune...et la séquence post-générique.

Jean-Luc Lacuve, le 07/08/2011.

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