Les parents de Chihiro, 10 ans, s'apprêtent à emménager dans une nouvelle maison. Mais ils se trompent de direction et débarquent dans un monde parallèle peuplé d'animaux, de fantômes, de sorcières et de dieux difformes. La fillette va vivre dans cet univers fantastique une expérience initiatique dont elle sortira grandie et transfigurée.
Chihiro est une petite fille insupportable, boudeuse, avachie et peureuse, elle ne sait ni se débrouiller toute seule, ni dire merci. Elle est affublée d'une gentille maman et d'un gentil papa, peut-être un peu trop gros. Ils disparaîtront très tôt dans son aventure, transformés en cochon pour avoir trop mangé un repas qui ne leur été pas destiné.
Chihiro devra elle-même trouver au fond de son cur les ressources pour survivre dans ce monde où les humains doivent travailler. Elle arrivera tout d'abord à se faire accepter, elle obtiendra une première victoire facile avec le dieu de la rivière puis, plus difficile, elle devra découvrir la vérité
Le film porte en apparence les mêmes valeurs que celles de Walt Disney où, avec de la volonté et l'aide de la nature, on triomphe de tout. On y trouve, dans un monde aux dessins et couleurs très sophistiqués, les mêmes petits animaux réconfortants du maître de l'animation américaine : les boules de suif, le rat, et le petit oiseau. Cependant, au sein de ce monde, presque tous les personnages sont alternativement bon et méchant. Chacun devra retrouver son nom dont la sorcière Yubaba les a privé pour retrouver une identité et donc un passé et une morale
Haka a été spolié par Yubâba du noyau dur de son identité. Comme Chihiro, il a été déchu de son nom véritable et réduit en esclavage. La sorcière Yubâba en a fait son disciple. Il s'acquitte des besognes qu'elle lui confie sous l'aspect d'un beau dragon blanc. Haka retrouvera son identité lorsque Sen se souviendra d'avoir évité la noyade dans le fleuve dont il porte le nom.
Le sans visage Kaonashi, au corps translucide noir et au masque blanc, est aussi sans passé. Il se croit en mesure de tout soumettre à la fascination morbide exercée par l'or qu'il fabrique à foison. Le côté pernicieux de la nourriture, ou tout du moins de la gloutonnerie, est aussi affirmé plusieurs fois : le dieu de la rivière ancestrale, le putride Kawa no kami, tout en embonpoint secondé par Rin, le fantôme sans visage, le bébé de Yababa se comportent de manière insupportable lorsqu'ils mangent trop et redeviennent sympathiques après une cure de minceur imposée.
Chihiro a du, elle, mettre en place une stratégie de reconquête identitaire pour retrouver son nom et, par là-même, son identité et son passé avec son père et sa mère. Chihiro n'aura rien gagné au bout de son voyage, ni trésor, ni prince charmant, nouvelle Alice aux pays des cauchemars, son aventure est purement intérieure et symbolique.
Resource internet : fiche pédagogique du Café des Images