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L'éventail de lady Windermere

1925

Voir : photogrammes du film
Thème : Le couple

(Lady Windermere's Fan). Avec : May McAvoy (Lady Windermere), Ronald Colman (Lord Darlington), Irene Rich (Edith Erlynne), Bert Lytell (Lord Windermere), Edward Martindel (Lord Augustus Lorton). 1h26.

dvd chez Carlotta Films

Lady Windermere prépare le placement de ses invités pour sa soirée d'anniversaire. Elle aimerait que lord Darlington soit à côté d'elle mais, lorsque celui-ci vient lui rendre visite, elle fait semblant de croire que c'est pour voir son mari et elle l'accueille froidement.

Pendant ce temps, lord Windermere reçoit une lettre d'Edith Erlynne lui demandant un rendez-vous urgent afin qu'elle ne divulgue pas des informations déplaisantes.

Sa femme rentre alors dans son bureau lui annonçant l'arrivée de Lord Darlington. Mais Lord Windermere, préoccupé par la lettre, veut partir en emportant lettre et enveloppe que Lord Darlington a le temps d'apercevoir. Resté seul avec lady Windermere, il lui avoue qu'il l'aime mais sait, à l'expression de son visage que, mariée, elle n'acceptera pas son amour.

Madame Erlynne est une aventurière revenue récemment à Londres et croulant désormais sous les dettes. Elle fait preuve d'une étrange tendresse envers la photo de lady Windermere qu'elle découpe dans un magasine de mode. Lorsque lord Windermere arrive chez elle, elle lui révèle qu'elle est la mère de sa femme. Or
Lady Windermere voue un culte à sa mère, qu'elle croit décédée. Son mari accepte sans problème de faire un cheque de 1 500 lires à madame Erlynne pour qu'elle continue à se taire. En échange, celle-ci lui donne la photographie de mode de sa femme en gage de son silence. En sortant, lord Windermere voit le chagrin de madame Erlynne. Dans un mouvement généreux il lui restitue la photographie de sa fille ramenant ainsi le sourire de celle-ci qui n'oublie cependant pas de mettre cette photographie compromettante sous clé.

Sur le champ de courses, Edith Erlynne est sujette à tous les commérages et toutes les jumelles des spectateurs sont braquées sur elle. Lord Windermere essaie maladroitement de la défendre ce qui suscite l'ironie discrète de Lord Darlington.. et n'empêche pas Lord Augustus Lorton de s'amouracher de la belle Edith.

Il la poursuit jusque chez elle et devient rapidement un de ses intimes. Il est malade de jalousie le jour où il découvre les cendres d'un cigare dans le salon de madame Erlynne. Celle-ci finit par lui faire admettre qu'il s'agit de l'un des siens. Augustus Lorton finit par accepter l'idée d'épouser madame Erlynne.

L'anniversaire de Lady Windermere promet d'être somptueux. Son mari lui offre dès le matin de somptueux bijoux et un éventail de grand prix. Il regrette de s'absenter comme arrive alors Lord Darlington. Lady Windermere se place près de la fenêtre pour faire admirer ses bijoux. Elle voit alors son mari renoncer à prendre sa voiture pour s'éloigner un peu plus loin pour prendre un taxi. Lord Darlington lui fait remarquer que lorsqu'un mari renvoie son chauffeur pour prendre un taxi, on sait ce que cela signifie. Lady Windermere refuse de croire cela et Lord Darlington lui demande alors de fouiller dans les papiers de son mari afin de voir s'il n'y aurait pas un chèque à l'ordre de madame Erlynne. "Ce que je fais là n'est pas très correct, s'excuse-t-il, mais je vous aime."

Pendant ce temps madame Erlynne demande à lord Windermere de l'inviter pour la soirée d'anniversaire. Celui-ci refuse d'abor puis accepte les raisons présentées par sa belle-mère : cette invitation sera comme un gage de respectabilité qui permettre à lord Lorton de l'épouser.

Lorsqu'il rentre chez lui, Lord Windermere découvre sa femme en colère ayant fouillé ses tiroirs et découvert le chèque de 1 500 lires. Son mari refuse d'en expliquer la raison et lui demande de lui faire confiance ainsi qu'à madame Erlynne. Lady Windermere se saisit de l'éventail offert par son mari le matin et promet de s'en servir pour gifler madame Erlynne si elle vient à sa soirée.

Madame Erlynne attend impatiemment le carton d'invitation pour la soirée et effectivement un valet vient lui remettre une lettre des Windermere. Lorsqu'elle arrive chez ceux-ci, les majordomes s'étonnent de cette arrivée scandaleuse et vérifient... qu'elle n'est pas sur la liste des invités. Dans sa précipitation madame Erlynne n'avait pas vérifié le contenu de la lettre : ce n'était pas une invitation mais une un mot d'excuse l'enjoignant de ne pas venir suite à la fureur de sa fille. Madame Erlynne aperçoit heureusement Lord Lorton qui la fait entrer à la barbe des majordomes.

Durant la soirée, les doutes sur la fidélité de son mari s'amplifient pour lady Windermere qui croit voir celui-ci embrasser madame Erlynne derrière un buisson.. Alors que le baiser n'était que celui du très énamourée Lord Lorton. Désespérée par la certitude que son mari la trompe, lady Windermere décide de partir chez Lord Darlington qui dès son retour de sa fête embarquera pour l'étranger. Madame Erlynne a vu sa fille s'enfuir et a découvert le mot d'adieu qu'elle adresse à son mari. Elle a toutes les peines du monde à faire croire à celui-ci que sa femme est souffrante et qu'il ne faut pas la réveiller et elle file à sa poursuite chez Lord Darlington. Là elle lui explique qu'elle est au courant de tout et qu'elle commettrait une terrible faute en provoquant un scandale qui l'exclurait de la société. Elle en fit elle-même jadis les frais.

Convaincue qu'il n'a rien entre Edith et son mari, lady Windermere accepte de rentrer discrètement chez elle. Les deux femmes ne peuvent toutefois pas sortir car toute la bonne société masculine a suivi lord Darlington de chez les Windermere jusqu'à chez lui pour fêter son départ. Edith et lady Windermere se précipitent dans une pièce reculée, lorsque celle-ci s'aperçoit qu'elle a oublié son éventail sur un des divans du salon.

Lorsque l'un des hommes ne se gêne pas pour montrer à l'assemblée l'objet du scandale, c'est Edith Erlynne qui franchit la porte et assume devant tous d'être la maîtresse de lord Darlington lui ôtant ainsi toute chance d'épouser Lord Lorton.

Le lendemain alors que les époux sont réconciliés, chacun ayant gardé son secret. Edith Erlynne vient faire ses adieux à celle qui ne saura jamais qu'elle est sa mère.

En sortant, Edith Erlynne croise lord Lorton qui l'évite. Elle en sourit puis revient vers lui en lui déclarant tout de go : "Sachez qu'hier j'ai trouvé votre attitude scandaleuse"! Lord Lorton, intrigué, se précipite alors à ses trousses pour en savoir davantage... peut-être n'est-il pas perdu pour elle.

Tour à tour cadeau, arme pour souffler une rivale puis indice de l'adultère et enfin objet chéri qui rachète l'abandon ancien de l'enfant, l'éventail de lady Windermere figurerait en bonne place au palmarès des objets culte d'un futur musée Lubitsch.

Marc Cerisuelo rappelle, dans le DVD ci-dessous, que Lubitsch est un cinéaste de la tradition orale : il raconte l'histoire des pièces qu'il veut adapter et interdit à ses scénaristes de les lire. C'est donc une réinvention complète des gestes et attitudes de la brillante, et évidemment très dialoguée, comédie d'Oscar Wilde qui nous est proposé. Le film comporte en effet très peu de cartons d'intertitres. Chacun d'eux vaut pour la force de ce qui y est écrit alors que ce sont ensuite les gestes, les attitudes ou l'espace qui dessinent ce qu'il faut raconter. Ainsi du "I love you" de Lord Darlington avec un plan rapproché puis un plan large qui va saisir, l'homme qui s'éloigne d'elle, ne se rapproche pas trop de nous, s'assoie sur un fauteuil pour exprimer son impossible amour.

Sur le champ de course, Lady Erlynne s'expose aux regards, aux jumelles comme si, en permettant à cette société de la regarder et de la condamner, elle renvoyait aussi cette société puritaine et mesquine à sa propre hypocrisie.

Lubitsch est le maître de la comédie des erreurs. Il travaille autour d'un secret, que certains connaissent et d'autres non. Lord Darlington croit, en voyant l'enveloppe de Edith Erlynne chez Lord Windermere que celle-ci est sa maitresse. Il le dira ensuite, en toute bonne foi, à lady Windermere. Celle-ci voit ses doutes confirmés, moins ne voyant le talon du chèque, qu'en croyant voir, derrière un buisson, un homme embrasser Edith Erlynne. Enfin tous les hommes de la bonne société croient lady Windermere la maitresse de Lord Darlington en voyant son éventail chez lui et croient ensuite que c'est Edith Erlynne lorsqu'elle s'en empare.

A la différence des personnages, le spectateur connaît tout des secrets et méprises des protagonistes. Lubitsch prend toujours soin de nous éclairer sur la réalité de la situation chacun d'eux. Ainsi dans la scène du jardin ou lady Windermere voit Edith Erlynne en train de se faire courtiser par un homme, qu'on ne voit pas car caché derrière un massif. Lubitsch nous fait comprendre qu'elle prend cet homme pour son mari. Mais dès son départ Lubitsch nous montre par un contre-champ le point de vue opposé qui révèle qu'elle n'est courtisée que par lord Lorton.

Les personnages ne savent pas interpréter ce qui se passe ; ils prennent des images partielles ou incomplètes pour la vérité ce que le spectateur interprète comme des indices de manque.

Test du DVD

Editeur : Editions Montparnasse. Septembre 2010. Master restauré.

DVD

Suppléments :

  • Ernst Lubitsch, le patron (52 mn). Entretiens de N. T. Binh avec Jean-Loup Bourget, Marc Cerisuelo...
  • Oscar Wilde de la scène à l'écran (7mn)
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