Apollo 10 1/2 : Les fusées de mon enfance

2021

(Apollo 10 1/2: A Space Age Adventure). Avec : Milo Coy (Stan), Jack Black (voix ce Stan adulte), Lee Eddy (La mère), Bill Wise(Le père), Natalie L'Amoreaux (Vicky), Josh Wiggins (Steve), Jessica Brynn Cohen (Jana), Sam Chipman (Greg), Danielle Guilbot (Stephanie), Zachary Levi (Kranz), Glen Powell (Bostick). 1h37.

Stan, 51 ans, raconte sa vie de petit garçon de dix ans à Houston, en 1969. L'été de cet année-là, l'incroyable épopée des missions Apollo, lancée huit ans plus tôt par John Fitzgerald Kennedy, va s'incarner avec les premiers pas de Neil Armstrong sur la lune. Stan se sent bien dans sa famille de six enfants dont il est le petit dernier. Il se sent bien dans sa ville dont il partage les rêves intergalactiques jusqu'à s'imaginer embarquer pour une mission qui testera l'alunissage. Il aurait été sélectionné pour effectuer, dans le plus grand secret, un premier voyage sur la lune dans un module trop étroit pour un adulte.

L'époque est inconsciente des dangers de la pollution, de l'insécurité routière, des tensions mondiales, du Viêt-nam à la guerre froide. Elle profite pleinement de la société de consommation. Les parents progressistes bénéficient des premiers pas vers le contrôle des naissances contrairement aux voisins dont la famille s'agrandit d'un bébé tous les ans. Le dynamisme est partout pour améliorer la vie de famille : le père récupère du contreplaqué pour une table de ping-pong ; la mère prépare les sandwich des six enfants pour la semaine, s'émerveille des nouvelles recettes dessert en gélatine; une grand-mère initie aux théorie du complot l'autre amène les enfants voir 2001 : l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968) ou revoir La mélodie du bonheur (Robert Wise, 1965). Grâce à la soeur aînée, Vicky, un peu de conscience politique et de pop culture initie à l'adolescence: Pochettes de disque, séries télévisées, films, actualités

Inspiré de la vie du cinéaste Richard Linklater, Apollo 10 1/2 : Les fusées de mon enfance dresse un portrait de la vie aux États-Unis dans les années 60, entre passage à l'âge adulte, regard sur la société et aventure fantasmée.

Linklater recourt pour la troisième fois à la technique d’animation rotoscopique. Aux prises de vues réelles se superposent ensuite des dessins travaillés image par image. L'ensemble ne propose pas comme les fois précédentes (Waking Life, en 2001, et A Scanner Darkly, en 2006) un imaginaire fantastique. C'est bien davantage un catalogue de souvenirs et de sensations de la pop culture : paquet de céréales, boîtes de conserve, pochettes de disques, virées en pick-up, show télévisés, parc d'attractions...

Il faut tout le regard adulte rétrospectif pour comprendre que cette bulle de bonheur était aussi merveilleuse, que fragile, liée à une époque. L'Amérique pouvait alors croire atteindre toujours plus de bonheur, s'identifiant à Neil Armstrong posant le pied sur la lune, et se débrouillant très bien, comme le héros du film, avec ses mensonges.

Jean-Luc Lacuve, le 14 juillet 2022.